Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
BRS_1/BRS44
Henri BARBUSSE
Les Pleureuses
1895
LA HAINE
APPARITION
Hélas, si nous savions la fin de la journée.
Quand la chute du soir, | grande tempête nue, 6+6 a
Dépouille les maisons | au bord de l'avenue, 6+6 a
Quand dans la chambre faible, | à l'heure sans abri, 6+6 b
Le fond du cœur est vague | et désert comme un cri. 6+6 b
5 Quand la rumeur se tait | laissant dormir tranquilles 6+6 a
Les grands rêves lassés | comme les grandes villes 6+6 a
Et que tout front en deuil | s'incline dans un coin, 6+6 b
Je te vois t'ébaucher, | rêve qui viens de loin. 6+6 b
Et le blême décor, | lorsque sur tes vieux charmes, 6+6 a
10 Tes voiles, on dirait, | tombent comme des larmes, 6+6 a
C'est le jour malheureux, | c'est le jour de longueur, 6+6 b
C'est le jour et le soir, | pauvres frères sans cœur ! 6+6 b
Ton front lent et brouillé | n'est plus qu'un blanc vestige. 6+6 a
Ton œil n'est plus que triste | ainsi qu'un vieux vertige, 6+6 a
15 Et sur ta lèvre pâle | à l'ancien pli moqueur 6+6 b
S'entr'ouvre doucement | le sanglot de ton cœur… 6+6 b
Et je vois la douleur | qui vit sous ta paupière 6+6 a
Tomber de tes grands yeux | comme un peu de lumière 6+6 a
Tu viens, très malheureuse, | au foyer qui fut tien, 6+6 b
20 Tu me tends vaguement | ta main qui ne peut rien 6+6 b
Et dans les yeux ternis | à peine l'on devine 6+6 a
Le fragile rayon | dont ma lampe est divine. 6+6 a
Puis tu t'en vas toujours, | souffrance du dehors. 6+6 b
Douleur pâle du ciel | dont, tous les jours sont morts, 6+6 b
25 Angoisse du passé | toujours inassouvie, 6+6 a
Reste, douce et paisible, | au grand seuil de ma vie 6+6 a
En remuant ton voile | avec tes doigts tremblants : 6+6 b
Reste douce et paisible | avec tes cheveux blancs. 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
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