POÉSIES INÉDITES MÉLANGES |
ÉLÉGIE |
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Un jour, écoute… un jour, j’étais bien malheureuse ! |
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Je marchais, je traînais une tristesse affreuse, |
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À travers la distance, et les monts et les bois, |
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Et l’air, qui m’empêchait de ressaisir ta voix, |
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Je te reconnaissais. Obstinée à t’attendre, |
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Mon âme me disait : « Parle ! il va nous entendre ; |
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Parle ! ou, sans toi, vers lui laisse-moi m’échapper. |
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De silence et de pleurs pourquoi m’envelopper ? |
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Ah ! je veux mes amours ! Le feu cherche la flamme ; |
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L’âme demande l’âme ; |
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Et toi, tu veux mourir ! La cendre de l’orgueil |
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Se répand sur tes jours et m’éteint dans le deuil. |
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De ton timide cœur brûlante prisonnière, |
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Je consume ta vie, et j’appelle les cieux : |
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Regarde ! Ils sont là-bas, dans ses traits, dans ses yeux. |
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Rends-les moi ! Cette grâce, au moins, c’est la première. » |
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« — Oh ! taisez-vous, mon âme, il n’y faut plus songer. |
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Qu’il ignore à jamais ce délire funeste ! |
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Dans de folles amours, qui ? moi le replonger ? |
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Moi, troubler son bonheur ? C’est celui qui me reste ! » |
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Et je ne donnai plus de voix à mes douleurs ; |
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De ton séjour heureux je détournai la vue ; |
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La prière m’offrit sa douceur imprévue ; |
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Je respirai d’attendre, et je fondis en pleurs. |
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Dieu m’écouta peut-être : une larme le touche ; |
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Il savait bien le nom que retenait ma bouche ; |
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Et c’est lui qui permet que, sans nous rencontrer, |
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Ton image partout vienne à moi se montrer ; |
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Partout !… Tu m’apparais jusque dans ton enfance ; |
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Je te vois rire, à la vie, à tes jeux ; |
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Si quelque objet blesse tes jeunes yeux, |
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Je suis ton guide, et je prends ta défense ; |
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Je m’agenouille au pied de ton berceau ; |
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Adolescent, je te suis dans ta course. |
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Ainsi, le pâtre aime à trouver la source |
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D’où échappa son ami, le ruisseau ! |
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Dans les vallons où vivait ma famille, |
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Je sens tes jours couler près de mes jours ; |
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Tu n’y descends que pour une humble fille, |
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Et nos deux noms se répondent toujours ! |
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Au vieux calvaire où mouraient mes guirlandes, |
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Nos vœux unis vont se réfugier ; |
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Je t’associe à mes pures offrandes ; |
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Ton bras m’enlace, et je t’entends prier. |
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Parfois l’Amour, d’un flambeau plus austère, |
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De l’avenir dissipe le brouillard. |
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Tu m’es rendu sous les traits d’un vieillard ; |
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Pour l’amour vrai, le temps est sans mystère. |
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Vieillard, je t’aime ! Un charme déchirant |
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Me fait chercher la main qui m’a blessée ; |
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Elle me touche… elle n’est point glacée. |
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Et sur mon sein je la presse en pleurant. |
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Qui voudrait m’arracher ces tendres rêveries, |
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Où tes regards émus, sur les miens attachés, |
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Relisent nos secrets dans mon âme cachés ! |
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Où ma main dans tes mains brûlantes et chéries |
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Tombe, et reste longtemps, comme si le bonheur |
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Les unissait encore et remplissait mon cœur ! |
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