Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
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F = "e" féminin
| = césure
BRS_1/BRS55
Henri BARBUSSE
Les Pleureuses
1895
LE SILENCE DES PAUVRES
LA CHANSON DU SOIR
Sois la grandeur, la grandeur même…
Tandis que tu chantes, j'écoute 8 a
L'éternel adieu d'autrefois, 8 b
Tout ce qui tremble dans ta voix 8 b
Du bonheur laissé sur la route. 8 a
5 Plaintive, tu chantes toujours ; 8 a
Comme notre soir est docile… 8 b
Notre divinité tranquille 8 b
C'est la longueur de tous les jours. 8 a
C'est de porter, très monotone, 8 a
10 Le sceptre de ne croire à rien, 8 b
C'est les soirs où l'on se souvient, 8 b
Où l'on frissonne, où l'on pardonne. 8 a
C'est le mal qu'hier soit passé, 8 a
Que l'aube ne t'a point suivie, 8 b
15 C'est le silence de la vie 8 b
À la prière du passé. 8 a
C'est pourquoi, calme enfant qui cueilles 8 a
Ce passé qui fut de l'espoir, 8 b
Dans ta pauvre chanson du soir 8 b
20 Les mots tremblent comme des feuilles. 8 a
Le cœur finit par s'endormir 8 a
De la tristesse de chaque heure, 8 b
Puisque c'est la loi que tout meure 8 b
Et que tout pleure de mourir. 8 a
25 Au crépuscule qui te noie, 8 a
Ô toi qui ne souris jamais, 8 b
Tes yeux purs sont toute la paix, 8 b
Ton cœur est grand comme la joie ! 8 a
Que ton âme sans horizon, 8 a
30 Accueillante à tout, triste et pure, 8 b
Soit le calme de la nature 8 b
Et la souffrance des maisons. 8 a
Oh ! sois douce, grave et bénie, 8 a
Toi qui m'as chanté la chanson 8 b
35 Où j'ai senti comme un frisson 8 b
Que la douleur est infinie. 8 a
Que nous importe l'avenir, 8 a
Moi, vieux cœur que le temps affame, 8 b
Et toi, grande âme et pauvre femme, 8 b
40 Qui n'attendons plus rien venir ! 8 a
Tu hantes la vieille demeure 8 a
Parmi le soir paisible et doux, 8 b
Et tu chantes : autour de nous 8 b
Rien n'écoute et pourtant tout pleure. 8 a
mètre profil métrique : 8
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