Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
BUS_1/BUS42
Alfred BUSQUET
POÉSIES
1884
POÉSIES DOMESTIQUES
FABLE
On vous dira qu’en se jouant 8 a
La Fontaine écrivit ses fables ; 8 b
Que le bonhomme aux yeux affables 8 b
Les composait tout en rêvant. 8 a
5 N’en croyez rien : la Muse | est comme les coquettes, 6+6 a
Il faut à son amour | un cœur non partagé, 6+6 b
Des soins toujours nouveaux, | un culte protégé 6+6 b
Par des prévenances discrètes ; 8 a
A faire imprudemment | ses deux tristes conquêtes, 6+6 a
10 Malheur à qui s’est engagé ! 8 b
Moi-même, ce n’est pas sans peine 8 a
Que de rimer pour vous | j’ai pris quelque souci ; 6+6 b
Pourtant mon vers est dur, | mal rimé, sans haleine. 6+6 a
Par là, jugez si La Fontaine 8 a
15 Sans le travail eût réussi ! 8 b
Avec son cortège de jours, 8 a
L’an nouveau qui pour nous commence 8 b
Est comme un bataillon | de soldats qui s’avance 6+6 b
Au son du fifre et des tambours : 8 a
20 Trente de ces soldats | font une compagnie, 6+6 a
Ayant pour officier | le premier jour du mois. 6+6 b
Chacune a son guidon | qui dans l’air se déplie ; 6+6 a
Elles obéissent à la voix 9 b
D’un général en chef, | dont l’active mémoire, 6+6 a
25 Malgré leur latin, leur grimoire. 8 a
Prend soin de retenir les noms 8 a
De chacun de ses compagnons. 8 a
— Qui ne connaît, je le demande. 8 a
Le général Calendrier ? 8 b
30 Il est très-pacifique | et sans talent guerrier. 6+6 b
— Sous les ordres d’un chef | qui jamais ne gourmande 6+6 a
Les jours, ai-je dit, nos soldats. 8 a
Sans souci du péril, | sans crainte, à l’aventure, 6+6 b
Sans litière et sans nourriture. 8 b
35 Dans des sentiers affreux | qu’ils ne connaissent pas. 6+6 a
Vont gaiement égarer leurs pas. 8 a
Morne, sur son rocher, | le temps qui les regarde 6+6 a
Et monte une invisible garde. 8 a
Les abat tour à tour | avec son arc vainqueur : 6+6 a
40 — D’un trait fatal percés au cœur 8 a
Comme un château | de cartes qui s’écroulent, 4+6 a
Ils tombent lourdement et roulent 8 a
Dans ton abîme, Éternité ! 8 a
A toute fable, il faut | une moralité : 6+6 a
45 O vous qui sans regret | voyez couler les heures. 6+6 a
Si, grâce au fabliau | que je vous ai conté, 6+6 b
Vous oubliez en vos demeures 8 a
Le doigt que tient sur vous | le Temps, maître irrité. 6+6 b
Ce conte, amis, | vous aura profité. 4+6 b
50 Et moi, qui tranche ici | du bon Jean La Fontaine, 6+6 a
Je n’aurai pas perdu ma peine. 8 a
mètre profils métriques : 8, 6+6, 4+6, (9)
logo du CRISCO logo de l'université