Métrique en Ligne
BUS_1/BUS70
Alfred BUSQUET
POÉSIES
1884
RELIQUIÆ
POURQUOI PLEURER AINSI ?
Pourquoi pleurer ainsi, mon âme, et d’où te vient 6+6 a
Ce sombre désespoir, frère aîné de l’envie ? 6+6 b
— Pour quelques maux soufferts desquels il te souvient ; 6+6 a
Mais c’est le sort commun de la commune vie. 6+6 b
5 Combien d’autres encor ont souffert plus que toi. 6+6 a
Qui passent sans troubler le monde de leurs larmes 6+6 b
Et sans apitoyer la terre à leurs vacarmes ! 6+6 b
Ils acceptent le sort et subissent la loi. 6+6 a
Ces grands désespérés, plus muets que la tombe. 6+6 a
10 Ont pleuré tous les pleurs que renfermaient leurs yeux, 6+6 b
Et cependant leur front, lorsque leur cœur succombe. 6+6 a
Sous la pâleur des nuits a le calme des cieux. 6+6 b
Comme le Commandeur dans le Festin de pierre 6+6 a
Ils portent au côté le coup dont ils sont morts. 6+6 b
15 Un œil fixe et sans feu roule dans leur paupière. 6+6 a
Douloureux trépassés, sont-ce bien là vos corps ? 6+6 b
Fortune, enfans, jeunesse, illusions, patrie. 6+6 a
L’un a tout vu sombrer dans un jour de terreur. 6+6 b
Celui-là n’aima rien sur la terre flétrie. 6+6 a
20 Et cet autre plus pâle a perdu son honneur. 6+6 b
L’honneur me reste, à moi ! Contente ton envie, 6+6 a
Fortune ! frappe à terre un ennemi vaincu ; 6+6 b
Tu parviendras peut-être à m’arracher la vie. 6+6 a
Je ne me plaindrai pas ! J’ai bien assez vécu. 6+6 b
25 J’ai bien assez vécu, si mon honneur me reste. 6+6 a
Si je demeure intact ayant fait mon devoir. 6+6 b
Si la fidélité que mon malheur atteste 6+6 a
Reluit jusqu’à la mort, pure comme un miroir, 6+6 b
Si je rends à mon Dieu l’âme qu’il m’a donnée 6+6 a
30 Sans qu’un penser mauvais en ait terni l’éclat. 6+6 b
Et si ma faction à la fin terminée, 6+6 a
Je garde mon épée ainsi qu’un bon soldat. 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
forme globale type : suite périodique
logo du CRISCO logo de l'université