Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
BRI_1/BRI6
Auguste BRIZEUX
Marie
1831
MARIE (2)
Assez, sonneur, assez ! Vous briserez la cloche ! 6+6 a
Sa voix par les vallons roule de roche en roche. 6+6 a
Les pâtres dans l'étable ont renfermé les bœufs. 6+6 b
« Le catéchisme sonne, Iann, peignez vos cheveux. 6+6 b
5 — Vous me rapporterez, Daniel, de l'eau bénite. 6+6 c
— Et vous, partez aussi, Marie, et courez vite. » 6+6 c
Chaque jour, vers midi, par un ciel chaud et lourd, 6+6 a
Elle arrivait pieds nus à l'église du bourg, 6+6 a
Dans les beaux mois d'été, lorsqu'au bord d'une haie 6+6 b
10 On réveille en passant un lézard qui s'effraie, 6+6 b
Quand les grains des épis commencent à durcir, 6+6 a
Les herbes à sécher, et l'airelle à noircir ; 6+6 a
D'autres enfants aussi venaient de leur village, 6+6 b
Tous, pieds nus, en chemin écartant le feuillage 6+6 b
15 Pour y trouver des nids, et tous à leur chapeau 6+6 a
Portant ces nénuphars qui fleurissent sur l'eau. 6+6 a
Alors le vieux curé, par un long exercice, 6+6 b
Nous préparait ensemble au divin sacrifice, 6+6 b
Lisait le catéchisme, et, nous donnant le ton, 6+6 a
20 Entonnait à l'autel un cantique breton. 6+6 a
Mêlant nos grands cheveux, serrés l'un contre l'autre, 6+6 b
Nous écoutions ainsi la voix du digne apôtre ; 6+6 b
Lui, sa gaule à la main, passait entre les rangs 6+6 a
Et mettait les rieurs à genoux sur leurs bancs. — 6+6 a
25 Que celui dont l'enfance ennuyée et stérile 6+6 b
A langui tristement au milieu d'une ville, 6+6 b
Dans une cour obscure, une chambre, où ses yeux 6+6 a
À peine entrevoyaient la verdure et les cieux, 6+6 a
Se raille du passé, le dédaigne et l'offense ! 6+6 b
30 Hélas ! Le malheureux n'a jamais eu d'enfance ; 6+6 b
Il n'a pas grandi libre et joyeux en plein air, 6+6 a
Au murmure des pins, sur le bord de la mer ; 6+6 a
L'odeur de la forêt, et pénétrante et vive, 6+6 b
N'a point trempé ses sens ; et quelque amour naïve, 6+6 b
35 Demeurée en son cœur à travers l'avenir, 6+6 a
Jamais, vieux et chagrin, ne peut le rajeunir… 6+6 a
Oh ! Quand venait Marie, ou lorsque le dimanche, 6+6 b
À vêpres, je voyais briller sa robe blanche, 6+6 b
Et qu'au bas de l'église elle arrivait enfin, 6+6 a
40 Se cachant à demi sous sa coiffe de lin, 6+6 a
Volontiers j'aurais cru voir la vierge immortelle, 6+6 b
Ainsi qu'elle appelée, et bonne aussi comme elle ! 6+6 b
Savais-je en ce temps-là pourquoi mon cœur l'aimait, 6+6 a
Si ses yeux étaient bleus, si sa voix me charmait, 6+6 a
45 Ou sa taille élancée, ou sa peau brune et pure ? 6+6 b
Non ! J'aimais une jeune et douce créature, 6+6 b
Et sans chercher comment, sans me rien demander, 6+6 a
L'office se passait à nous bien regarder. 6+6 a
Je lui disais parfois : « embrassons-nous, Marie ! » 6+6 b
50 Et je prenais ses mains ; mais vers sa métairie 6+6 b
La sauvage fuyait ; et moi, jeune amoureux, 6+6 a
Je courais sur ses pas au fond du chemin creux ; 6+6 a
Longtemps je la suivais, sous le bois, dans la lande, 6+6 b
Dans les prés tout remplis d'une herbe épaisse et grande ; 6+6 b
55 Enfin je m'arrêtais, ne pouvant plus la voir. 6+6 a
Elle, courant toujours, arrivait au Moustoir. 6+6 a
Jours passés, que chacun rappelle avec des larmes, 6+6 a
Jours qu'en vain l'on regrette, aviez-vous tant de charmes ? 6+6 a
Ou les vents troublaient-ils aussi votre clarté, 6+6 b
60 Et l'ennui du présent fait-il votre beauté ? 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
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