Métrique en Ligne
BOU_2/BOU23
Louis BOUILHET
POÉSIES. FESTONS ET ASTRAGALES
1859
J'aimai. Qui n'aima pas ? La vie est un voyage, 6+6 a
J'eus vingt ans comme un autre, et j'ai passé par là. 6+6 b
Fut-elle blonde ou brune, insouciante ou sage ? 6+6 a
Que vous fait le trépied, si mon âme y brûla ? 6+6 b
5 Puis j'appris qu'à tromper les femmes sont habiles, 6+6 a
J'ai bu ta lie amère, ô vin des passions ! 6+6 b
Je pouvais, à mon tour, m'en aller par les villes, 6+6 a
Criant ma foi perdue et mes illusions ! 6+6 b
Oui, j'ai su votre mal, ô faiseurs d'élégies, 6+6 a
10 Et, par mon cœur qui saigne averti que j'aimais, 6+6 b
J 'ai blanchi bien des nuits des feux de mes bougies, 6+6 a
Mais j'eus cette pudeur de n'en parler jamais ! 6+6 b
Parce qu'une amoureuse, un beau soir, est parjure, 6+6 a
Ce n'est point un obstacle à barrer mon chemin : 6+6 b
15 Des plis de mon manteau je cache ma blessure, 6+6 a
Trop fier pour mendier, du cœur ou de la main ' 6+6 b
Et puis, a parler net, où donc est la vergogne 6+6 a
De suspendre sa lyre auprès d'un cotillon ? 6+6 b
L'art saint me parait propre à toute autre besogne 6+6 a
20 Qu'à broyer la céruse avec le vermillon ! 6+6 b
Je n'aime point l'auteur à. la flamme éternelle 6+6 a
Oui s'offre en holocauste et périt chaque jour, 6+6 b
Parasite imprudent dont l'estomac rebelle 6+6 a
N'est pas solide assez pour digérer l'amour ! 6+6 b
25 Je déteste surtout le barde à l'œil humide 6+6 a
Qui regarde une étoile en murmurant un nom, 6+6 b
Et pour qui la nature immense serait vide, 6+6 a
S'il ne portait en croupe ou Lisette ou Ninon ! 6+6 b
Ces gens-là sont charmants, qui se donnent la peine, 6+6 a
30 Afin qu'on s'intéresse à ce pauvre univers, 6+6 b
D'attacher des jupons aux arbres de la plaine 6+6 a
Et la cornette blanche au front des coteaux verts ! 6+6 b
Certe, ils n'ont pas compris tes musiques divines, 6+6 a
Éternelle nature, aux frémissantes voix, 6+6 b
35 Ceux qui ne vont-pas seuls, par les creuses ravines, 6+6 a
Et rêvent d'une femme au bruit que font les bois ! 6+6 b
Ceux qui tout ruisselants des larmes de l'aurore, 6+6 a
Ceux qui tout parfumés par la brise du soir, 6+6 b
Ont gardé dans leur cœur assez de place encore 6+6 a
40 Pour quelque souvenir d'alcôve ou de boudoir ! 6+6 b
Poëtes, à vos luths ! tout le reste est folie ! 6+6 a
Assez de Thibaudiers ont de la passion ! 6+6 b
L'avenir est plus haut, Italie ! Italie !… 6+6 a
Qu'Énéas a bien fait de planter là Didon ! 6+6 b
45 Poëtes, à vos luths ! l'art est ce fleuve antique 6+6 a
Où Thétis aux yeux verts trempa son fils naissant. 6+6 b
Il faut y plonger nu, pour que le flot magique 6+6 a
Nous fasse autour du cœur un bouclier puissant ! 6+6 b
La foule a ses transports, ses amours et ses haines, 6+6 a
50 Ne mêlons point notre âme à ce tumulte humain, 6+6 b
Aux convives joyeux, le choc des coupes pleines, 6+6 a
A nous la lyre d'or, au pilier du festin ! 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
forme globale type : suite périodique
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