Métrique en Ligne
a voyelle stable
er voyelle ambigüe
e "e" masculin
e "e" féminin
e "e" élidé
e "e" ignoré
e "e" écarté
12 longueur métrique
6-6 mètre
COR_1/COR147
Pierre CORNEILLE
Imitation De Jésus-Christ
1656
LIVRE QUATRIÈME
CHAPITRE XVIII
Que l'homme ne doit point approfondir le mystère
du saint sacrement avec curiosité, mais soumettre
ses sens à la foi.
Toi qui suis de tes sens les dangereuses routes, 6+6 a
Et veux tout pénétrer par ton raisonnement, 6+6 b
Sache qu'approfondir un si grand sacrement, 6+6 b
C'est te plonger toi-même en l'abîme des doutes. 6+6 a
5 Quiconque ose d'un Dieu sonder la majesté, 6+6 c
Dans ce vaste océan de son immensité, 6+6 c
Opprimé de sa gloire, aisément fait naufrage ; 6+6 d
Et tu voudrois en vain comprendre son pouvoir, 6+6 e
Puisqu'un mot de sa bouche opère davantage 6+6 d
10 Que tout l'esprit humain ne sauroit concevoir. 6+6 e
Je ne te défends pas la recherche pieuse 6+6 a
Des saintes vérités dont tu dois être instruit : 6+6 b
Leur pleine connoissance est toujours de grand fruit, 6+6 b
Pourvu qu'elle soit humble, et non pas curieuse. 6+6 a
15 Que des pères surtout les fidèles avis 6+6 c
Avec soumission soient reçus et suivis : 6+6 c
Tu te rendras heureux si tu te rends docile ; 6+6 d
Mais plus heureuse encore est la simplicité 6+6 e
Qui fuit des questions le sentier difficile, 6+6 d
20 Et sous les lois de Dieu marche avec fermeté. 6+6 e
Que le monde en a vu dont l'indiscrète audace, 6+6 a
À force de chercher, est tombée en défaut, 6+6 b
Et pour avoir porté ses lumières trop haut, 6+6 b
De la dévotion a repoussé la grâce ! 6+6 a
25 Ton Dieu sait ta foiblesse, et n'exige de toi 6+6 c
Que la sincérité d'une solide foi, 6+6 c
Qu'une vie obstinée à la haine du crime ; 6+6 d
Et non pas ces clartés qu'un haut savoir produit, 6+6 e
Ni cette intelligence, et profonde et sublime, 6+6 d
30 Qui du mystère obscur perce toute la nuit. 6+6 e
Si ce que tu peux voir au-dessous de toi-même 6+6 a
Se laisse mal comprendre à ton esprit confus, 6+6 b
Comment comprendras-tu ce qu'a mis au-dessus, 6+6 b
Ce que s'est réservé le monarque suprême ? 6+6 a
35 Rabats de cet esprit l'essor tumultueux ; 6+6 c
À ces rébellions des sens présomptueux 6+6 c
Impose de la foi l'aimable tyrannie : 6+6 d
Soumets-toi tout entier ; remets-moi tout le soin 6+6 e
De répandre sur toi ma science infinie, 6+6 d
40 Et j'en mesurerai le don à ton besoin. 6+6 e
Souvent, touchant la foi d'un si profond mystère, 6+6 a
Plusieurs, et fortement, sont tentés de douter ; 6+6 b
Mais ces tentations ne doivent s'imputer 6+6 b
Qu'à la suggestion du commun adversaire : 6+6 a
45 Ne t'en mets point en peine, évite l'embarras 6+6 c
Où jetteroient ton cœur ces périlleux débats ; 6+6 c
Quoi qu'il t'ose objecter, dédaigne d'y répondre ; 6+6 d
Crois-moi, crois ma parole et celle de mes saints : 6+6 e
Cet unique secret suffit pour le confondre, 6+6 d
50 Et fera par sa fuite avorter ses desseins. 6+6 e
S'il revient à l'attaque et la fait plus pressée, 6+6 a
Soutiens-en tout l'effort sans en être troublé ; 6+6 b
Et souviens-toi qu'enfin cet assaut redoublé 6+6 b
Est la marque d'une âme aux vertus avancée. 6+6 a
55 Ces méchants endurcis, ces pécheurs déplorés, 6+6 c
Comme il les tient pour lui déjà tous assurés, 6+6 c
À les inquiéter jamais il ne s'amuse : 6+6 d
C'est aux bons qu'il s'attache ; et c'est contre leur foi 6+6 e
Qu'il déploie à toute heure et sa force et sa ruse, 6+6 d
60 Pour m'enlever, s'il peut, ce qu'il voit tout à moi. 6+6 e
Viens, et n'apporte point une foi chancelante 6+6 a
Que la raison conseille et qui tient tout suspect ; 6+6 b
Je la veux simple et ferme, avec l'humble respect 6+6 b
Qu'à ce grand sacrement doit ta sainte épouvante. 6+6 a
65 Viens donc, et pour garant en ce divin repas 6+6 c
De tout ce que tu crois et que tu n'entends pas, 6+6 c
Ne prends que mon vouloir et ma toute-puissance : 6+6 d
Je ne déçois jamais, et ne puis décevoir ; 6+6 e
Mais quiconque en soi-même a trop de confiance 6+6 d
70 Se trompe, et ne sait rien de ce qu'il croit savoir. 6+6 e
Je marche avec le simple, et ne fais ouverture 6+6 a
Qu'aux vrais humbles de cœur de mes plus hauts secrets ; 6+6 b
Aux vrais pauvres d'esprit j'aplanis mes décrets, 6+6 b
Et dessille les yeux où je vois l'âme pure. 6+6 a
75 La curiosité qu'un vain orgueil conduit 6+6 c
Se fait de ses faux jours une plus sombre nuit, 6+6 c
Qui cache d'autant plus mes clartés à sa vue : 6+6 d
Plus la raison s'efforce, et moins elle comprend ; 6+6 e
Aussi comme elle est foible, elle est souvent déçue ; 6+6 d
80 Mais la solide foi jamais ne se méprend. 6+6 e
Tous ces discernements que la nature inspire, 6+6 a
Toute cette recherche où le sens peut guider, 6+6 b
Doivent suivre la foi qu'ils veulent précéder, 6+6 b
Doivent la soutenir, et non pas la détruire. 6+6 a
85 C'est la foi, c'est l'amour, qui tous deux triomphants, 6+6 c
Dans ce festin que Dieu présente à ses enfants, 6+6 c
Marchent d'un pas égal, ont des forces pareilles ; 6+6 d
Et leur sainte union, par d'inconnus ressorts, 6+6 e
Fait tout ce grand ouvrage et toutes ces merveilles 6+6 d
90 Qui du raisonnement passent tous les efforts. 6+6 e
Le pouvoir souverain de cet absolu maître, 6+6 a
Que ne peuvent borner ni les temps ni les lieux, 6+6 b
Opère mille effets sur terre et dans les cieux, 6+6 b
Que l'homme voit, admire, et ne sauroit connoître. 6+6 a
95 Plus l'esprit s'y travaille, et plus il s'y confond ; 6+6 c
Plus il les sonde avant, moins il en voit le fond : 6+6 c
Ils sont toujours obscurs et toujours admirables ; 6+6 d
Et si par la raison ils étoient entendus, 6+6 e
Le nom de merveilleux et celui d'ineffables, 6+6 d
100 Quelques hauts qu'on les vît, ne leur seroient pas dus. 6+6 e
mètre profil métrique : 6+6
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