MÉTRIQUE EN LIGNE

a voyelle stable
er voyelle ambigüe
e "e" masculin
e "e" féminin
e "e" élidé
e "e" ignoré
e "e" écarté
12 longueur métrique
6-6 mètre

COP_5/COP119

François COPPÉE

Sonnets intimes et Poèmes inédits

1925

DEUXIÈME PARTIE

A MADEMOISELLE ANNETTE BAUDRIT

Je suis ton vieux parent│et je sais ton histoire ;	6+6	a
Je te vis naître, Annette,│et je te vis grandir.	6+6	b
Te voilà mari é e,│et l’on va te cueillir,	6+6	b
Rose qui parfumas│longtemps la forge noire.	6+6	a

5	Je connais ton cœur droit,│ta bonté, ta douceur,	6+6	a
	Et tu devines bien│ce que pour toi j’espère ;	6+6	b
	Car je n’ai pas d’ami│plus tendre que ton père,	6+6	b
	Chère Annette, et ton nom│est le nom de ma sœur.	6+6	a

	Je sais que la souffrance│a mûri ta jeune âme ;	6+6	a
10	Et, dans cette maison│dont tu quittes le seuil,	6+6	b
	Naguère je t’ai vu e,│en noirs habits de deuil,	6+6	b
	Encore enfant, remplir│le rôle d’une femme.	6+6	a

	Tu comprends, n’est-ce pas !│pourquoi j’ai rappelé,	6+6	a
	Annette, en cet instant│joyeux, cette heure amère	6+6	b
15	Où, te voyant t’asseoir│où s’asseyait ta mère,	6+6	b
	Souri ait en pleurant│ton père désolé.	6+6	a

	Dès ce jour, tu conçus│ce qu’était la famille,	6+6	a
	Fille de forgerons│et de vieux artisans ;	6+6	b
	Le devoir pénétra│dans ton cœur de quinze ans ;	6+6	b
20	— Et l’épouse, vois-tu,│vaudra la jeune fille.	6+6	a

Laisse ton vieux cousin│dont le cœur s’attendrit	6+6	a
Dire au jeune homme heureux│qui t’a conduite au temple	6+6	b
qu’un siècle de travail,│d’honneur, de bon exemple,	6+6	b
Sont la dot, la noblesse│et l’orgueil des Baudrit,	6+6	a

25	Et qu’auprès du foyer│que votre hymen allume	6+6	a
	— Doux instinct des oiseaux│qui construisent leurs nids !-	6+6	b
	Il faut que vos deux cœurs│soi ent à jamais unis	6+6	b
	Comme deux fers soudés│au marteau, sur l’enclume.	6+6	a

8 octobre 1883.

mètre

profil métrique : 6+6