Métrique en Ligne
a voyelle stable
er voyelle ambigüe
e "e" masculin
e "e" féminin
e "e" élidé
e "e" ignoré
e "e" écarté
12 longueur métrique
6-6 mètre
BOU_2/BOU24
Louis BOUILHET
POÉSIES. FESTONS ET ASTRAGALES
1859
Inque suum furtim musa trahebat opus !
OVIDIUS.
I
Au temps que j'étais pur et tout léger d'années, 6+6 a
Quand, pensif écolier, je rêvais dans les bois, 6+6 b
Toutes les nuits, alors, de roses couronnées, 6+6 a
S'inclinaient sur ma couche, avec de douces voix ; 6+6 b
5 Alors les vents du ciel berçaient de leur haleine 6+6 a
Mon sommeil étoilé de blanches visions, 6+6 b
Et tout mon cœur était comme une ruche pleine 6+6 a
Où chantaient les amours et les illusions ! 6+6 b
Alors flottaient au loin des vierges gracieuses, 6+6 a
10 Essaim au pas léger dont j'entendais le bruit, 6+6 b
Elles me regardaient, sous leurs tresses soyeuses, 6+6 a
Avec des yeux brillants et noirs comme la nuit ! 6+6 b
Puis partant, dans un songe, au pays des sultanes, 6+6 a
Je suivais la houri pâle et le front voilé, 6+6 b
15 Qui sur les golfes bleus, au branle des tartanes, 6+6 a
Mord, en rêvant d'amour, l'ambre du narguilé ! 6+6 b
Je suivais par les bois, les vallons, les collines, 6+6 a
Ces amants, sous la lune, égarés deux à deux, 6+6 b
Tandis que sous leurs pieds le sable des ravines 6+6 a
20 Craquait, et que le vent sifflait dans leurs cheveux ! 6+6 b
J'enviais dans mon cœur les jours delà jeunesse 6+6 a
Les transports, les serments et donnés et repris ; 6+6 b
Cette félicité qu'ont avec leur maîtresse 6+6 a
Les beaux étudiants, dans leur chambre à Paris ! 6+6 b
25 Et de ces mille voix, ineffable harmonie, 6+6 a
De tous ces fronts charmants, penchés sur mon sommeil, 6+6 b
Une voix m'arrivait plus douce et plus bénie, 6+6 a
Un front, plus que tout autre, était pur et vermeil ! 6+6 b
Enfant aux cheveux blonds, enivrante et timide, 6+6 a
30 Femme, par la ; douceur, ange, par la beauté, 6+6 b
Dont l'âme rayonnait dans un regard humide, 6+6 a
Comme à travers les flots un beau soleil d'été ! 6+6 b
Je La voyais toujours la dernière accourue 6+6 a
A mon chevet joyeux, où depuis j'ai pleuré ; 6+6 b
35 Quand fuyait de ses sœurs la troupe disparue, 6+6 a
Elle disait : « Enfant, c'est moi qui t'aimerai ! 6+6 b
» C'est moi qui t'aimerai, par les sentiers du monde ! 6+6 a
Moi, .qui consolerai ton cœur, dans le chemin !… » 6+6 b
Et, tous deux, à la classe où la tristesse abonde, 6+6 a
40 Nous descendions légers et la main dans la main ! 6+6 b
Bientôt tout frémissait, vision fantastique ! 6+6 a
Livres, plumes, papiers, travaux de chaque jour ! 6+6 b
Et du cahier qui tremble, et du poëme antique 6+6 a
Sortaient de jeunes voix qui me parlaient d'amour. 6+6 b
45 Enfant, elle courait dans les vers de Virgile, 6+6 a
Comme dans des sentiers pleins d'oiseaux et de fleurs, 6+6 b
Et nous cherchions, au fond de l'amoureuse idylle, 6+6 a
Un vieux chêne ignoré pour y cacher nos pleurs ! 6+6 b
Là nous causions tout bas, là mes mains inquiètes 6+6 a
50 En de riants tableaux ébauchaient l'avenir, 6+6 b
Je dressais des villas et de belles retraites 6+6 a
Où, le soir, en rêvant, je l'écoutais venir ! 6+6 b
Si bien que j'oubliais et le thème et la classe, 6+6 a
Et quand sonnait la cloche à l'appel argentin, 6+6 b
55 Le vieux maître disait, bondissant à sa place : 6+6 a
« Oh ! l'enfant paresseux qui dort sur son latin ! » 6+6 b
II
Maintenant, j'ai connu, j'ai vu, je sais le monde ; 6+6 a
Les fantômes menteurs se sont évanouis, 6+6 b
Je n'ai plus, dans la nuit, de troupe vagabonde 6+6 a
60 Qui verse à mon sommeil ses rêves inouïs ! 6+6 b
L'odalisque est trop loin, la villa n'a pas d'hôte ! 6+6 a
Dans la chambre à Paris, l'amour n'est pas venu, 6+6 b
Aucune femme encor, me suivant côte à côte, 6+6 a
N'a soutenu mon pas, suivies chemins perdu ! 6+6 b
65 Pourtant j'ai rencontré la vierge au doux visage, 6+6 a
La vierge aux cheveux blonds, qui n'a pas oublié ! 6+6 b
Toujours, j'ai vu son ombre, à l'heure du naufrage, 6+6 a
Toujours son cœur fidèle, à mes destins lié ! 6+6 b
C'était vous ! c'était vous ! ô ma muse ingénue ! 6+6 a
70 Bel ange aux rameaux verts, nymphe au cothurne d'or ! 6+6 b
O vous qui, réchauffant mon âme froide et nue, 6+6 a
M'avez bercé, le soir, comme un enfant qui dort ! 6+6 b
Vous qui m'avez donné les coupes d'ambroisie 6+6 a
Pour oublier le monde et ses rêves d'un jour ; 6+6 b
75 Vous dont le luth divin, vous dont la poésie 6+6 a
M'a consolé de tout, et même de l'amour ! 6+6 b
Car, lorsque je pleurais, sur mon âme en ruine 6+6 a
Vous êtes descendue, ô colombe de Dieu ! 6+6 b
Et j'ai senti mon cœur bondir dans ma poitrine, 6+6 a
80 Et s'élargir mon front sous vos baisers de feu ! 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
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