Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
BOU_2/BOU40
Louis BOUILHET
POÉSIES. FESTONS ET ASTRAGALES
1859
LE DIEU DE LA PORCELAINE
Il est, en Chine, | un petit dieu bizarre, 4+6 a
Dieu sans pagode ; | et qu'on appelle Pu ; 4+6 b
J'ai pris son nom | dans un livre assez rare 4+6 a
Qui le dit frais, | souriant et trapu ; 4+6 b
5 Il a son peuple | au long des poteries ; 4+6 a
Et règne en paix | sur ces magots poupins 4+6 b
Qui vont cueillant | des pivoines fleuries 4+6 a
Aux buissons bleus | des paysages peints ; 4+6 b
Il vient, à l'heure | où commencent les sommes, 4+6 a
10 Quand, sous leurs toits, | les vivants sont couchés, 4+6 b
Pour réjouir | tous les petits bonshommes 4+6 a
Que le vernis | tient au vase attachés. 4+6 b
De l'un à l'autre, | il va chanter ses gammes, 4+6 a
Flaire, en passant, | le carmin des bouquets, 4+6 b
15 Ou parle bas | avec de belles dames 4+6 a
Qu'on voit sourire | à leurs gros perroquets. 4+6 b
Et si, dès l'aube, | une maîtresse active 4+6 a
Jette à ses pots | son regard empressé, 4+6 b
Elle voit bien, | tant la couleur est vive, 4+6 a
20 Que le dieu Pu | dans l'armoire a passé. 4+6 b
— Petit dieu Pu, | dieu de la porcelaine, 4+6 a
J'ai, sur ma table, | afin d'être joyeux 4+6 b
Lorsque décembre | a neigé dans la plaine, 4+6 a
Un pot de Chine, | aux dessins merveilleux : 4+6 b
25 Dans un verger, | causent des femmes graves, 4+6 a
Et, sur son banc | fait de roseaux tressés, 4+6 b
Un mandarin | tend l'oreille à deux braves 4+6 a
Qui sont debout, | depuis sept ans passés. 4+6 b
Pousse ma porte, | en tes courses nocturnes ; 4+6 a
30 Crains-tu, chez moi, | quelque outrage odieux ? 4+6 b
J'ai l'ongle long | des lettrés taciturnes, 4+6 a
Et mon chat blanc | ne mange pas les dieux. 4+6 b
Poule à tes pieds, | et, s'il te plaît, écrase 4+6 a
Mes plats d'argile | et mes grès rabougris ; 4+6 b
35 Mais de tout choc | garde, aux flancs de mon vase, 4+6 a
La glu d'émail | où le soleil s'est pris. 4+6 b
Sur les oiseaux | passe tes mains savantes, 4+6 a
Lisse la barbe | aux magots rondelets, 4+6 b
Songe au matou, | veille aux doigts des servantes, 4+6 a
40 Rends souple et fin | le crin dur des balais. 4+6 b
Et, l'œil tourné | vers Pe-Tche-Li la sainte1, 4+6 a
Je te promets | de boire à ta santé, 4+6 b
Sous les rayons | de ma lanterne peinte, 4+6 a
Un peu d'eau chaude, | avec beaucoup de thé. 4+6 b
1 Pe-Tche-Li, première province de l'empire.
mètre profil métrique : 4+6
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