Métrique en Ligne
DEF_1/DEF1
corpus Pamela Puntel
Paul DEFER
LA FRANCE NE MEURT PAS !!
ODE PATRIOTIQUE
1870
LA FRANCE NE MEURT PAS !!
Les verrons-nous enfin, ces Barbares du Nord, 6+6 a
Vils esclaves maudits d'un Roi plus vil encor ? 6+6 a
Les verrons-nous enfin ces conquérants sans gloire, 6+6 b
Qui dans le nombre seul ont trouvé la victoire ? 6+6 b
5 Potentat plein d'orgueil, ministre sans pudeur, 6+6 a
Guerriers dont le grand jour excite la frayeur, 6+6 a
Qui combattez la nuit, rampant dans les broussailles, 6+6 b
Ou le matin, blottis derrière vos murailles, 6+6 b
Montrez-vous au soleil ! face à face, un contre un ! 6+6 a
10 Un contre un ? c'est trop peu, car nous avons chacun 6+6 a
Des frères à venger. Sortez de vos repaires ; 6+6 b
Affrontez le danger, despotes sanguinaires ; 6+6 b
LA POPULACE est prête, elle attend le combat ! 6+6 a
Paris n'est pas encor le peuple qu'on abat 6+6 a
15 En lui criant famine ; il sait prendre les armes 6+6 b
Pour sauver son honneur, et s'il verse des larmes, 6+6 b
S'il pleure un fils aimé par la mort ennobli, 6+6 a
Qu'importe sa douleur, il n'est point affaibli. 6+6 a
Il a dans son histoire une page sublime 6+6 b
20 Qu'il n'a pas oubliée ; et si parfois l'abîme 6+6 b
Entr'ouvert à ses pieds doit l'engloutir bientôt, 6+6 a
Il ne cédera pas, il périra plutôt. 6+6 a
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Alors, Prince insensé, dans la Ville aux cent portes, 6+6 b
Tu ferais chevaucher tes vaillantes cohortes ; 6+6 b
25 Tu foulerais aux pieds nos souvenirs pieux ; 6+6 a
Tu serais Maître et Roi, presque l'égal des dieux ! 6+6 a
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Cela ne sera pas, cela ne doit pas être ! 6+6 b
Après Paris, vieillard, il te faudrait peut-être 6+6 b
Nos ports et nos cités ? La France entière encor, 6+6 a
30 Pour mettre un terme enfin à ton beau rêve d'or ! 6+6 a
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Aux ARMES, CITOYENS ! donnons tous notre vie, 6+6 b
Mais de ce joug sanglant délivrons la patrie ; 6+6 b
Frères, levons-nous tous, le moment a sonné. 6+6 a
Il faut vaincre, et montrer au vieux monde étonné 6+6 a
35 Qu'un Peuple libre est fort, et que ses destinées 6+6 b
Dépendent de lui-même, et non de vingt années 6+6 b
D'un règne avilissant. Sentons battre nos cœurs ! 6+6 a
Sus aux soldats heureux qui parlent en vainqueurs ! 6+6 a
Sus à ce roi débile, oublié de la Parque ! 6+6 b
40 A ce grand chancelier, digne de son monarque ! 6+6 b
A ces hommes sans honte, à ces princes sans foi, 6+6 a
Qui croient briser la France en nous dictant leur loi ! 6+6 a
Ils semblent de nos faits n'avoir plus la mémoire : 6+6 b
LA FRANCE NE MEURT PAS ! qu'ils consultent l'histoire. 6+6 b
45 Ils y verront écrits, gravés par le burin, 6+6 a
Pour s'immortaliser sur des tables d'airain : 6+6 a
Dix siècles de grandeurs, de succès et de luttes ; 6+6 b
Ils verront un grand Peuple, écrasé dans ses chutes, 6+6 b
Se relever toujours et toujours triompher ; 6+6 a
50 Ils verront ce Paris, qu'ils voudraient posséder, 6+6 a
Résister aux Normands, les chasser et les vaincre. 6+6 b
Qu'ils lisent jusqu'au bout, s'ils veulent se convaincre ; 6+6 b
Ils souriront peut-être aux portraits de ces rois, 6+6 a
Despotes fainéants, qui nous donnaient des lois. 6+6 a
55 Plus tard n'avons-nous pas, sous un règne plus sage, 6+6 b
Affranchi la commune, aboli l'esclavage ? 6+6 b
N'avons-nous pas enfin brisé le joug puissant 6+6 a
Des princes féodaux qui pillaient le passant ? 6+6 a
Lisez, lisez toujours, ô fils de Germanie ; 6+6 b
60 Oui, vous verrez encor notre chère patrie, 6+6 b
Livrée aux factieux, subir l'invasion 6+6 a
Des cruels chevaliers de la fière Albion ; 6+6 a
Mais, le Seigneur veillait, une femme bénie 6+6 b
Se levait parmi nous, et, bienfaisant génie, 6+6 b
65 Chassait les étrangers par ses nobles élans ! 6+6 a
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Jeanne de Domrémy, Pucelle d'Orléans, 6+6 a
Martyre des Anglais, ton nom est à l'histoire ! 6+6 b
Et l'histoire des faits sait garder la mémoire. 6+6 b
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Le peuple avait souffert, était-il abattu ? 6+6 a
70 Non, il ne l'était pas, et sa mâle vertu 6+6 a
Toujours a triomphé ; toujours de grandes âmes 6+6 b
Ont surgi de son sein, hommes, vieillards ou femmes ! 6+6 b
Lisez, lisez toujours : quelques années après, 6+6 a
C'est une femme encor qui délivrait Beauvais. 6+6 a
75 Les hommes n'étaient plus !. Et ces nobles otages, 6+6 b
Au siège de Calais, qui, pour vaincre les rages 6+6 b
D’Édouard d'Angleterre, acceptaient seuls la mort, 6+6 a
C'était le peuple aussi ! Quel était le plus fort 6+6 a
Du peuple ou du tyran ?
Je ne saurais m'étendre. 6+6 b
80 Pour ne rien oublier, il faudrait entreprendre 6+6 b
L'histoire toute entière, et suivre pas à pas 6+6 a
Tous les siècles passés ; je ne le pourrais pas 6+6 a
Écartons de nos yeux les grandeurs éphémères 6+6 b
De ces fils d'Henri Quatre, et les longues misères 6+6 b
85 Du peuple qui souffrait du froid et de la faim, 6+6 a
Et voyait semer l'or quand il manquait de pain. 6+6 a
J'ai hâte d'arriver aux grandes épopées 6+6 b
Qui pour vaincre le monde ont trouvé tant d'épées : 6+6 b
Avons-nous succombé ? rois, de vos droits épris, 6+6 a
90 Quand cette POPULACE, objet de vos mépris, 6+6 a
Se levait rugissante, implacable, acharnée, 6+6 b
Et disait à son tour à l'Europe étonnée : 6+6 b
Tremblez, tremblez, tyrans ! car il n'est plus de Roi, 6+6 a
Il n'y a plus qu'un Peuple, et ce Peuple, c'est moi ! 6+6 a
95 Avons-nous succombé ? quand la Patrie entière, 6+6 b
Pour vous écraser tous, courait à la frontière ? 6+6 b
O races d'Allemagne ! ô vaincus d'Iéna ! 6+6 a
Aux portes de Paris vous arriviez déjà, 6+6 a
Quand sonna le réveil de la France endormie ; 6+6 b
100 Quand nos jeunes héros, au valeureux génie, 6+6 b
En vous brisant, volaient à l'immortalité, 6+6 a
Guidés par ces deux mots : Patrie et Liberté ! 6+6 a
Ils étaient nos aïeux ! eh bien ! dites encore 6+6 b
Que la France a vécu : elle est à son aurore ! 6+6 b
105 LA POPULACE attend ; saluez-la bien bas. 6+6 a
Avec elle, Germains, LA FRANCE NE MEURT PAS !!! 6+6 a
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Amis, encore un mot : on parle de traités, 6+6 b
D'armistice, de paix ; sommes-nous consultés ? 6+6 b
Devons-nous accepter cette honte nouvelle ? 6+6 a
110 Briser la Liberté sans combattre pour elle ! 6+6 a
Briser la Liberté serait là notre sort ? 6+6 b
Mais la paix, aujourd'hui c'est pire que la mort. 6+6 b
Quoi ! ce roi conquérant nous ferait ses esclaves, 6+6 a
Et nous mettrait aux pieds des fers et des entraves ? 6+6 a
115 Nous ne serions plus rien, rien qu'un peuple abaissé, 6+6 b
Indigne du grand nom qu'on nous avait laissé ? 6+6 b
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
O mon pauvre Pays ! ô chère République ! 6+6 a
A ces ambitieux donne donc la réplique ; 6+6 a
Dis-leur que le bon droit triomphe pas à pas ; 6+6 b
120 Qu'un Français doit mourir, qu'il ne s'avilit pas ! 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
forme globale type : suite de distiques
schéma : 60((aa))
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