MÉTRIQUE EN LIGNE

a voyelle stable
er voyelle ambigüe
e "e" masculin
e "e" féminin
e "e" élidé
e "e" ignoré
e "e" écarté
12 longueur métrique
6-6 mètre

BRI_2/BRI52

Auguste BRIZEUX

LA FLEUR D’OR

1874

LIVRE PREMIER

EN BRETAGNE

L’Église blanche

	LÀ BAS, à mi-chemin│du Scorf et de l’Ellé,	6+6	a
	Sous les chênes vois-tu│cette chapelle blanche	6+6	b
	Où, garçon de douze ans,│tu chantais le dimanche,	6+6	b
	Si pur qu’on t’aurait pris│pour un jeune ange ailé ?	6+6	a
5	Eh bien ! parcours le monde,│aux sages des écoles	6+6	a
	Demande le secret│caché dans leurs paroles ;	6+6	a
	Puis, rentré dans le bourg│où fleurissait ton cœur.	6+6	a
	Tu t’écriras : « Orgueil !│vain orgueil de connaître !	6+6	b
	« Mon Dieu, le vrai savoir,│je le savais peut-être,	6+6	b
10	« Lorsque à douze ans│je chantais dans le chœur. »	4+6	a

	Au sortir de ton presbytère,	8	a
	Ce jour que vers Moel-lan│nous cheminions tous deux.	6+6	b
	Ainsi tu gourmandais│mes pensers hasardeux ;	6+6	b
	Et moi, tout en marchant,│l’œil fixé sur la terre.	6+6	a
15	Je savourais le miel│de ta parole austère.	6+6	a

	Bientôt une autre voix│fit lever mes regards.	6+6	a
	Comme deux saints dans la légende,	8	b
	En discourant de Dieu│s’en venai ent par la lande	6+6	b
	Le recteur de Moel-lan│et celui de Clô-harz.	6+6	a
20	O troupe ami e et fraternelle !	8	a
	Du grand nid d’Arzannô│tous les trois envolés,	6+6	b
	Sur trois pa ys voisins│ensemble ils sont allés	6+6	b
	S’abattre et reposer leur aile :	8	a

	Si l’an jette une plainte,│au son de cette voix	6+6	c
25	Les autres d’accourir,│et bientôt ils sont trois.	6+6	c
	Dans leur charité mutu elle.	8	a
	Heureux ces trois amis !│Heureux aussi le sol	6+6	a
	Où, guidé par le ciel,│s’est arrêté leur vol !	6+6	a

	Dans ce coin du monde celtique	8	a
30	Le temps n’a point brisé│le joug thé ocratique,	6+6	a
	Pour ces fronts de croyants│joug facile et léger,	6+6	a
	Que tous veulent subir,│dont nul ne veut changer ;	6+6	a
	Comme devant I or│s’inclinai ent nos ancêtres,	6+6	a
	Tout Breton vit heureux│sous la main de ses prêtres :	6+6	a
35	Il leur remet son âme,│eux s’en font les gardiens ;	6+6	a
	Et dans leur majesté│ces dru ides chrétiens,	6+6	a
	Maîtres, mais partageant│les communes angoisses,	6+6	a
	Promènent le niveau│de Dieu sur les paroisses.	6+6	a

	Et cependant j’échappe│à vos graves conseils !	6+6	a
40	Cette chaleur qui vient│des mystiques soleils	6+6	a
	Parfois languit au fond des âmes,	8	a
	Et pour se raviver│demande d’autres flammes.	6+6	a

	L’idé e au loin rayonne│et, libre, me sourit ;	6+6	a
	Dans ses détours il faut la suivre :	8	b
45	De mon cœur j’ai fermé le livre,	8	b
	J’ouvre celui de mon esprit.	8	a
	Mais s’il reparaît dans la lande,	8	a
	Au voyageur lassé,│prêtres, tendez la main :	6+6	b
	Ouvrez-lui votre cœur,│que le sien s’y répande,	6+6	a
50	Nul sans beaucoup d’ennuis│ne fait un long chemin.	6+6	b
	Et s’il veut vous chanter,│ô race forte et grande,	6+6	a
	Faites silence│autour du vieux dôl-men !	4+6	a

	O trinité d’amis,│alors dans votre chaîne	6+6	a
	Comme un ancien anneau│vous me rattacherez ;	6+6	b
55	Nous irons visiter│notre église et son chêne.	6+6	a
	Et, courant vers la mer,│les deux fleuves sacrés.	6+6	b
	Quand reviendront au bourg│le barde et les trois prêtres,	6+6	a
	Le grand nid d’Arzannô│frémira, tous les hêtres	6+6	a
	Agiteront dans l’air│leur feuillage troublé :	6+6	a
60	Quelle paroisse d’Armorique	8	b
	Eut plus digne couvé e,│essaim plus po étique ?	6+6	b
	Chantez, fleuve du Scorf !│chantez, fleuve d’Ellé !	6+6	a

mètre

profils métriques : 8, 6+6, 4+6