Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
BRB_1/BRB5
Auguste BARBIER
Ïambes et poèmes
1831
ÏAMBES
QUATRE-VINGT-TREIZE
I
Un jour que de l'état | le vaisseau séculaire, 6+6 a
Fatigué trop longtemps | du roulis populaire, 6+6 a
Ouvert de toutes parts, | à demi démâté, 6+6 b
Sur une mer d'écueils, | sous des cieux sans étoiles, 6+6 c
5 Au vent de la terreur | qui déchirait ses voiles, 6+6 c
S'en allait échouer | la jeune liberté ; 6+6 b
Tous les rois de l'Europe, | attentifs au naufrage, 6+6 a
Tremblèrent que la masse, | en heurtant leur rivage, 6+6 a
Ne mît du même choc, | les trônes au néant ; 6+6 b
10 Alors, comme forbans | qui guettent une proie, 6+6 c
On les vit tous s'abattre | avec des cris de joie, 6+6 c
Sur les flancs dégarnis | du colosse flottant. 6+6 b
Mais, lui, tout mutilé | des coups de la tempête, 6+6 a
Se dressa sur sa quille, | et relevant la tête, 6+6 a
15 Hérissa ses sabords | d'un peuple de héros, 6+6 b
Et rallumant soudain | ses foudres désarmées, 6+6 c
Comme un coup de canon | lâcha quatorze armées, 6+6 c
Et l'Europe à l'instant | rentra dans son repos. 6+6 b
II
Sombre quatre-vingt-treize, | épouvantable année, 6+6 a
20 De lauriers et de sang | grande ombre couronnée, 6+6 a
Du fond des temps passés | ne te relève pas ! 6+6 b
Ne te relève pas | pour contempler nos guerres, 6+6 c
Car nous sommes des nains | à côté de nos pères, 6+6 c
Et tu rirais vraiment | de nos maigres combats. 6+6 b
25 Oh ! Nous n'avons plus rien | de ton antique flamme, 6+6 a
Plus de force au poignet, | plus de vigueur dans l'âme, 6+6 a
Plus d'ardente amitié | pour les peuples vaincus ; 6+6 b
Et quand parfois au cœur | il nous vient une haine, 6+6 c
Nous devenons poussifs, | et nous n'avons d'haleine 6+6 c
30 Que pour trois jours au plus. 6 b
mètre profils métriques : 6+6, (6)
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