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F = "e" féminin
| = césure
COR_1/COR85
Pierre CORNEILLE
Imitation De Jésus-Christ
1656
LIVRE TROISIÈME
CHAPITRE XVI
Que les véritables consolations ne se doivent
chercher qu'en Dieu.
J'épuise mon desir, j'épuise ma pensée 6+6 a
À chercher des contentements 8 b
Qui par de vrais soulagements 8 b
Adoucissent les maux dont mon âme est pressée ; 6+6 a
5 Mais, hélas ! Après tout, j'ai beau m'en figurer, 6+6 c
J'ai beau les désirer, 6 c
Ce n'est point en ces lieux que je les dois attendre : 6+6 d
L'avenir seul me les promet, 8 e
Cet heureux avenir où chacun peut prétendre, 6+6 d
10 Mais qu'on n'obtient qu'au prix où la vertu le met. 6+6 e
Quand par un heureux choix d'événements propices 6+6 a
Le monde me feroit sa cour, 8 b
Quand il n'auroit soin nuit et jour 8 b
Que d'inventer pour moi de nouvelles délices, 6+6 a
15 Quand il attacheroit lui-même à mes côtés 6+6 c
Toutes ses voluptés, 6 c
De combien de moments en seroit la durée ? 6+6 d
Et quels biens me pourroit donner 8 e
Sa faveur la plus ferme et la mieux assurée, 6+6 d
20 Qu'en un coup d'œil peut-être il faut abandonner ? 6+6 e
N'espère point de joie, ô mon cœur, que frivole ; 6+6 a
N'en espère aucune ici-bas 8 b
Qu'en ce grand Dieu de qui le bras 8 b
Soutient l'humble et le pauvre, et partout le console. 6+6 a
25 Quels que soient tes ennuis, attends encore un peu, 6+6 c
Sans attiédir ton feu, 6 c
Attends le doux effet des promesses divines ; 6+6 d
Et tu posséderas bientôt 8 e
Des biens encor plus grands que tu ne t'imagines, 6+6 d
30 Et que le ciel pour toi garde comme en dépôt. 6+6 e
Ce lâche abaissement aux douceurs temporelles, 6+6 a
Que le siècle fait trop goûter, 8 b
Sert d'un grand obstacle à monter 8 b
Dans ce palais de gloire où sont les éternelles : 6+6 a
35 Attache tes desirs, mon âme, à celles-ci ; 6+6 c
Fais-en ton seul souci, 6 c
Et regarde en passant celles-là pour l'usage ; 6+6 d
Ne t'en laisse plus éblouir : 8 e
Ce Dieu qui du néant te fit à son image 6+6 d
40 Eut un plus digne objet que de t'en voir jouir. 6+6 e
De quoi te serviroient tous les trésors du monde, 6+6 a
Tous ceux que la terre et la mer 8 b
Dans leur sein peuvent enfermer, 8 b
Si ce n'est point sur eux qu'un vrai bonheur se fonde ? 6+6 a
45 Le plus pompeux éclat de ces riches trésors 6+6 c
N'a qu'un brillant dehors 6 c
Qui n'excite au dedans que de l'inquiétude : 6+6 d
Il n'a point de solide bien ; 8 e
Et si tu veux trouver quelque béatitude, 6+6 d
50 Elle n'est qu'en ce Dieu qui créa tout de rien. 6+6 e
Mais garde-toi surtout de la présumer telle 6+6 a
Que se la peignent ces mondains 8 b
Dont les desirs brutaux et vains 8 b
Au gré de leur caprice en forment un modèle : 6+6 a
55 Tu t'y dois figurer un amas de vrais biens, 6+6 c
Tel que les vrais chrétiens 6 c
Dans leurs plus longs travaux attendent sans murmure ; 6+6 d
Un avant-goût délicieux, 8 e
Tel que sent quelquefois une âme droite et pure 6+6 d
60 De qui tout l'entretien s'élève jusqu'aux cieux. 6+6 e
Rempli de cette idée, il te sera facile 6+6 a
De juger l'instabilité 8 b
Qu'a le monde et sa vanité, 8 b
Comme lui décevante, et comme lui fragile. 6+6 a
65 La seule véri donne aux afflictions 6+6 c
Des consolations 6 c
Durables à l'égal de sa sainte parole : 6+6 d
Ainsi l'éprouvent les dévots ; 8 e
Et portant en tous lieux un Dieu qui les console, 6+6 d
70 Ils savent bien aussi lui dire à tous propos : 6+6 e
« bénin sauveur de la nature, 8 a
Prends soin partout de m'assister, 8 b
Et daigne sans cesse prêter 8 b
Ton secours à ta créature. 8 a
75 « qu'au milieu de toutes mes peines 8 a
Ce me soit un soulagement 8 b
D'être abandonné pleinement 8 b
Des consolations humaines. 8 a
« qu'au défaut même de la tienne, 8 a
80 J'en trouve dans ta volonté, 8 b
Dont la juste sévérité 8 b
Fait cette épreuve de la mienne. 8 a
« car enfin, seigneur, ta colère 8 a
Fera place à des temps plus doux, 8 b
85 Et les fureurs d'un Dieu jaloux 8 b
Céderont aux bontés d'un père. » 8 a
mètre profils métriques : 8, 6, 6+6
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