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P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
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Marceline DESBORDES-VALMORE
POÉSIES
1830
POÉSIES DIVERSES
LE PETIT MENTEUR
Venez bien près, plus près, qu’on ne puisse m’entendre : 6+6 a
Un bruit vole sur vous, mais qu’il est peu flatteur ! 6+6 b
Votre mère en est triste ; elle vous est si tendre ! 6+6 a
On dit, mon cher amour, que vous êtes menteur. 6+6 b
5 Au lieu d’apprendre en paix la leçon qu’on vous donne, 6+6 a
Vous faites le plaintif, vous traînez votre voix, 6+6 b
Et vous criez très haut : « Hé ! ma bonne ! ma bonne ! » 6+6 a
L’écho, qui me dit tout, m’en a parlé deux fois. 6+6 b
Vous avez effrayé cette bonne attentive, 6+6 a
10 Et, pour vous secourir, 6 b
Près de vous, toute pâle, on l’a vue accourir. 6+6 b
Hélas ! vous avez ri de sa bonté craintive, 6+6 a
Enfant ! vous avez ri ! quelle douleur pour nous ! 6+6 a
On ne croira donc plus à vos jeunes alarmes ! 6+6 b
15 Si j’avais eu ce tort, j’irais à deux genoux 6+6 a
Lui demander pardon d’avoir ri de ses larmes, 6+6 b
J’irais… Ne pleurez pas ; causons avant d’agir ; 6+6 a
Écoutez une histoire, et jugez-la vous-même : 6+6 b
Cachez-vous cependant sur ce cœur qui vous aime ; 6+6 b
20 Je rougis de vous voir rougir. 8 a
« Au loup ! au loup ! à moi ! » criait un jeune pâtre ; 6+6 a
Et les bergers entr’eux suspendaient leurs discours. 6+6 b
Trompé par les clameurs du rustique folâtre, 6+6 a
Tout venait, jusqu’aux chiens, tout volait au secours. 6+6 b
25 Ayant de tant de cœurs éveillé le courage, 6+6 a
Tirant l’un du sommeil, et l’autre de l’ouvrage, 6+6 a
Il se mettait à rire, il se croyait bien fin : 6+6 a
« Je suis loup » disait-il. Mais attendez la fin. 6+6 a
Un jour que les bergers, au fond d’une vallée, 6+6 a
30 Appelant la gaîté sur leurs aigres pipeaux, 6+6 b
Confondaient leurs repas, leurs chansons, leurs troupeaux, 6+6 b
Et de leurs pieds, joyeux, pressaient l’herbe foulée : 6+6 a
« Au loup ! au loup ! à moi ! » dit le jeune garçon ; 6+6 a
« Au loup ! » répéta-t-il d’une voix lamentable. 6+6 b
35 Pas un n’abandonna la danse ni la table : 6+6 b
« Il est loup, dirent-ils, à d’autres la leçon ! » 6+6 a
Et toutefois le loup dévorait la plus belle 6+6 a
De ses belles brebis ; 6 b
Et, pour punir l’enfant qu’il traitait de rebelle, 6+6 a
40 Il lui montrait les dents, et rompait ses habits ; 6+6 b
Et le pauvre menteur, élevant ses prières, 6+6 a
N’attristait que l’écho ; ses cris n’amenaient rien. 6+6 b
Tout riait, tout dansait au loin sur les bruyères. 6+6 a
« Eh quoi ! pas un ami, dit-il, pas même un chien ! » 6+6 b
45 On ajoute, et vraiment, c’est pitié de le croire, 6+6 a
Qu’il serrait la brebis dans ses deux bras tremblants ; 6+6 b
Et, quand il vint en pleurs raconter son histoire, 6+6 a
On vit que ses deux bras étaient nus et sanglants, 6+6 b
« Il ne ment pas, dit-on, il tremble ! il saigne ! il pleure ! 6+6 a
50 Quoi ! c’est donc vrai, Colas ? » Il s’appelait Colas. 6+6 b
« Nous avons bien ri tout-à-l’heure ; 8 a
Et la brebis est morte ! elle est mangée… hélas ! » 6+6 b
On le plaignit. Un rustre, insensible à ses larmes, 6+6 a
Lui dit : « Tu fus menteur, tu trompas notre effroi : 6+6 b
55 Or, s’il m’avait trompé, le menteur, fût-il roi, 6+6 b
Me crierait vainement aux armes. » 8 a
Et vous n’êtes pas roi, mon ange, et vous mentez ! 6+6 a
Ici, pas un flatteur dont la voix vous abuse ; 6+6 b
Vous n’avez point d’excuse. 6 b
60 Quand vous aurez perdu tous les cœurs révoltés, 6+6 a
Vous ne direz qu’à moi votre souffrance amère, 6+6 a
Car on ne ment pas à sa mère. 8 a
Tout s’enfuira de vous, j’en pleurerai tout bas ; 6+6 a
Vous n’aurez plus d’amis, je n’aurai plus de joie. 6+6 b
65 Que ferons-nous alors ? Oh ! ne vous cachez pas ! 6+6 a
Prenez un peu courage, enfant, que je vous voie ! 6+6 b
Vous me touchez le cœur, j’y sens votre pardon ; 6+6 a
Allez, petit chéri, ne trompez plus personne, 6+6 b
Soyez sage, aimez Dieu, je crois qu’il vous pardonne ; 6+6 b
70 Il est père, il est bon ! 6 a
mètre profils métriques : 6, 8, 6+6
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