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F = "e" féminin
| = césure
BRI_2/BRI88
Auguste BRIZEUX
LA FLEUR D’OR
1874
LIVRE QUATRIÈME
A FLORENCE
À un Religieux
TU n’as point redou le cloître solitaire, 6+6 a
Le silence, et la règle invariable, austère, 6+6 a
Les macérations de la chair et du cœur, 6+6 b
Et quatre fois par jour les stations au chœur. 6+6 b
5 Tu prononças tes vœux ferme et tout d’une haleine ; 6+6 a
Et, lorsqu’on te vêtit de la robe de laine, 6+6 a
Qu’on rasa tes cheveux, sur ce front tonsu 6+6 b
Sans pâlir tu jetas l’habillement sacré. 6+6 b
Aujourd’hui doux et calme au milieu de tes frères, 6+6 a
10 Ensemble vous passez les heures en prières. 6+6 a
Et vous errez, le soir, à l’ombre du jardin, 6+6 b
Comme ces saints reclus que peignait Pérugin, 6+6 b
Qui marchaient deux à deux entourés d’auréoles, 6+6 a
Et la paix de leur cœur coulant dans leurs paroles. 6+6 a
15 Si jeune, avec un cœur plein de joie et de feu, 6+6 b
D’ordinaire à ce monde on ne dit point adieu ; 6+6 b
On lutte plus longtemps ; sous une robe noire 6+6 a
On a peur d’étouffer tout amour, toute gloire ; 6+6 a
On se confie au temps, à ses amis, au sort, 6+6 b
20 Quelquefois en secret on espère en la mort : 6+6 b
Quand tout fait faute, heureux qui sur toi se replie, 6+6 a
O résignation, grande et sainte folie ! 6+6 a
Hélas ! il est au monde, au milieu de nous tous, 6+6 b
Des êtres que le sort a brisés de ses coups, 6+6 b
25 Cœurs résignés aussi, mais sans feu, sans extase, 6+6 a
Esprits ou corps souffrants que leur mal seul embrase, 6+6 a
Ces fiers infortunés passent silencieux, 6+6 b
Graves, froids et cachant leurs pleurs à tous les yeux : 6+6 b
Ils savent qu’aujourd’hui toute plainte importune, 6+6 a
30 Mais qu’on est trop ven par la douleur commune ; 6+6 a
Ils savent, si le mal les poigne, y mettre un frein, 6+6 b
Offrir à tout venant un visage serein, 6+6 b
Et trouver sans efforts l’expression choisie 6+6 a
Pour discourir sur Dieu, l’âme et la poésie. 6+6 a
35 Oh ! cent fois plus heureux au fond de ton couvent, 6+6 b
Sous les frais oliviers où tu t’en vas rêvant, 6+6 b
Dans ton cloître de pierre, au fond de ta cellule, 6+6 a
Mille fois plus heureux, si tu peux sans scrupule 6+6 a
Te dire tout à Dieu ; si l’arbre de la foi 6+6 b
40 Où tu vins t’appuyer n’a point fléchi sous toi ; 6+6 b
Si, comme au premier jour, humble, tendre et fidèle, 6+6 a
Tu suis avec candeur Jésus ton doux modèle ; 6+6 a
Si tu ne glisses pas dans son étroit sentier ; 6+6 b
Si sa mystique chair te nourrit tout entier ! 6+6 b
45 Quand tu partis (ce fut ta dernière faiblesse), 6+6 a
Sur le refuge ouvert à ta longue vieillesse 6+6 a
Tu voulus un ciel chaud, un air pur et joyeux, 6+6 b
Pour t’égayer un jour, pauvre religieux ! 6+6 b
Renonçant à l’amour de toute créature, 6+6 a
50 Du moins tu voulus vivre encor dans la nature. 6+6 a
Près du beau fleuve Arno, sous le ciel florentin, 6+6 b
Tu choisis ton abri. C’est là que le matin 6+6 b
S’emplit de bruits charmants ; et que la luciole, 6+6 a
Le soir, le long des eaux mollement glisse et vole ; 6+6 a
55 Là des citronniers d’or couronnant la cité, 6+6 b
Des palais, et des tours, et le fleuve argenté, 6+6 b
Le noble fleuve Arno qui dans sa transparence 6+6 a
Reflète avec orgueil les vieux ponts de Florence ! 6+6 a
mètre profil métrique : 6+6
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