Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
BRI_1/BRI43
Auguste BRIZEUX
Marie
1831
À MA MÈRE
Si je ne t'aimais pas, | qui donc pourrais-je aimer ? 6+6 a
Quand ton cœur au mien seul | semble se ranimer, 6+6 a
Lorsque dans tout le jour | peut-être il n'est point d'heure 6+6 b
Que ta pensée aimante | autour de ma demeure 6+6 b
5 Ne vienne, redoutant | mille lointains périls 6+6 a
Et des chagrins sans nombre | et dont souffre ton fils ! 6+6 a
Et quel est ton bonheur, | sinon avec ta mère, 6+6 b
Mon autre mère aussi | (car le destin sévère, 6+6 b
Sous lequel je me traîne | et m'agite aujourd'hui, 6+6 a
10 Du moins me réservait | en vous un double appui), 6+6 a
Toutes deux en secret | quel bonheur est le vôtre, 6+6 b
Sinon de me pleurer, | et toujours l'une à l'autre 6+6 b
De parler de celui | que vous ne pouvez voir, 6+6 a
D'une lettre en retard | qu'on eût dû recevoir, 6+6 a
15 Qui vous arrive enfin, | mais rouvre vos alarmes, 6+6 b
Et que vous arrosez, | comme moi, de vos larmes ? 6+6 b
Et vous vous consultez ; | et tu m'écris alors 6+6 a
Pour forcer ma paresse | à de nouveaux efforts : 6+6 a
C'est mon sort, c'est le tien ; | au besoin tu m'en pries ; 6+6 b
20 Et qu'il faut triompher | de ces sauvageries, 6+6 b
De ces fières humeurs, | de ces hauteurs de ton 6+6 a
Que me transmit mon père | avec le sang breton ; 6+6 a
Puis viennent de ces riens, | de ces mots, de ces choses, 6+6 b
Que toute femme trouve, | en écrivant, écloses, 6+6 b
25 Qu'on baise avec transport, | et qu'on relit tout bas ! 6+6 a
Oh ! Qui pourrais-je aimer, | si je ne t'aimais pas ? 6+6 a
Et malgré tes avis, | mes soins de toute sorte, 6+6 b
Si ma mauvaise étoile, | enfin, est la plus forte, 6+6 b
Si je sens par degrés | mon âme se flétrir 6+6 a
30 Et se miner mon corps, | vers qui donc recourir ? 6+6 a
Vers toi, qui toujours douce, | et bienveillante et bonne, 6+6 b
D'un reproche tardif | n'affligerais personne, 6+6 b
Dont l'esprit indulgent | n'a pas encor vieilli, 6+6 a
Dont le front, jeune encore, | est demeuré sans pli ! 6+6 a
35 Lorsque seule, en hiver, | assidue à l'ouvrage, 6+6 b
Le soir, tu sentiras | défaillir ton courage, 6+6 b
Songeant que, sans profit | pour mon bien à venir, 6+6 a
J'ai quitté la maison | pour n'y plus revenir ; 6+6 a
Quand ton cœur abîmé | dans cette idée amère 6+6 b
40 Sera près de se rompre, | alors prends, ô ma mère ! 6+6 b
Prends ce livre qu'ici | j'écrivis plein de toi, 6+6 a
Et tu croiras me voir | et causer avec moi ! 6+6 a
Tes conseils, mes regrets, | nos communes pensées 6+6 b
Y sont avec amour | et jour par jour tracées. 6+6 b
45 Ce livre est plein de toi ; | dans la longueur des nuits, 6+6 a
Qu'il vienne, comme un baume, | assoupir tes ennuis ! 6+6 a
Si ton doigt y souligne | un mot frais, un mot tendre, 6+6 b
De ta bouche riante, | enfant j'ai dû l'entendre ; 6+6 b
Son miel avec ton lait | dans mon âme a coulé ; 6+6 a
50 Ta bouche, à mon berceau, | me l'avait révélé. 6+6 a
mètre profil métrique : 6+6
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