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Marceline DESBORDES-VALMORE
POÉSIES
1830
POÉSIES DIVERSES
L’HIRONDELLE ET LE ROSSIGNOL
À M. ARNAUD
Prête à s’élancer, joyeuse, 7 a
Aux libres plaines des cieux, 7 b
L’Hirondelle voyageuse 7 a
À la saison pluvieuse 7 a
5 Jetait un long cri d’adieu. 7 b
Sous un chêne solitaire 7 a
Elle entend le rossignol ; 7 b
Sa voix lui fut toujours chère ; 7 a
Et la jeune passagère 7 a
10 Écoute, et suspend son vol. 7 b
Elle recueille, attentive, 7 a
L’accent qui cherche le cœur ; 7 b
Mais ce chant qui la captive, 7 a
Dans sa mesure moins vive, 7 a
15 N’exprime plus le bonheur ! 7 b
« À quoi rêvez-vous, dit-elle ? 7 a
Les zéphyrs sont au beau temps ; 7 b
Sur la rive maternelle 7 a
Le doux printemps vous appelle ; 7 a
20 N’aimez-vous plus le printemps ? 7 b
— Sauvez-vous, pauvre petite, 7 a
Sans me demander pourquoi 7 b
J’ai choisi ce sombre gîte : 7 a
L’oiseleur, qu’en vain j’évite, 7 a
25 Vous l’apprendrait mieux que moi. » 7 b
Alors autour du grand chêne 7 a
Elle entrevoit des réseaux ; 7 b
Gémissante et hors d’haleine, 7 a
Elle veut briser la chaîne 7 a
30 Du roi des petits oiseaux. 7 b
« Vous n’êtes pas assez forte, 7 a
Dit-il ; mais consolez-vous. 7 b
Du monde il faut que tout sorte ; 7 a
Dieu n’y plaça qu’une porte, 7 a
35 Et la Mort l’ouvre pour tous. 7 b
Sur cette plage étrangère, 7 a
Égales à leur réveil, 7 b
Et la reine et la bergère, 7 a
Sous le marbre et la fougère, 7 a
40 Dorment du même sommeil. 7 b
Sous cette loi simple et juste 7 a
On voit passer tour à tour 7 b
L’oiseleur, l’oiseau, l’arbuste, 7 a
Les rois et leur race auguste : 7 a
45 J’y passerai donc un jour. 7 b
Mais des rois l’ombre incertaine 7 a
Demande grâce souvent 7 b
Au destin qui les entraîne : 7 a
L’oiseau blessé qui s’y traîne 7 a
50 Se repose en arrivant. 7 b
Là, de la flèche empennée 7 a
Tous les traits sont amortis ; 7 b
Et la mère infortunée, 7 a
Libre, et désemprisonnée, 7 a
55 Chante auprès de ses petits ! 7 b
Si votre pitié naïve 7 a
Ne craint pas de nouveaux pleurs, 7 b
Cherchez, au bord de la rive, 7 a
Une feuille fugitive 7 a
60 Où sont gravés mes malheurs . » 7 b
Sous l’ombre mystérieuse 7 a
La feuille alors murmura ; 7 b
Et, longtemps silencieuse, 7 a
Plus triste que curieuse, 7 a
65 L’Hirondelle soupira. 7 b
« Adieu donc, s’écria-t-elle, 7 a
Puisqu’il faut partir sans vous ! 7 b
Puisse une feuille nouvelle, 7 a
Quelque jour, à l’Hirondelle 7 a
70 Révéler un sort plus doux ! » 7 b
mètre profil métrique : 7
forme globale type : suite périodique
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