Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
CAO_1/CAO27
Jean Baptiste CAOUETTE
LES VOIX INTIMES
1892
POÉSIES DIVERSES
A BEAUPORT
A MESSIRE ADOLPHE LÉGARÉ
Drapé dans son manteau | de verdure odorante, 6+6 a
En face de Québec, | de l'Île de Lévis, 6+6 b
Beauport baigne ses pieds | dans l'onde murmurante 6+6 a
Du fleuve dont nos yeux | sont sans cesse ravis. 6+6 b
5 Son temple ‒ vrai bijou | que des mains artistiques 6+6 a
Ont orné de tableaux | aux riantes couleurs ‒ 6+6 b
Dresse vers le ciel bleu | ses deux flèches gothiques 6+6 a
Que souvent le soleil | dore de ses lueurs. 4 6+6 b
Depuis douze ou treize ans, | au sein de ce village 6+6 a
10 Ont surgi des villas | et quasi des palais 6+6 b
Aux donjons tapissés | de fleur et de feuillage, 6+6 a
Où le mortel ennui | ne vient s'asseoir jamais. 6+6 b
L'habitant de Beauport | est du Breton le type : 6+6 a
Charitable, joyeux, | prompt, vif et grand parleur ; 6+6 b
15 Puis en morale il a | l'admirable principe 6+6 a
De garder à nos mœurs | leur antique splendeur. 6+6 b
Beauport ! ce nom figure | au livre de la gloire, 6+6 a
Car son sol autrefois | a bu le sang des preux ; 6+6 b
Laverdière, Garneau, | Ferland, dans leur histoire 6+6 a
20 Parlent de cet endroit | en termes chaleureux. 6+6 b
C'est de là que partaient | ces bombes meurtrières 6+6 a
Qui jetaient la terreur | au milieu des Anglais, 6+6 b
Quand ceux-ci, s'avançant | sur leurs longues voilières, 6+6 a
Voulaient ravir Québec | au pouvoir des Français. 6+6 b
25 Parfois on y découvre, | en remuant la terre, 6+6 a
Des sabres, des boulets, | des débris d'arme à feu ; 6+6 b
Et l'on m'a raconté | qu'on y trouvait naguère 6+6 a
Des ossements humains, | car tout parle en ce lieu. 6+6 b
Ces objets que la rouille | a rongés sous la glaise, 6+6 a
30 Rappellent à nos cœurs | les mémorables jours 6+6 b
Où nos pères luttaient | contre l'armée anglaise 6+6 a
Pour défendre leurs droits, | leurs foyers, leurs amours. 6+6 b
Ce lieu possède encore, | en ses riches annales, 6+6 a
Plus d'un illustre nom | par les hommes chéri ; 6+6 b
35 C'est là qu'ont vu le jour | deux gloires sans rivales : 6+6 a
L'humble Étienne Parent | et de Salaberry ! 6+6 b
Dès que le printemps brille, | et jusques à l'automne, 6+6 a
J'habite sous ton ciel, | ô village enchanteur ! 6+6 b
De la ville je fuis | le fracas monotone, 6+6 a
40 L'air impur, la poussière | et l'ardente chaleur. 6+6 b
Je respire à longs traits | les parfums de tes roses 6+6 a
Et les douces senteurs | qui s'exhalent des bois ; 6+6 b
J'observe les ébats | des ailés virtuoses, 6+6 a
Et j'écoute, ravi, | leurs gracieuses voix. 6+6 b
45 Puis le soir je contemple, | assis au bord des vagues, 6+6 a
Toute l'immensité | de la mer et des cieux ; 6+6 b
Parfois je crois ouïr | des bruits étranges, vagues : 6+6 a
C'est le flot qui redit | ton passé glorieux ! 6+6 b
Alors, le cœur ému, | je prends mon humble lyre 6+6 a
50 Et mêle mes accords | à ces concerts géants 6+6 b
Qui s'élèvent des bois, | de la chute en délire, 6+6 a
Du fleuve, des ruisseaux | et des gouffres béants ! 6+6 b
 [Cette église a été incendiée le 24 janvier 1889.]
mètre profil métrique : 6+6
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