Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
BRB_1/BRB41
Auguste BARBIER
Ïambes et poèmes
1831
LAZARE
LES BELLES COLLINES D'IRLANDE
Le jour où j'ai quitté | le sol de mes aïeux, 6+6 a
La verdoyante érin | et ses belles collines, 6+6 b
Ah ! Pour moi ce jour-là | fut un jour malheureux. 6+6 a
Là, les vents embaumés | inondent les poitrines ; 6+6 b
5 Tout est si beau, si doux, | les sentiers, les ruisseaux, 6+6 c
Les eaux que les rochers | distillent aux prairies, 6+6 d
Et la rosée en perle | attachée aux rameaux ! 6+6 c
Ô terre de mon cœur, | ô collines chéries ! 6+6 d
Et pourtant, pauvres gens, | pêle-mêle et nus pieds, 6+6 a
10 Sur le pont des vaisseaux | près de mettre à la voile, 6+6 b
Hommes, femmes, enfants, | nous allons par milliers 6+6 a
Chercher aux cieux lointains | une meilleure étoile. 6+6 b
La famine nous ronge | au milieu de nos champs, 6+6 c
Et pour nous les cités | regorgent de misère ; 6+6 d
15 Nos corps nus et glacés | n'ont pour tous vêtements 6+6 c
Que les haillons troués | de la riche Angleterre. 6+6 d
Pourquoi d'autres que nous | mangent-ils les moissons 6+6 a
Que nos bras en sueur | semèrent dans nos plaines ? 6+6 b
Pourquoi d'autres ont-ils | pour habits les toisons 6+6 a
20 Dont nos lacs ont lavé | les magnifiques laines ? 6+6 b
Pourquoi ne pouvons-nous | rester au même coin, 6+6 c
Et, tous enfants, puiser | à la même mamelle ? 6+6 d
Pourquoi les moins heureux | s'en vont-ils le plus loin ? 6+6 c
Et pourquoi quittons-nous | la terre maternelle ? 6+6 d
25 Ah ! Depuis bien longtemps | tel est le vent fatal 6+6 a
Qui loin des champs aimés | nous incline la tête, 6+6 b
Le destin ennemi | qui fait du nid natal 6+6 a
De notre belle terre | un pays de tempête, 6+6 b
Le mépris et la haine… | ô ma patrie, hélas ! 6+6 c
30 Pèserait-on si fort | sur tes plages fécondes 6+6 d
Que ton beau sol un jour | s'affaisserait bien bas, 6+6 c
Et que la verte érin | s'en irait sous les ondes ! 6+6 d
Mais heureux les troupeaux | qui paissent vagabonds 6+6 a
Les pâtures de trèfle | en nos fraîches vallées ; 6+6 b
35 Heureux les chers oiseaux | qui chantent leurs chansons 6+6 a
Dans les bois frissonnants | où passent leurs volées. 6+6 b
Oh ! Les vents sont bien doux | dans nos prés murmurants, 6+6 c
Et les meules de foin | ont des odeurs divines ; 6+6 d
L'oseille et les cressons | garnissent les courants 6+6 c
40 De tous vos clairs ruisseaux, | ô mes belles collines ! 6+6 d
mètre profil métrique : 6+6
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