Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
COP_3/COP44
François COPPÉE
LE CAHIER ROUGE
1874
Tristement
Obsédé par ces mots, | le veuvage et l'automne, 6+6 a
Mon rêve n'en veut pas | d'autres pour exprimer 6+6 b
Cette mélancolie | immense et monotone 6+6 a
Qui m'ôte tout espoir | et tout désir d'aimer. 6+6 b
5 Il évoque sans cesse | une très longue allée 6+6 a
De platanes géants | dépouillés à demi, 6+6 b
Dans laquelle une femme | en grand deuil et voilée 6+6 a
S'avance lentement | sur le gazon blêmi. 6+6 b
Ses longs vêtements noirs | lui faisant un sillage 6+6 a
10 Traînent en bruissant | dans le feuillage mort ; 6+6 b
Elle suit du regard | la fuite d'un nuage 6+6 a
Sous le vent déjà froid | et qui chasse du nord. 6+6 b
Elle songe à l'absent | qui lui disait : « Je t'aime ! » 6+6 a
Et, sous le grand ciel bas | qui n'a plus qu'un rayon, 6+6 b
15 S'aperçoit qu'avec la | dernière chrysanthème 6−6 a
Hier a disparu | le dernier papillon. 6+6 b
Elle chemine ainsi | dans l'herbe qui se fane, 6+6 a
Bien lasse de vouloir, | bien lasse de subir, 6+6 b
Et toujours sur ses pas | les feuilles de platane 6+6 a
20 Tombent avec un bruit | triste comme un soupir. 6+6 b
— En vain, pour dissiper | ces images moroses, 6+6 a
J'invoque ma jeunesse | et ce splendide été. 6+6 b
Je doute du soleil, | je ne crois plus aux roses, 6+6 a
Et je vais le front bas, | comme un homme hanté. 6+6 b
25 Et j'ai le cœur si plein | d'automne et de veuvage 6+6 a
Que je rêve toujours, | sous ce ciel pur et clair, 6+6 b
D'une figure en deuil | dans un froid paysage 6+6 a
Et de feuilles tombant | au premier vent d'hiver. 6+6 b
mètre profil métrique : 6−6
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