Métrique en Ligne
BRB_1/BRB43
Auguste BARBIER
Ïambes et poèmes
1831
LAZARE
CONSCIENCE
Dieu du ciel, ô mon Dieu, par quels sombres chemins 6+6 a
Passent journellement des myriades d'humains ? 6+6 a
Combien de malheureux sous ses monceaux de pierre 6+6 b
Toute large cité dérobe à la lumière, 6+6 b
5 Que d'êtres gémissants cheminent vers la mort, 6+6 a
Le visage hâlé par l'âpre vent du sort ? 6+6 a
Ah ! Le nombre est immense, horrible, incalculable, 6+6 b
À vous faire jeter une plainte damnable ; 6+6 b
Mais ce qui vous rassure et vous surprend le plus, 6+6 a
10 C'est que dans ces troupeaux énormes de vaincus, 6+6 a
Dans ces millions de gueux voués à la souffrance, 6+6 b
Les moins forts bien souvent supportent l'existence 6+6 b
Sans qu'un cri de révolte, un cri de désespoir 6+6 a
Les écarte un seul jour des sentiers du devoir ! 6+6 a
15 Ô blanche conscience ! ô saint flambeau de l'âme ! 6+6 b
Rayon pur émané de la céleste flamme, 6+6 b
Toi, qui dorant nos fronts de splendides reflets, 6+6 a
Nous tiras du troupeau des éternels muets, 6+6 a
Dieu dans le fond des cœurs ne te mit pas sans cause : 6+6 b
20 Conscience, il faut bien que tu sois quelque chose, 6+6 b
Que tu sois plus qu'un mot par l'école inventé, 6+6 a
Un nuage trompant l'œil de l'humanité, 6+6 a
Puisqu'il est ici bas tant de maigres natures, 6+6 b
De pâles avortons, de blêmes créatures, 6+6 b
25 Tant d'êtres mal posés et privés de soutien 6+6 a
Qui n'ont pour tout trésor, pour richesse et pour bien, 6+6 a
Dans l'orage sans fin d'une vie effrayante, 6+6 b
Que le pâle reflet de ta flamme ondoyante. 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
forme globale type : suite de distiques
schéma : 14((aa))
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