Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
CHE_1/CHE50
André de CHÉNIER
ŒUVRES POÉTIQUES
tome I
1790
ÉGLOGUES
XVI
Blanche et douce colombe, | aimable prisonnière, 6+6 a
Quel injuste ennemi | te cache à la lumière ? 6+6 a
Je t'ai vue aujourd'hui | que le ciel était beau ! 6+6 b
Te promener longtemps | sur le bord du ruisseau, 6+6 b
5 Au hasard, en tous lieux, | languissante, muette, 6+6 a
Tournant tes doux regards | et tes pas et ta tête. 6+6 a
Caché dans le feuillage, | et n'osant l'agiter, 6+6 b
D'un rameau sur un autre | à peine osant sauter, 6+6 b
J'avais peur que le vent | décelât mon asile. 6+6 a
10 Tout seul je gémissais, | sur moi-même immobile, 6+6 a
De ne pouvoir aller, | le ciel était si beau ! 6+6 b
Promener avec toi | sur le bord du ruisseau. 6+6 b
Car, si j'avais osé, | sortant de ma retraite, 6+6 a
Près de ta tête amie | aller porter ma tête, 6+6 a
15 Avec toi murmurer | et fouler sous mes pas 6+6 b
Le même pré foulé | sous tes pieds délicats, 6+6 b
Mes ailes et ma voix | auraient frémi de joie, 6+6 a
Et les noirs ennemis, | les deux oiseaux de proie, 6+6 a
Ces gardiens envieux | qui te suivent toujours, 6+6 b
20 Auraient connu soudain | que tu fais mes amours. 6+6 b
Tous les deux à l'instant, | timide prisonnière, 6+6 a
T'auraient, dans ta prison, | ravie à la lumière, 6+6 a
Et tu ne viendrais plus, | quand le ciel sera beau, 6+6 b
Te promener encor | sur le bord du ruisseau. 6+6 b
25 Blanche et douce brebis | à la voix innocente, 6+6 a
Si j'avais, pour toucher | ta laine obéissante, 6+6 a
Osé sortir du bois | et bondir avec toi, 6+6 b
Te bêler mes amours | et t'appeler à moi, 6+6 b
Les deux loups soupçonneux | qui marchaient à ta suite 6+6 a
30 M'auraient vu. Par leurs cris | ils t'auraient mise en fuite. 6+6 a
Et pour te dévorer | eussent fondu sur toi 6+6 b
Plutôt que te laisser | un moment avec moi. 6+6 b
.............................................................................
.............................................................................
Oui, jusques dans sa robe | et le contour de lin 6+6 a
Que presse la ceinture | au-dessus de son sein, 6+6 a
35 Sans avoir son aveu, | ta bouche pétulante 6+6 b
A cherché la fraîcheur | de sa gorge naissante. 6+6 b
Sur les deux ramiers blancs, | le vautour indompté, 6+6 a
Sur les deux ramiers blancs | il s'est précipité. 6+6 a
Les deux oiseaux jumeaux | qu'un même nid rassemble, 6+6 b
40 Qui se cachent tous deux, | qui s'élèvent ensemble, 6+6 b
Dont le bec est de rose, | et que l'œil plein d'ardeur 6+6 a
Poursuit, touche de loin, | et qui troublent le cœur. 6+6 a
.............................................................................
Sa robe, au gré du vent | derrière elle flottante, 6+6 b
En replis ondoyants | mollement frémissante, 6+6 b
45 S'insinue, et la presse | et laisse voir aux yeux 6+6 a
De ses genoux charmants | les contours gracieux. 6+6 a
mètre profil métrique : 6+6
logo du CRISCO logo de l'université