Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
CHE_1/CHE81
André de CHÉNIER
ŒUVRES POÉTIQUES
tome I
1790
POÈMES
L'Art d'Aimer
PREMIER CHANT
.............................................................................
FLORE met plus d'un jour à finir une rose. 6+6 a
Plus d'un jour fait l'ombrage où Palès se repose ; 6+6 a
Et plus d'un soleil dore, au penchant des coteaux, 6+6 b
Les grappes de Bacchus, ces rivales des eaux. 6+6 b
5 Qu'ainsi ton doux projet en silence mûrisse, 6+6 a
Que sous tes pas certains la route s'aplanisse, 6+6 a
Q'un œil sûr te dirige ; et de loin, avec art, 6+6 b
Dispose ces ressorts que l'on nomme hasard. 6+6 b
Mais souvent un jeune homme, aspirant à la gloire 6+6 a
10 De venir, voir, et vaincre, et prôner sa victoire, 6+6 a
Vole, et hâtant l'assaut qu'il eût dû préparer, 6+6
.............................................................................
L'imprudent a voulu cueillir avant l'automne 6+6 b
L'espoir à peine éclos d'une riche Pomone ; 6+6 b
Il a coupé ses blés quand les jeunes moissons 6+6 a
15 Ne passaient point encor les timides gazons. 6+6 a
Le danger, c'est ainsi que leur bouche l'appelle, 6+6 b
D'abord, effraie ou semble effrayer une belle ; 6+6 b
Prudence, adresse, temps, savent l'accoutumer 6+6 a
A le voir sans le craindre et bientôt à l'aimer. 6+6 a
20 Quand Junon sur l'Ida plut au maître du monde, 6+6 b
Xanthus l'avait tenue au cristal de son onde, 6+6 b
Et sur sa peau vermeille une savante main 6+6 a
Fit distiller la rose et les flots de jasmin. 6+6 a
Cultivez vos attraits ; la plus belle nature 6+6 b
25 Veut les soins délicats d'une aimable culture. 6+6 b
Mais si l'usage est doux, l'abus est odieux. 6+6 a
Des parfums entassés l'amas fastidieux, 6+6 a
De la triste laideur trop impuissantes armes, 6+6 b
A d'indignes soupçons exposerait vos charmes. 6+6 b
30 Que dans vos vêtements le goût seul consulté 6+6 a
N'étale qu'élégance et que simplicité. 6+6 a
L'or ni les diamants n'embellissent les belles ; 6+6 b
Le goût est leur richesse, et, tout-puissant comme elles, 6+6 b
Il sait créer de rien leurs plus beaux ornements ; 6+6 a
35 Et tout est sous ses doigts l'or et les diamants. 6+6 a
J'aime un sein qui palpite et soulève une gaze. 6+6 b
L'heureuse volupté se plaît, dans son extase, 6+6 b
A fouler mollement ces habits radieux 6+6 a
Que déploie au Cathay le ver industrieux. 6+6 a
40 Le coton mol et souple, en une trame habile, 6+6 b
Sur les bords indiens, pour vous prépare et file 6+6 b
Ce tissu transparent, ce réseau de Vulcain, 6+6 a
Qui perfide et propice à l'amant incertain, 6+6 a
Lui semble un voile d'air, un nuage liquide, 6+6 b
45 Où Vénus se dérobe et fuit son œil avide. 6+6 b
Sur ses membres ........................................................
S'étend le doux réseau d'une peau diaphane. 6+6
Quand la gaze ou le lin, barrière mal tissue, 6+6 a
Qui la couvre ou plutôt la découvre à sa vue, 6+6 a
50 Suivant de tout son corps les détours gracieux, 6+6 b
C'est par ses vêtements qu'elle est nue à tes yeux. 6+6 b
La sombre défiance assiège en vain ta trace, 6+6 a
Il faut oser. L'amour favorise l'audace. 6+6 a
Les ruses des mortels n'éludèrent jamais 6+6 b
55 D'un enfant et d'un dieu les ruses et les traits. 6+6 b
Que sert des tours d'airain tout l'appareil horrible ? 6+6 a
Que servit à Junon son Argus si terrible ? 6+6 a
Ce front d'inquiétude armé de toutes parts, 6+6 b
Où veillaient à la fois cent farouches regards ? 6+6 b
DEUXIÈME CHANT
60 Si d'un mot échappé l'outrageuse rudesse 6+6 a
A pu blesser l'amour et sa délicatesse, 6+6 a
Immobile il gémit ; songe à tout expier. 6+6 b
Sans honte, sans réserve, il faut s'humilier ; 6+6 b
Tombe même à genoux, bien loin de te défendre ; 6+6 a
65 Tu le verras soudain plus amoureux, plus tendre, 6+6 a
Courir et t'arrêter, et lui-même à genoux 6+6 b
Accuser en pleurant son injuste courroux. 6+6 b
Mais souvent malgré toi, sans fiel ni sans injure, 6+6 a
Ta bouche d'un trait vif aiguise la piqûre ; 6+6 a
70 Le trait vole, tu veux le rappeler en vain ; 6+6 b
Ton amant consterné dévore son chagrin. 6+6 b
Ou bien d'un dur refus l'inflexible constance 6+6 a
De ses feux tout un jour a trompé l'espérance. 6+6 a
Il boude ; un peu d'aigreur, un mot même douteux 6+6 b
75 Peut tourner la querelle en débat sérieux. 6+6 b
Oh ! trop heureuse alors si, pour fuir cet orage, 6+6 a
Les Grâces t'ont donné leur divin badinage, 6+6 a
Cet air humble et soumis de n'oser l'approcher, 6+6 b
D'avoir peur de ses yeux et de t'aller cacher, 6+6 b
80 Et de mille autres jeux l'inévitable adresse, 6+6 a
De mille mots plaisants l'aimable gentillesse, 6+6 a
Enfin tous ces détours dont le charme ingénu 6+6 b
Force un rire amoureux vainement retenu. 6+6 b
Il t'embrasse, il te tient, plus que jamais il t'aime ; 6+6 a
85 C'est ton tour maintenant de le bouder lui-même. 6+6 a
Loin de s'en effrayer, il rit, et mes secrets 6+6 b
L'ont instruit des moyens de ramener la paix. 6+6 b
.............................................................................
Sache inventer pour lui mille tendres folies. 6+6
Il faut, en le grondant, le serrer dans tes bras ; 6+6 a
90 Lui dire, en le baisant, que tu ne l'aimes pas ; 6+6 a
Et les reproches feints, la colère badine ; 6+6 b
Et des mots caressants la mollesse enfantine ; 6+6 b
Et de mille baisers l'implacable fureur. 6+6
.............................................................................
Souvent d'un peu d'humeur, d'un moment de caprice 6+6 a
95 (Toute belle a les siens) il ressent l'injustice ; 6+6 a
Il se désole, il crie, il est trompé, trahi ; 6+6 b
Tu ne mérites pas un amant tel que lui ; 6+6 b
Il a le cœur si bon ! Sa sottise est extrême ! 6+6 a
Il te hait, te maudit ; plus que jamais il t'aime. 6+6 a
100 Crains que l'ennui fatal dans son cœur introduit 6+6 b
Puisse compter les pas de l'heure qui s'enfuit. 6+6 b
Il est, pour la tromper, un aimable artifice : 6+6 a
Amuse-la des jeux qu'invente le caprice ; 6+6 a
Lasse sa patience à mille tours malins, 6+6 b
105 Ris-toi de sa faiblesse et de ses cris mutins. 6+6 b
Tu braves tant de fois sa menace éprouvée, 6+6 a
Elle vole, tu fuis ; la main déjà levée, 6+6 a
Elle te tient, te presse ; elle va te punir. 6+6 b
Mais vos bouches dé ne cherchent qu'à s'unir. 6+6 b
110 Le ciel d'un feu plus beau luit après un orage. 6+6 a
L'amour fait à Paphos naître plus d'un nuage, 6+6 a
Mais c'est le souffle pur qui rend l'éclat à l'or, 6+6 b
Et la peine en amour est un plaisir encor. 6+6 b
Le hasard à ton gré n'est pas toujours docile. 6+6 a
115 Une belle est un bien si léger, si mobile ! 6+6 a
Souvent tes doux projets, médités à loisir, 6+6 b
D'avance destinaient la journée au plaisir ; 6+6 b
Non, elle ne veut pas. D'autres soins occupée, 6+6 a
Tu vois avec douleur ton attente échappée. 6+6 a
120 Surtout point de contrainte. Espère un plus beau jour. 6+6 b
Imprudent qui fatigue et tourmente l'amour. 6+6 b
Essaye avec les pleurs, les tendres doléances, 6+6 a
De faire à ses desseins de douces violences. 6+6 a
Sinon, tu vas l'aigrir ; tu te perds. La beauté, 6+6 b
125 Je te l'ai fait entendre, aime sa volonté. 6+6 b
Son cœur impatient, que la contrainte blesse, 6+6 a
Se dépite : il est dur de n'être pas mtresse. 6+6 a
Prends-y garde : une fois le ramier envo 6+6 b
Dans sa cage confuse est en vain rappelé. 6+6 b
130 Cède ; assieds-toi près d'elle ; et, soumis avec grâce, 6+6 a
D'un ton un peu plus froid, sans aigreur ni menace, 6+6 a
Dis-lui que de tes vœux son plaisir est la loi. 6+6 b
Va, tu n'y perdras rien, repose-toi sur moi. 6+6 b
Complaisance a toujours la victoire propice. 6+6 a
135 Souvent de tes désirs l'utile sacrifice, 6+6 a
Comme un jeune rameau planté dans la saison, 6+6 b
Te rendra de doux fruits une longue moisson. 6+6 b
Flore a pour les amants ses corbeilles fertiles ; 6+6 a
Et les fleurs, dans les jeux, ne sont pas inutiles. 6+6 a
140 Les fleurs vengent souvent un amant courrou 6+6 b
Qui feint sur un seul mot de paraître offensé. 6+6 b
Il poursuit son espiègle, il la tient, il la presse ; 6+6 a
Et, fixant de ses flancs l'indocile souplesse, 6+6 a
D'un faisceau de bouquet eu cachette apporté 6+6 b
145 Châtie, en badinant, sa coupable beauté, 6+6 b
La fait taire et la gronde, et d'un maître sévère 6+6 a
Imite, avec amour, la plainte et la colère ; 6+6 a
Et négligeant ses cris, sa lutte, ses transports ; 6+6 b
Arme le fouet léger de rapides efforts, 6+6 b
150 Frappe et frappe sans cesse, et s'irrite et menace, 6+6 a
Et force enfin sa bouche à lui demander grâce. 6+6 a
Telle Vénus souvent, aux genoux d'Adonis, 6+6 b
Vit des taches de rose empreintes sur ses lis. 6+6 b
Tel l'Amour, enchan d'un si doux badinage, 6+6 a
155 Loin des yeux de sa mère, en un charmant rivage, 6+6 a
Caressait sa Psyché dans leurs jeux enfantins, 6+6 b
Et de lacets dorés chargeait ses belles mains. 6+6 b
Fontenay ! lieu qu'Amour fit naître avec la rose, 6+6 a
J'irai (sur cet espoir mon âme se repose), 6+6 a
160 J'irai te voir, et Flore et le ciel qui te luit. 6+6 b
Là je contemple enfin (ma déesse m'y suit), 6+6 b
Sur un lit que je cueille en tes riants asiles, 6+6 a
Ses appas, sa pudeur, et ses fuites agiles, 6+6 a
Et dans la rose en feu l'albâtre confondu, 6+6 b
165 Comme un ruisseau de lait sur la pourpre étendu. 6+6 b
TROISIÈME CHANT
.............................................................................
Une jeune beau par lui seul affermie, 6+6 a
Quand la troupe aux cent yeux est enfin endormie, 6+6 a
De son lit qui pleurait l'absent trop attendu 6+6 b
Fuit, se glisse, et d'un pied muet et suspendu 6+6 b
170 Au jeune impatient va, d'aise palpitante, 6+6 a
Ouvrir enfin la porte amie et confidente ; 6+6 a
Et sa main, devant elle, interroge sans bruit 6+6 b
Et sa route peureuse et les murs et la nuit. 6+6 b
.............................................................................
Il apprend aux soupirs à s'exhaler à peine ; 6+6
175 Il instruit, près des murs qui pourraient vous ouïr, 6+6 a
Vos baisers à se taire et ne vous point trahir. 6+6 a
......................................... L'obstacle encourage l'amour. b
J'épargne le chevreuil que nul bois, nul détour 6+6 b
Ne dérobe à mes traits dans la vaste campagne ; 6+6 a
180 Je veux le suivre au haut de la sombre montagne, 6+6 a
Et, trempé de sueurs, affronter en courant 6+6 b
La ronce hérissée et l'orageux torrent. 6+6 b
.............................................................................
De tes traits languissants observe la pâleur ; 6+6 a
Si telle est des amants l'amoureuse couleur. 6+6 a
185 Procris, pâle et mourante, aux bois suivait Céphale. 6+6 b
Vois, pour Endymion, Phœbé mourante et pâle, 6+6 b
Vois d'Alphée éplo pâlir le front vermeil, 6+6 a
Et la pâle Clytie amante du soleil. 6+6 a
Quand l'ardente saison fait aimer les ruisseaux, 6+6 b
190 A l'heure où, vers le soir, cherchant le frais des eaux, 6+6 b
La belle nonchalante à l'ombre se promène ; 6+6 a
Que sa bouche entr'ouverte et que sa pure haleine, 6+6 a
Et son sein plus ému de tendresse et de vœux, 6+6 b
Appellent le baiser et respirent ses feux ; 6+6 b
195 Que l'amant peut venir, et qu'il n'a plus à craindre 6+6 a
La raison qui mollit et commence à le plaindre ; 6+6 a
Que sur tout son visage, ardente et jeune fleur, 6+6 b
Se répand un sourire insensible et rêveur ; 6+6 b
Que son cou faible et lent ne soutient plus sa tête ; 6+6 a
200 Que ses yeux, dans sa course incertaine et muette, 6+6 a
Sous leur longue paupière à peine ouverte au jour 6+6 b
Languissent mollement et sont noyés d'amour. 6+6 b
.............................................................................
Aux signes de l'aimant statue obéissante, 6+6
S'enflamme au seul aspect d'un feu contagieux. 6+6 a
205 Ainsi, quand au hasard un doigt harmonieux 6+6 a
Agite et fait parler une corde sonore, 6+6 b
Une autre corde au loin qu'on négligeait encore 6+6 b
D'elle-même résonne, éveillée à ce bruit, 6+6 a
Et s'unit à sa sœur, et l'écoute et la suit. 6+6 a
210 Aux bords où l'on voit naître et l'Euphrate et le jour, 6+6 b
Plus d'obstacle et de crainte environne l'amour. 6+6 b
Aussi ...........................................................................................
.............................................................................
… Sans se pouvoir parler même des yeux, a
On se parle, on se voit. Leur cœur ingénieux 6+6 a
215 Donne à tout une voix entendue et muette, 6+6 b
Tout de leurs doux pensers est le doux interprète. 6+6 b
Désirs, crainte, serments, caresse, injure, pleurs, 6+6 a
Leurs dons savent tout dire ; ils s'écrivent des fleurs. 6+6 a
Par la tulipe ardente une flamme est jurée ; 6+6 b
220 L'amarante immortelle atteste sa durée ; 6+6 b
L'œillet gronde une belle. Un lis vient l'apaiser. 6+6 a
L'iris est un soupir ; la rose est un baiser. 6+6 a
C'est ainsi chaque jour qu'une sultane heureuse 6+6 b
Lit en bouquet la lettre odorante, amoureuse. 6+6 b
225 Elle pare son sein de soupirs et de vœux ; 6+6 a
Et des billets d'amour embaument ses cheveux. 6+6 a
Offrons tout ce qu'on doit d'encens, d'honneurs suprêmes 6+6 b
Aux dieux, à la beau plus divine qu'eux-mêmes. 6+6 b
Puisse aux vallons d'Hémus, où les rocs et les bois 6+6 a
230 Admirèrent d'Orphée et suivirent la voix, 6+6 a
L'Hèbre ne m'avoir pas en vain donné naissance ! 6+6 b
Les muses avec moi vont connaître Byzance ; 6+6 b
Et si le ciel se prête à mes efforts heureux, 6+6 a
De la Grèce oubliée enfant plus généreux, 6+6 a
235 Sur ses rives jadis si noblement fécondes, 6+6 b
Du Permesse éga je ramène les ondes. 6+6 b
Pour la première fois de sa honte étonné, 6+6 a
Le farouche turban, jaloux et consterné, 6+6 a
D'un sérail oppresseur, noir séjour des alarmes, 6+6 b
240 Entendra nos accents et l'amour et vos charmes. 6+6 b
C'est là, non loin des flots dont l'amère rigueur 6+6 a
Osa ravir Sestos au nocturne nageur, 6+6 a
Qu'en des jardins chéris des eaux et du zéphyre, 6+6 b
Pour vous, rayonnant d'or, de jaspe, de porphyre, 6+6 b
245 Un temple par mes mains doit s'élever un jour. 6+6 a
Sous vos lois j'y rassemble une superbe cour 6+6 a
Où de tous les climats brillent toutes les belles : 6+6 b
Elles règnent sur tout et vous régnez sur elles. 6+6 b
Là des filles d'Indus l'essaim noble et pompeux, 6+6 a
250 Les vierges de Tamise, au cœur tendre, aux yeux bleus, 6+6 a
De Tibre et d'Éridan les flatteuses sirènes, 6+6 b
Et du blond Eurotas les touchantes Hélènes, 6+6 b
Et celles de Colchos, jeune et riche trésor, 6+6 a
Plus beau que la toison étincelante d'or, 6+6 a
255 Et celles qui, du Rhin l'ornement et la gloire, 6+6 b
Vont dans ses froids torrents baigner leurs pieds d'ivoire, 6+6 b
Toutes enfin, ce bord sera tout l'univers. 6+6
.............................................................................
.............................................................................
L'amour croît par l'exemple, et vit d'illusions. 6+6 a
Belles, étudiez ces tendres fictions 6+6 a
260 Que les poètes saints, en leurs douces ivresses, 6+6 b
Inventent dans la joie aux bras de leurs mtresses : 6+6 b
De tout aimable objet Jupiter enflammé, 6+6 a
Et le dieu des combats par Vénus désarmé, 6+6 a
Quand, la tête en son sein mollement étendue, 6+6 b
265 Aux lèvres de Vénus son âme est suspendue, 6+6 b
Et dans ses yeux divins oubliant les hasards, 6+6 a
Nourrit d'un long amour ses avides regards ; 6+6 a
Quels appas trop chéris mirent Pergame en cendre ; 6+6 b
Quelles trois déités un berger vit descendre, 6+6 b
270 Qui, pour briguer la pomme abandonnant les cieux, 6+6 a
De leurs charmes rivaux enivrèrent ses yeux ; 6+6 a
Et le sang d'Adonis, et la blanche hyacinthe 6+6 b
Dont la feuille respire une amoureuse plainte ; 6+6 b
Et la triste Syrinx aux mobiles roseaux, 6+6 a
275 Et Daphné de lauriers peuplant le bord des eaux ; 6+6 a
Herminie aux forêts révélant ses blessures ; 6+6 b
Les grottes, de Médor confidentes parjures ; 6+6 b
Et les ruses d'Armide, et l'amoureux repos 6+6 a
Où, sur des lits de fleurs, languissent les héros ; 6+6 a
280 Et le myrte vivant aux bocages d'Alcine. 6+6 b
Les Grâces dont les soins ont élevé Racine 6+6 b
Aiment à répéter ses écrits enchanteurs, 6+6 a
Tendres comme leurs yeux, doux comme leurs faveurs, 6+6 a
Belles, ces chants divins sont nés pour votre bouche. 6+6 b
285 La lyre de Le Brun, qui vous plaît et vous touche, 6+6 b
Tantôt de l'élégie exhale les soupirs, 6+6 a
Tantôt au lit d'amour éveille les plaisirs. 6+6 a
Suivez de sa Psyché la gloire et les alarmes ; 6+6 b
Elle-même voulut qu'il célébrât ses charmes, 6+6 b
290 Qu'Amour vînt pour l'entendre ; et dans ces chants heureux 6+6 a
Il la trouva plus belle et redoubla ses feux. 6+6 a
Mon berceau n'a point vu luire un même génie : 6+6 b
Ma Lycoris pourtant ne sera point bannie. 6+6 b
Comme eux, aux traits d'Amour j'abandonnai mon cœur, 6+6 a
295 Et mon vers a peut-être aussi quelque douceur. 6+6 a
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