Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
BRS_1/BRS53
Henri BARBUSSE
Les Pleureuses
1895
LE SILENCE DES PAUVRES
LA DERNIÈRE NUIT
L'accueil tranquille et pur
Que toute cette nuit donne à tes nuits errantes…
Vois, l'azur magnifique a des lueurs errantes, 6+6 a
Et puisque le silence est comme un reposoir, 6+6 b
Baisse ton pauvre front et tes deux mains souffrantes 6+6 a
Sous toute la clarté qui te bénit ce soir. 6+6 b
5 L'azur resplendissant vêt le calme de l'heure, 6+6 a
Tout va fermer les yeux dans ce soir solennel, 6+6 b
Les astres en silence attendent que je meure 6+6 a
Et l'ombre se recueille et le temps monte au ciel. 6+6 b
Ô calme souvenir, ô reine désolée, 6+6 a
10 Puisque tout va mourir avec la nuit qui meurt, 6+6 b
Va-t'en tout doucement dans ta robe étoilée 6+6 a
Avec ton voile d'ombre et de vague rumeur. 6+6 b
Ô reine, cette nuit on dirait que tu pleures, 6+6 a
Cette nuit, c'est le triste et le suprême accueil… 6+6 b
15 Va-t'en tout doucement le long des calmes heures 6+6 a
Avec tes yeux mi-clos sur tes regards en deuil. 6+6 b
Tu pars avec la foi baignant tes yeux célestes 6+6 a
Et ton front incli de toutes les douleurs, 6+6 b
Avec le grand oubli qui s'endort dans tes gestes, 6+6 a
20 Tes gestes qui frôlaient, muets comme des fleurs. 6+6 b
La plaine est en repos comme un champ de bataille, 6+6 a
La tristesse pardonne aux cris lointains du jour 6+6 b
Et mon âme ce soir s'attendrit et tressaille 6+6 a
Ainsi qu'une douleur devant des yeux d'amour. 6+6 b
25 Oh ! la lumière en pleurs descend dans l'étendue, 6+6 a
Et le ciel somptueux frémit comme un grand deuil. 6+6 b
Je vois au fond du soir trembler, l'âme perdue, 6+6 a
Les grands cierges déserts qui veillent sur le seuil. 6+6 b
Tout entière la nuit s'adoucit comme une âme, 6+6 a
30 Je sens autour de moi la douleur du ciel pur, 6+6 b
Les pauvres souvenirs qui veillent sur la flamme 6+6 a
Et qui seront drapés dans des sanglots d'azur. 6+6 b
La terre grise attend dans l'heure désolée, 6+6 a
J'entends le vent lointain, j'entends le vent souffrir, 6+6 b
35 Pauvre ange sans couleur perdu dans la vallée… 6+6 a
Les fleurs en touffes d'or sont tristes à mourir… 6+6 b
Et tout va reposer du repos de lumière ; 6+6 a
Du fond de l'horizon un grand sanglot voi 6+6 b
Traverse lentement le silence en prière. 6+6 a
40 L'hymne de chaque soir erre au ciel étoilé. 6+6 b
Sans borne, un océan s'attriste sur le sable. 6+6 a
Dans un dernier élan le vent est mort de froid… 6+6 b
L'horizon s'est no dans l'ombre inconsolable 6+6 a
Et toute la nuit pleure, et j'ai pitié de moi ! 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
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