Métrique en Ligne
a voyelle stable
er voyelle ambigüe
e "e" masculin
e "e" féminin
e "e" élidé
e "e" ignoré
e "e" écarté
12 longueur métrique
6-6 mètre
DEL_1/DEL4
Jacques DELILLE
Les Jardins
ou
L’Art d’embellir les paysages
1782
CHANT QUATRIÈME
Non, je ne puis quitterle spectacle des champs. 6+6 a
Eh ! qui dédaigneraitce sujet de mes chants : 6+6 a
Il inspirait Virgile,il séduisait Homère. 6+6 b
Homère, qui d’Achillea chanté la colère, 6+6 b
5 Qui nous peint la terreurattelant ses coursiers, 6+6 a
Le vol sifflant des dards,le choc des boucliers, 6+6 a
Le trident de Neptuneébranlant les murailles, 6+6 b
Se plt à rappelerau milieu des batailles 6+6 b
Les bois, les prés, les champs ;et de ces frais tableaux 6+6 a
10 Les riantes couleursdélassent ses pinceaux. 6+6 a
Et, lorsque pour Achilleil prépare des armes, 6+6 b
S’il y grave d’abordles sièges, les alarmes, 6+6 b
Le vainqueur tout poudreux,le vaincu tout sanglant, 6+6 a
Sa main trace bientôtd’un burin consolant 6+6 a
15 La vigne, les troupeaux,les bois, les pâturages. 6+6 b
Le héros se revêtde ces douces images, 6+6 b
Part, et porte à traversles affreux bataillons 6+6 a
L’innocente vendange,et les riches moissons. 6+6 a
Chantre divin, je laisseà tes muses altières 6+6 b
20 Le soin de dirigerces phalanges guerrières ; 6+6 b
Diriger les jardinsest mon paisible emploi. 6+6 a
Déjà le sol docilea reconnu ma loi ; 6+6 a
Des gazons l’ont couvert,et de sa main vermeille 6+6 b
Flore sur leur tapisa versé sa corbeille. 6+6 b
25 Des bois ont couronnéles rochers et les eaux. 6+6 a
Maintenant, pour jouirde ces brillants tableaux, 6+6 a
Dans ces champs découverts,sous ces obscures vtes 6+6 b
D’agréables sentiersvont me frayer des routes. 6+6 b
Des scènes à ma voixntront de toutes parts ; 6+6 a
30 Pour les orner enfinj’y conduirai les arts, 6+6 a
Et le ciseau divin,la noble architecture 6+6 b
Vont de ces lieux charmantsachever la parure. 6+6 b
Les sentiers, de nos pasguides ingénieux, 6+6 a
Doivent, en les montrant,nous embellir ces lieux. 6+6 a
35 Dans vos jardins naissantsje défends qu’on les trace. 6+6 b
Dans vos plants achevésl’œil choisit mieux leur place. 6+6 b
Vers les plus beaux aspectssachez les diriger. 6+6 a
Voyez, lorsque vous-mêmeaux yeux de l’étranger 6+6 a
Vous montrez vos travaux,votre art avec adresse 6+6 b
40 Va chercher ce qui plt,évite ce qui blesse, 6+6 b
Lui découvre en passantdes sites enchantés, 6+6 a
Lui réserve au retourde nouvelles beautés, 6+6 a
De surprise en surpriseet l’amuse, et l’entrne, 6+6 b
D’une scène qui fuitfait ntre une autre scène, 6+6 b
45 Et toujours remplissantou piquant son désir, 6+6 a
Souvent, pour l’augmenter,diffère son plaisir. 6+6 a
Eh bien ! que vos sentiersvous imitent vous-même. 6+6 b
Dans leurs formes encorfuyez tout vain système, 6+6 b
Enfant du mauvais gt,par la mode adopté. 6+6 a
50 La mode règne aux champs,ainsi qu’à la cité. 6+6 a
Quand de leur symétriqueet pompeuse ordonnance 6+6 b
Les jardins d’Italieeurent charmé la France, 6+6 b
Tout de cet art brillantfut prompt à s’éblouir : 6+6 a
Pas un arbre au cordeaun’osa désobéir ; 6+6 a
55 Tout s’aligna. Partout,en deux rangs étalées, 6+6 b
S’allongèrent sans find’éternelles allées. 6+6 b
Autre temps, autre gt.Enfin le parc anglais 6+6 a
D’une beauté plus libreavertit le français. 6+6 a
Dès lors on ne vit plusque lignes ondoyantes, 6+6 b
60 Que sentiers tortueux,que routes tournoyantes. 6+6 b
Lassé d’errer, en vainle terme est devant moi ; 6+6 a
Il faut encor errer,serpenter malgré soi, 6+6 a
Et, maudissant vingt foisvotre importune adresse, 6+6 b
Suivre sans cesse un butqui recule sans cesse. 6+6 b
65 Évitez ces excès ;tout excès dure peu. 6+6 a
De ces sentiers diverschaque genre a son lieu. 6+6 a
L’un conduit aux aspectsdont la grandeur frappante 6+6 b
De loin fixe mes yeuxet nourrit mon attente. 6+6 b
L’autre m’égareradans ces réduits secrets 6+6 a
70 Qu’un art mystérieuxsemble voiler exprès. 6+6 a
Mais rendez naturelce Dédale factice. 6+6 b
Qu’il ait l’air du besoin,et non pas du caprice. 6+6 b
Que divers accidentsrencontrés dans son cours, 6+6 a
Les bois, les eaux, le solcommandent ces détours. 6+6 a
75 Dans leur forme j’exigeune heureuse souplesse. 6+6 b
Des longs alignementssi je hais la tristesse, 6+6 b
Je hais bien plus encorle cours embarrassé 6+6 a
D’un sentier qui, pareilà ce serpent blessé, 6+6 a
En replis convulsifssans cesse s’entrelace, 6+6 b
80 De détours redoublésm’inquiète, me lasse, 6+6 b
Et, sans variété,brusque et capricieux, 6+6 a
Tourmente et le terrain,et mes pas et mes yeux. 6+6 a
Il est des plis heureux,des courbes naturelles 6+6 b
Dont les champs quelquefoisvous offrent des modèles. 6+6 b
85 La route de ces chars,la trace des troupeaux 6+6 a
Qui d’un pas négligentregagnent les hameaux, 6+6 a
La bergère indolente,et qui dans les prairies 6+6 b
Semble suivre au hasardses tendres rêveries, 6+6 b
Vous enseignent ces plismollement onduleux. 6+6 a
90 Loin donc de vos sentiersces contours anguleux. 6+6 a
Surtout, quand vers le butun long détour vous mène, 6+6 b
Songez que le plaisirdoit racheter la peine. 6+6 b
Des poètes fameuxosez imiter l’art. 6+6 a
Si leur muse en marchantse permet quelque écart, 6+6 a
95 Ce détour me rit plusque le chemin lui-même. 6+6 b
C’est Nisus défendantEuryale qu’il aime, 6+6 b
C’est au tombeau d’Hectorson Andromaque en pleurs. 6+6 a
Qu’ainsi votre art m’égareen de douces erreurs. 6+6 a
Des plus riants objetségayez le passage, 6+6 b
100 Et qu’au terme arrivésvotre art nous dédommage, 6+6 b
Par d’aimables aspects,de riches ornements, 6+6 a
De ce vivant poèmeépisodes charmants. 6+6 a
Ici, vous m’offrirezdes antres verts et sombres, 6+6 b
Qu’habitent la frcheur,le silence et les ombres. 6+6 b
105 L’imaginationy devance les yeux. 6+6 a
Plus loin, c’est un beau lacqui réfléchit les cieux. 6+6 a
Tantôt, dans le lointainconfuse et fugitive, 6+6 b
Se déploie une richeet vaste perspective. 6+6 b
Quelquefois un bosquetriant, mais recueilli, 6+6 a
110 Par la nature et vousà la fois embelli, 6+6 a
Plein d’ombres et de fleurs,et d’un luxe champêtre, 6+6 b
Semble dire : « Arrêtez ; pouvez-vous mieux être ? » 6+6 b
Soudain la scène change :au lieu de la gaieté, 6+6 a
C’est la mélancolieet la tranquillité, 6+6 a
115 C’est le calme imposantdes lieux sont nourries 6+6 b
La méditation,les longues rêveries. 6+6 b
Là, l’homme avec son cœurrevient s’entretenir, 6+6 a
Médite le présent,plonge dans l’avenir, 6+6 a
Songe aux biens, songe aux mauxépars dans sa carrière ; 6+6 b
120 Quelquefois, rejetantses regards en arrière, 6+6 b
Se plt à distinguerdans le cercle des jours 6+6 a
Ce peu d’instants, hélas !et si chers et si courts, 6+6 a
Ces fleurs dans un désert,ces temps le ramène 6+6 b
Le regret du bonheur,et même de la peine. 6+6 b
125 Craignez donc d’imiterces froids décorateurs 6+6 a
Qui ne veulent jamaisque des objets flatteurs. 6+6 a
Jamais rien de hardidans leurs froids paysages : 6+6 b
Partout de frais berceauxet d’élégants bocages. 6+6 b
Toujours des fleurs, toujoursdes festons ; c’est toujours 6+6 a
130 Ou le temple de Flore,ou celui des Amours. 6+6 a
Leur gaieté monotoneà la fin m’importune. 6+6 b
Mais vous, osez sortirde la route commune. 6+6 b
Inventez, hasardezdes contrastes heureux ; 6+6 a
Des effets opposéspeuvent s’aider entre eux. 6+6 a
135 Imitez le Poussin.Aux fêtes bocagères 6+6 b
Il nous peint des bergerset de jeunes bergères, 6+6 b
Les bras entrelacésdansant sous des ormeaux, 6+6 a
Et près d’eux une tombe sont écrits ces mots : 6+6 a
Et moi, je fus aussipasteur dans l’Arcadie. 6+6 b
140 Ce tableau des plaisirs,du néant de la vie, 6+6 b
Semble dire : « Mortels,hâtez-vous de jouir ; 6+6 a
Jeux, danses et bergers,tout va s’évanouir ». 6+6 a
Et dans l’âme attendrie,à la vive allégresse 6+6 b
Succède par degrésune douce tristesse. 6+6 b
145 Imitez ces effets.Dans de riants tableaux 6+6 a
Ne craignez point d’offrirdes urnes, des tombeaux, 6+6 a
D’offrir de vos douleursle monument fidèle. 6+6 b
Eh ! qui n’a pas pleuréquelque perte cruelle ? 6+6 b
Loin d’un monde légervenez donc à vos pleurs, 6+6 a
150 Venez associerles bois, les eaux, les fleurs. 6+6 a
Tout devient un amipour les âmes sensibles ; 6+6 b
Déjà, pour l’embrasserde leurs ombres paisibles, 6+6 b
Se penchent sur la tombe,objet de vos regrets, 6+6 a
L’if, le sombre sapin ;et toi, triste cyprès, 6+6 a
155 Fidèle ami des morts,protecteur de leur cendre, 6+6 b
Ta tige chère au cœurmélancolique et tendre, 6+6 b
Laisse la joie au myrteet la gloire au laurier ; 6+6 a
Tu n’es point l’arbre heureuxde l’amant, du guerrier, 6+6 a
Je le sais ; mais ton deuilcompatit à nos peines. 6+6 b
160 Dans tous ces monumentspoint de recherches vaines. 6+6 b
Pouvez-vous allierdans ces objets touchants 6+6 a
L’art avec la douleur,le luxe avec les champs ? 6+6 a
Surtout ne feignez rien.Loin ce cercueil factice, 6+6 b
Ces urnes sans douleur,que plaça le caprice. 6+6 b
165 Loin ces vains monumentsd’un chien ou d’un oiseau. 6+6 a
C’est profaner le deuil,insulter au tombeau. 6+6 a
Ah ! si d’aucun amivous n’honorez la cendre, 6+6 b
Voyez sous ces vieux ifsla tombe vont se rendre 6+6 b
Ceux qui, courbés pour voussur des sillons ingrats 6+6 a
170 Au sein de la misèreespèrent le trépas. 6+6 a
Rougiriez-vous d’ornerleurs humbles sépultures ? 6+6 b
Vous n’y pouvez graverd’illustres aventures, 6+6 b
Sans doute. Depuis l’aube, le coq matinal 6+6 a
Des rustiques travauxleur donne le signal, 6+6 a
175 Jusques à la veillée, leur jeune famille 6+6 b
Environne avec euxle sarment qui pétille, 6+6 b
Dans les mêmes travauxroulent en paix leurs jours. 6+6 a
Des guerres, des traitésn’en marquent point le cours. 6+6 a
Ntre, souffrir, mourir,c’est toute leur histoire. 6+6 b
180 Mais leur cœur n’est point sourdau bruit de leur mémoire. 6+6 b
Quel homme vers la vie,au moment du départ, 6+6 a
Ne se tourne, et ne jetteun triste et long regard, 6+6 a
À l’espoir d’un regretne sent pas quelque charme, 6+6 b
Et des yeux d’un amin’attend pas une larme ? 6+6 b
185 Pour consoler leur vie,honorez donc leur mort. 6+6 a
Celui qui de son rangfaisant rougir le sort, 6+6 a
Servit son dieu, son roi,son pays, sa famille, 6+6 b
Qui grava la pudeursur le front de sa fille, 6+6 b
D’une pierre moins brutehonorez son tombeau ; 6+6 a
190 Tracez-y ses vertuset les pleurs du hameau ; 6+6 a
Qu’on y lise : Ci-gîtle bon fils, le bon père, 6+6 b
Le bon époux. Souventun charme involontaire 6+6 b
Vers ces enclos sacrésappellera vos yeux. 6+6 a
Et toi qui vins chantersous ces arbres pieux, 6+6 a
195 Avant de les quitter,muse, que ta guirlande 6+6 b
Demeure à leurs rameauxsuspendue en offrande. 6+6 b
Que d’autres dans leurs verscélèbrent la beauté ; 6+6 a
Que leur muse, toujoursivre de volupté, 6+6 a
Ne se montre jamaisqu’un myrte sur la tête, 6+6 b
200 Qu’avec ses chants de joieet ses habits de fête ; 6+6 b
Toi, tu dis au tombeaudes chants consolateurs, 6+6 a
Et ta main la premièrey jeta quelques fleurs. 6+6 a
Mais entrons, il est temps,sous de plus gais ombrages. 6+6 b
L’architecture encoreau fond de ces bocages 6+6 b
205 M’attend, pour les ornerd’édifices charmants. 6+6 a
Ce ne sont plus du deuilles tristes monuments ; 6+6 a
Ce sont d’heureux réduits,qui parmi la verdure 6+6 b
Offrent sous mille aspectsleur riante parure. 6+6 b
Mais j’en permets l’usage,et j’en proscris l’abus. 6+6 a
210 Bannissez des jardinstout cet amas confus 6+6 a
D’édifices divers,prodigués par la mode, 6+6 b
Obélisque, rotonde,et kiosk, et pagode, 6+6 b
Ces bâtiments romains,grecs, arabes, chinois, 6+6 a
Chaos d’architecture,et sans but, et sans choix, 6+6 a
215 Dont la profusionstérilement féconde 6+6 b
Enferme en un jardinles quatre parts du monde. 6+6 b
N’y cherchez pas non plusun oisif ornement, 6+6 a
Et sous l’utilitédéguisez l’agrément. 6+6 a
La ferme, le trésor,le plaisir de son mtre, 6+6 b
220 Réclamera d’abordsa parure champêtre. 6+6 b
Que l’orgueilleux châteaune la dédaigne pas ; 6+6 a
Il lui doit sa richesse ;et ses simples appas 6+6 a
L’emportent sur son luxe,autant que l’art d’Armide 6+6 b
Cède au souris naïfd’une vierge timide. 6+6 b
225 La ferme ! à ce seul nomles moissons, les vergers, 6+6 a
Le règne pastoral,les doux soins des bergers, 6+6 a
Ces biens de l’âge d’or,dont l’image chérie 6+6 b
Plus tant à mon enfance,âge d’or de la vie, 6+6 b
Réveillent dans mon cœurmille regrets touchants. 6+6 a
230 Venez ; de vos oiseauxj’entends déjà les chants ; 6+6 a
J’entends rouler les charsqui trnent l’abondance, 6+6 b
Et le bruit des fléauxqui tombent en cadence. 6+6 b
Ornez donc ce séjour.Mais absurde à grands frais, 6+6 a
N’allez pas érigerune ferme en palais. 6+6 a
235 Élégante à la foiset simple dans son style, 6+6 b
La ferme est aux jardinsce qu’aux vers est l’idylle. 6+6 b
Ah ! par les dieux des champs,que le luxe effronté 6+6 a
De ce modeste lieusoit toujours rejeté. 6+6 a
N’allez pas déguiservos pressoirs et vos granges. 6+6 b
240 Je veux voir l’appareildes moissons, des vendanges. 6+6 b
Que le crible, le van le froment doré 6+6 a
Bondit avec la pailleet retombe épuré, 6+6 a
La herse, les trneaux,tout l’attirail champêtre 6+6 b
Sans honte à mes regardsosent ici partre. 6+6 b
245 Surtout, des animauxque le tableau mouvant 6+6 a
Au-dedans, au-dehorslui donne un air vivant. 6+6 a
Ce n’est plus du châteaula parure stérile, 6+6 b
La grâce inaniméeet la pompe immobile : 6+6 b
Tout vit, tout est peuplédans ces murs, sous ces toits. 6+6 a
250 Que d’oiseaux différentset d’instinct et de voix, 6+6 a
Habitants sous l’ardoise,ou la tuile, ou le chaume, 6+6 b
Famille, nation,république, royaume, 6+6 b
M’occupent de leurs mœurs,m’amusent de leurs jeux ! 6+6 a
À leur tête est le coq,père, amant, chef heureux, 6+6 a
255 Qui, roi sans tyrannie,et sultan sans mollesse, 6+6 b
À son sérail ailéprodiguant sa tendresse, 6+6 b
Aux droits de la valeurjoint ceux de la beauté, 6+6 a
Commande avec douceur,caresse avec fierté, 6+6 a
Et fait pour les plaisirs,et l’empire, et la gloire, 6+6 b
260 Aime, combat, triomphe,et chante sa victoire. 6+6 b
Vous aimerez à voirleurs jeux et leurs combats, 6+6 a
Leurs haines, leurs amours,et jusqu’à leurs repas. 6+6 a
La corbeille à la main,la sage ménagère 6+6 b
À peine a reparu ;la nation légère 6+6 b
265 Du sommet de ses tours,du penchant de ses toits 6+6 a
En tourbillons bruyantsdescend tout à la fois : 6+6 a
La foule avide en cercleautour d’elle se presse ; 6+6 b
D’autres, toujours chasséset revenant sans cesse, 6+6 b
Assiègent la corbeille,et jusques dans la main, 6+6 a
270 Parasites hardis,viennent ravir le grain. 6+6 a
Soignez donc, protégezce peuple domestique. 6+6 b
Que leur logis soit sain,et non pas magnifique. 6+6 b
Que lui font des réduitsrichement décorés, 6+6 a
Le marbre des bassins,les grillages dorés ? 6+6 a
275 Un seul grain de milletleur plairait davantage. 6+6 b
La Fontaine l’a dit.Ô véritable sage ! 6+6 b
La Fontaine, c’est toiqu’il faudrait en ces lieux ; 6+6 a
Chantre heureux de l’instinct,ils t’inspireraient mieux. 6+6 a
Le paon, fier d’étalerl’iris qui le décore, 6+6 b
280 Du dindon rengorgél’orgueil plus sot encore, 6+6 b
Pourraient à nos dépenségayer ton pinceau. 6+6 a
Là, de tes deux pigeonstu verrais le tableau, 6+6 a
Et deux coqs amoureuxà la discorde en proie, 6+6 b
Te feraient dire encore :« Amour, tu perdis Troie » ! 6+6 b
285 Ainsi nous plt la fermeet son air animé. 6+6 a
Mais dans cet autre lieu,quel peuple renfermé 6+6 a
De ses cris inconnusa frappé mes oreilles ? 6+6 b
Là, sont des animaux,étrangères merveilles. 6+6 b
Là, dans un doux exilvivent emprisonnés 6+6 a
290 Quadrupèdes, oiseaux,l’un de l’autre étonnés. 6+6 a
N’allez point rechercherles espèces bizarres. 6+6 b
Préférez les plus beaux,et non pas les plus rares. 6+6 b
Offrez-nous ces oiseauxqui, nés sous d’autres cieux, 6+6 a
Favoris du soleil,brillent de tous ses feux, 6+6 a
295 L’or pourpré du faisan,l’émail de la pintade. 6+6 b
Logez plus richementces oiseaux de parade ; 6+6 b
Eux-mêmes sont un luxe,et puisque leur beauté 6+6 a
Rachète à vos regardsleur inutilité, 6+6 a
De ces captifs brillantsque les prisons soient belles. 6+6 b
300 Surtout ne m’offrez pointces animaux rebelles, 6+6 b
De qui l’orgueil s’indigne,et languit dans nos fers. 6+6 a
Eh quel œil sans regretpeut voir le roi des airs, 6+6 a
L’aigle, qui se jouaitau milieu de l’orage, 6+6 b
Oublier aujourd’huidans une indigne cage 6+6 b
305 La fierté de son vol,et l’éclair de ses yeux ? 6+6 a
Rendez-lui le soleilet la vte des cieux : 6+6 a
Un être dégradéne peut jamais nous plaire. 6+6 b
Mais tandis qu’étalantleur parure étrangère, 6+6 b
Ces hôtes différentssemblent briguer mon choix, 6+6 a
310 Mon odorat charmém’appelle sous ces toits 6+6 a
, de même exiléset ravis à leur terre, 6+6 b
D’étrangers végétauxhabitent sous le verre. 6+6 b
Entourez d’un air douxces frêles nourrissons. 6+6 a
Mais vainqueur des climats,respectez les saisons ; 6+6 a
315 Ne forcez point d’éclore,au sein de la froidure, 6+6 b
Des biens qu’à d’autres tempsdestinait la nature. 6+6 b
Laissez aux lieux flétrispar des hivers constants 6+6 a
Ces fruits d’un faux été,ces fleurs d’un faux printemps ; 6+6 a
Et lorsque le soleilva mûrir vos richesses, 6+6 b
320 Sans forcer ses présents,attendez ses largesses. 6+6 b
Mais j’aime à voir ces toits,ces abris transparents 6+6 a
Receler des climatsles tributs différents, 6+6 a
Cet asile enhardirle jasmin d’Ibérie, 6+6 b
La pervenche frileuseoublier sa patrie, 6+6 b
325 Et le jaune ananaspar ces chaleurs trompé 6+6 a
Vous livrer de son fruitle trésor usurpé. 6+6 a
Motivez donc toujoursvos divers édifices, 6+6 b
Des animaux, des fleursagréables hospices. 6+6 b
Combien d’autres encore,adoptés par les lieux, 6+6 a
330 Approuvés par le gt,peuvent charmer nos yeux ? 6+6 a
Sous ces saules que baigneune onde salutaire, 6+6 b
Je placerais du bainl’asile solitaire. 6+6 b
Plus loin, une cabane, règne la fraîcheur, 6+6 a
Offrirait les filetset la ligne au pêcheur. 6+6 a
335 Vous voyez de ce boisla douce solitude ; 6+6 b
J’y consacre un asileaux muses, à l’étude. 6+6 b
Dans ce majestueuxet long enfoncement 6+6 a
J’ordonne un obélisque,auguste monument. 6+6 a
Il s’élève, et j’écrissur la pierre attendrie : 6+6 b
340 À nos braves marins,mourants pour la patrie. 6+6 b
Ainsi vos bâtiments,vos asiles divers 6+6 a
Ne seront point oisifs,ne seront point déserts. 6+6 a
Au site assortissezleur figure, leur masse. 6+6 b
Que chacun avec gtétabli dans sa place, 6+6 b
345 Jamais trop resserré,jamais trop étendu, 6+6 a
N’éclipse point la scène,et n’y soit point perdu. 6+6 a
Sachez ce qui convientou nuit au caractère. 6+6 b
Un réduit écartédans un lieu solitaire 6+6 b
Peint mieux la solitudeencore et l’abandon. 6+6 a
350 Montrez-vous donc fidèleà chaque expression. 6+6 a
N’allez pas au grand jouroffrir un ermitage. 6+6 b
Ne cachez point un templeau fond d’un bois sauvage ; 6+6 b
Un temple veut partreau penchant d’un coteau. 6+6 a
Son site aérienrépand dans le tableau 6+6 a
355 L’éclat, la majesté,le mouvement, la vie. 6+6 b
Je crois voir un aspectde la belle Ausonie. 6+6 b
Telle est des bâtimentsla grâce et la beauté. 6+6 a
Mais de ces monumentsla brillante gaieté, 6+6 a
Et leur luxe moderne,et leur frche jeunesse, 6+6 b
360 Des antiques débrisvalent-ils la vieillesse ? 6+6 b
L’aspect désordonnéde ces grands corps épars, 6+6 a
Leur forme pittoresqueattache les regards. 6+6 a
Par eux le cours des ansest marqué sur la terre. 6+6 b
Détruits par les volcansou l’orage ou la guerre, 6+6 b
365 Ils instruisent toujours,consolent quelquefois. 6+6 a
Ces masses qui du tempssentent aussi le poids, 6+6 a
Enseignent à céderà ce commun ravage, 6+6 b
À pardonner au sort.Telle jadis Carthage 6+6 b
Vit sur ses murs détruitsMarius malheureux, 6+6 a
370 Et ces deux grands débrisse consolaient entre eux. 6+6 a
Liez donc à vos plantsces vénérables restes. 6+6 b
Et toi, qui m’égarantdans ces sites agrestes, 6+6 b
Bien loin des lieux frayés,des vulgaires chemins, 6+6 a
Par des sentiers nouveauxguides l’art des jardins, 6+6 a
375 Ô sœur de la peinture,aimable poésie, 6+6 b
À ces vieux monumentsviens redonner la vie : 6+6 b
Viens présenter au gtces riches accidents, 6+6 a
Que de ses lentes mainsa dessinés le temps. 6+6 a
Tantôt, c’est une antiqueet modeste chapelle, 6+6 b
380 Saint asile, jadisdans la saison nouvelle, 6+6 b
Vierges, femmes, enfants,sur un rustique autel 6+6 a
Venaient pour les moissonsimplorer l’éternel. 6+6 a
Un long respect consacreencore ces ruines. 6+6 b
Tantôt, c’est un vieux fort,qui, du haut des collines, 6+6 b
385 Tyran de la contrée,effroi de ses vassaux, 6+6 a
Portait jusques au ciell’orgueil de ses créneaux ; 6+6 a
Qui, dans ces temps affreuxde discorde et d’alarmes, 6+6 b
Vit les grands coups de lanceet les nobles faits d’armes 6+6 b
De nos preux chevaliers,des Bayards, des Henris ; 6+6 a
390 Aujourd’hui la moissonflotte sur ses débris. 6+6 a
Ces débris, cette mâleet triste architecture, 6+6 b
Qu’environne une frcheet riante verdure, 6+6 b
Ces angles, ces glacis,ces vieux restes de tours, 6+6 a
l’oiseau couve en paixle fruit de ses amours, 6+6 a
395 Et ces troupeaux peuplantces enceintes guerrières, 6+6 b
Et l’enfant qui se joue combattaient ses pères, 6+6 b
Saisissez ce contraste,et déployez aux yeux 6+6 a
Ce tableau doux et fier,champêtre et belliqueux. 6+6 a
Plus loin, une abbayeantique, abandonnée, 6+6 b
400 Tout à coup s’offre aux yeuxde bois environnée. 6+6 b
Quel silence ! C’est làqu’amante du désert 6+6 a
La Méditationavec plaisir se perd 6+6 a
Sous ces portiques saints, des vierges austères, 6+6 b
Jadis, comme ces feux,ces lampes solitaires 6+6 b
405 Dont les mornes clartésveillent dans le saint lieu, 6+6 a
Pâles, veillaient, brûlaient,se consumaient pour Dieu. 6+6 a
Le saint recueillement,la paisible innocence 6+6 b
Semble encor de ces lieuxhabiter le silence. 6+6 b
La mousse de ces murs,ce dôme, cette tour, 6+6 a
410 Les arcs de ce long cltreimpénétrable au jour, 6+6 a
Les degrés de l’autelusés par la prière, 6+6 b
Ces noirs vitraux, ce sombreet profond sanctuaire 6+6 b
peut-être des cœursen secret malheureux 6+6 a
À l’inflexible autelse plaignaient de leurs nœuds, 6+6 a
415 Et pour des souvenirsencor trop pleins de charmes, 6+6 b
À la religiondérobaient quelques larmes ; 6+6 b
Tout parle, tout émeutdans ce séjour sacré. 6+6 a
Là, dans la solitudeen rêvant égaré, 6+6 a
Quelquefois vous croirez,au déclin d’un jour sombre, 6+6 b
420 D’une Héloïse en pleursentendre gémir l’ombre. 6+6 b
Mettez donc à profitces restes précieux, 6+6 a
Augustes ou touchants,profanes ou pieux. 6+6 a
Mais loin ces monumentsdont la ruine feinte 6+6 b
Imite mal du tempsl’inimitable empreinte, 6+6 b
425 Tous ces temples anciensrécemment contrefaits, 6+6 a
Ces restes d’un châteauqui n’exista jamais, 6+6 a
Ces vieux ponts nés d’hier,et cette tour gothique, 6+6 b
Ayant l’air délabré,sans avoir l’air antique, 6+6 b
Artifice à la foisimpuissant et grossier. 6+6 a
430 Je crois voir cet enfanttristement grimacier, 6+6 a
Qui, jouant la vieillesseet ridant son visage, 6+6 b
Perd, sans partre vieux,les grâces du jeune âge. 6+6 b
Mais un débris réelintéresse mes yeux. 6+6 a
Jadis contemporainde nos simples aïeux, 6+6 a
435 J’aime à l’interroger,je me plais à le croire. 6+6 b
Des peuples et des tempsil me redit l’histoire. 6+6 b
Plus ces temps sont fameux,plus ces peuples sont grands, 6+6 a
Et plus j’admireraices restes imposants. 6+6 a
Ô champs de l’Italie !ô campagnes de Rome, 6+6 b
440 dans tout son orgueilgît le néant de l’homme ! 6+6 b
C’est là que des débrisfameux par de grands noms, 6+6 a
Pleins de grands souvenirset de hautes leçons, 6+6 a
Vous offrent ces aspects,trésors des paysages. 6+6 b
Voyez de toutes parts,comment le cours des âges 6+6 b
445 Dispersant, déchirantde précieux lambeaux, 6+6 a
Jetant temple sur temple,et tombeaux sur tombeaux, 6+6 a
De Rome étale au loinla ruine immortelle ; 6+6 b
Ces portiques, ces arcs, la pierre fidèle 6+6 b
Garde du peuple-roiles exploits éclatants ; 6+6 a
450 Leur masse indestructiblea fatigué le temps. 6+6 a
Des fleuves suspendusici mugissait l’onde ; 6+6 b
Sous ces portes passaientles dépouilles du monde ; 6+6 b
Partout confusémentdans la poussière épars, 6+6 a
Les thermes, les palais,les tombeaux des Césars, 6+6 a
455 Tandis que de Virgile,et d’Ovide, et d’Horace, 6+6 b
La douce illusionnous montre encor la trace. 6+6 b
Heureux, cent fois heureuxl’artiste des jardins, 6+6 a
Dont l’art peut s’emparerde ces restes divins ! 6+6 a
Déjà la main du tempssourdement le seconde ; 6+6 b
460 Déjà sur les grandeursde ces mtres du monde 6+6 b
La nature se pltà reprendre ses droits. 6+6 a
Au lieu même Pompée,heureux vainqueur des rois, 6+6 a
Étalait tant de faste,ainsi qu’aux jours d’Évandre, 6+6 b
La flûte des bergersrevient se faire entendre. 6+6 b
465 Voyez rire ces champsau laboureur rendus, 6+6 a
Sur ces combles tremblantsces chevreaux suspendus, 6+6 a
L’orgueilleux obélisqueau loin couché sur l’herbe, 6+6 b
L’humble ronce embrassantla colonne superbe ; 6+6 b
Ces forêts d’arbrisseaux,de plantes, de buissons, 6+6 a
470 Montant, tombant en grappe,en touffes, en festons, 6+6 a
Par le souffle des ventssemés sur ces ruines ; 6+6 b
Le figuier, l’olivier,de leurs faibles racines 6+6 b
Achèvent d’ébranlerl’ouvrage des romains ; 6+6 a
Et la vigne flexible,et le lierre aux cent mains, 6+6 a
475 Autour de ces débrisrampant avec souplesse, 6+6 b
Semblent vouloir cacherou parer leur vieillesse. 6+6 b
Mais si vous n’avez pasces restes renommés, 6+6 a
N’avez-vous pas du moinsces bronzes animés, 6+6 a
Et ces marbres vivants,déités des vieux âges, 6+6 b
480 l’art seul fut divinet foa les hommages ? 6+6 b
Je sais qu’un gt sévèrea voulu des jardins 6+6 a
Exiler tous ces dieuxdes grecs et des romains. 6+6 a
Et pourquoi ? Dans Athèneet dans Rome nourrie, 6+6 b
Notre enfance a connuleur riante féerie. 6+6 b
485 Ces dieux n’étaient-ils paslaboureurs et bergers ? 6+6 a
Pourquoi donc leur fermervos bois et vos vergers ? 6+6 a
Sans Pomone, vos fruitsoseront-ils éclore ? 6+6 b
De l’empire des fleurspouvez-vous chasser Flore ? 6+6 b
Ah ! que ces dieux toujoursenchantent nos regards ! 6+6 a
490 L’idolâtrie encoreest le culte des arts. 6+6 a
Mais que l’art soit parfait ;loin des jardins qu’on chasse 6+6 b
Ces dieux sans majesté,ces déesses sans grâce. 6+6 b
À chaque déitéchoisissez son vrai lieu. 6+6 a
Qu’un dieu n’usurpe pasles droits d’un autre dieu. 6+6 a
495 Laissez Pan dans les bois.D’ vient que ces Naïades, 6+6 b
Que ces tritons à secse mêlent aux dryades ? 6+6 b
Pourquoi ce Nil en vaincouronné de roseaux, 6+6 a
Et dont l’urne poudreuseest l’abri des oiseaux ? 6+6 a
Ôtez-moi ces lionset ces tigres sauvages : 6+6 b
500 Ces monstres me font peur,même dans leurs images ; 6+6 b
Et ces tristes Césars,cent fois plus monstres qu’eux, 6+6 a
Aux portes des bosquetssentinelles affreux, 6+6 a
Qui tout hideux encorde souons et de crimes, 6+6 b
Semblent encor de l’œildésigner leurs victimes, 6+6 b
505 De quel droit s’offrent-ilsdans ce riant séjour ? 6+6 a
Montrez-moi des mortelsplus chers à notre amour. 6+6 a
En des lieux consacrésà leur apothéose, 6+6 b
Créez un élysée leur ombre repose. 6+6 b
Loin des profanes yeux,dans des vallons couverts 6+6 a
510 De lauriers odorants,de myrtes toujours verts, 6+6 a
En marbre de Parosoffrez-nous leurs images. 6+6 b
Qu’une eau lente se plaiseà baigner ces bocages, 6+6 b
Et qu’aux ombres du soirmêlant un jour douteux, 6+6 a
Diane aux doux rayonssoit l’astre de ces lieux. 6+6 a
515 Leur tranquille beauté,sous ces dais de verdure 6+6 b
De ces marbres chérisla blancheur tendre et pure, 6+6 b
Ces grands hommes, leur calmeet simple majesté, 6+6 a
Cette eau silencieuse,image du Léthé, 6+6 a
Qui semble pour leurs cœursexempts d’inquiétude 6+6 b
520 Rouler l’oubli des mauxet de l’ingratitude, 6+6 b
Ces bois, ce jour mourantsous leur ombrage épais, 6+6 a
Tout des mânes heureuxy respire la paix. 6+6 a
Vous donc, n’y consacrezque des vertus tranquilles. 6+6 b
Loin tous ces conquérantsen ravages fertiles : 6+6 b
525 Comme ils troublaient le monde,ils troubleraient ces lieux. 6+6 a
Placez-y les amisdes hommes et des dieux, 6+6 a
Ceux qui par des bienfaitsvivent dans la mémoire, 6+6 b
Ces rois dont leurs sujetsn’ont point pleuré la gloire. 6+6 b
Montrez-y Fénelonà notre œil attendri ; 6+6 a
530 Que Sully s’y relèveembrassé par Henri. 6+6 a
Donnez des fleurs, donnez ;j’en couvrirai ces sages 6+6 b
Qui, dans un noble exil,sur de lointains rivages 6+6 b
Cherchaient ou répandaientles arts consolateurs ; 6+6 a
Toi surtout, brave Cook,qui, cher à tous les cœurs, 6+6 a
535 Unis par les regretsla France et l’Angleterre ; 6+6 b
Toi qui, dans ces climats le bruit du tonnerre 6+6 b
Nous annonçait jadis,Triptolème nouveau, 6+6 a
Apportais le coursier,la brebis, le taureau, 6+6 a
Le soc cultivateur,les arts de ta patrie, 6+6 b
540 Et des brigands d’Europeexpiais la furie. 6+6 b
Ta voile en arrivantleur annonçait la paix, 6+6 a
Et ta voile en partantleur laissait des bienfaits. 6+6 a
Reçois donc ce tributd’un enfant de la France. 6+6 b
Et que fait son paysà ma reconnaissance ? 6+6 b
545 Ses vertus en ont faitnotre concitoyen. 6+6 a
Imitons notre roi,digne d’être le sien. 6+6 a
Hélas ! de quoi lui sertque deux fois son audace 6+6 b
Ait vu des cieux brûlants,fendu des mers de glace ; 6+6 b
Que des peuples, des vents,des ondes révéré, 6+6 a
550 Seul sur les vastes mersson vaisseau fût sacré ; 6+6 a
Que pour lui seul la guerreoubliât ses ravages ? 6+6 b
L’ami du monde, hélas !meurt en proie aux sauvages. 6+6 b
Vous qui pleurez sa mort,fiers enfants d’Albion, 6+6 a
Imitez, il est temps,sa noble ambition. 6+6 a
555 Pourquoi dans vos égauxcherchez-vous des esclaves ? 6+6 b
Portez-leur des bienfaitset non pas des entraves. 6+6 b
Le front ceint de laurierscueillis par les Français, 6+6 a
La victoire aujourd’huisollicite la paix. 6+6 a
Descends, aimable paix,si longtemps attendue, 6+6 b
560 Descends ; que ta présenceà l’univers rendue, 6+6 b
Embellisse les lieuxqu’ont célébrés mes vers ; 6+6 a
Viens ; forme un peuple heureuxde cent peuples divers. 6+6 a
Rends l’abondance aux champs,rends le commerce aux ondes, 6+6 b
Et la vie aux beaux arts,et le calme aux deux mondes. 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
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