Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
BRB_1/BRB4
Auguste BARBIER
Ïambes et poèmes
1831
ÏAMBES
LE LION
I
J'ai vu pendant trois jours, j'ai vu plein de colère 6+6 a
Bondir et rebondir le lion populaire, 6+6 a
Sur le pavé sonnant de la grande cité. 6+6 b
Je l'ai vu tout d'abord, une balle au côté, 6+6 b
5 Jetant à l'air ses crins et sa gueule vorace, 6+6 a
Tordre à doubles replis les muscles de sa face ; 6+6 a
J'ai vu son col s'enfler, son orbite rougir, 6+6 b
Ses grands ongles s'étendre, et tout son corps rugir… 6+6 b
Puis je l'ai vu s'abattre à travers la mêlée, 6+6 a
10 La poudre et les boulets à l'ardente volée, 6+6 a
Sur les marches du Louvre… et là, le poil en sang 6+6 b
Et ses larges poumons lui battant dans le flanc, 6+6 b
La langue toute rouge et la gueule béante ; 6+6 a
Haletant, je l'ai vu de sa croupe géante, 6+6 a
15 Inondant le velours du trône culbuté, 6+6 b
Y vautrer tout du long sa fauve majesté. 6+6 b
II
Alors j'ai vu soudain une foule sans nombre, 6+6 a
Se traîner à plat-ventre à l'abri de son ombre ; 6+6 a
J'ai vu, pâles encor du seul bruit de ses pas, 6+6 b
20 Mille nains grelotant lui tendre les deux bras ; 6+6 b
Alors on caressa ses flancs et son oreille, 6+6 a
On lui baisa le poil, on lui cria merveille, 6+6 a
Et chacun lui léchant les pieds, dans son effroi, 6+6 b
Le nomma son lion, son sauveur et son roi. 6+6 b
25 Mais, lorsque bien repu de sang et de louange, 6+6 a
Jaloux de secouer les restes de sa fange, 6+6 a
Le monstre à son réveil voulut faire le beau ; 6+6 b
Quand, ouvrant son œil jaune et remuant sa peau, 6+6 b
Le crin dur, il voulut, comme l'antique athlète, 6+6 a
30 Sur son col musculeux dresser toute sa tête, 6+6 a
Lorsqu'enfin il voulut, le front échevelé, 6+6 b
Rugir en souverain, — il était muselé. 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
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