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| = césure
BER_1/BER74
Pierre-Jean de BÉRANGER
Chansons
Tome I
1815
HABIT DE COUR
ou
VISITE A UNE ALTESSE
AIR : Allez-vous-en, gens de la noce
Ne répondez plus de personne, 8 a
Je veux devenir courtisan. 8 b
Fripier, vite, que l'on me donne 8 a
La défroque d'un chambellan. 8 b
5 Un grand prince à moi s'intéresse ; 8 c
Courons assiéger son séjour. 8 d
Ah ! Quel beau jour ! 4 d
Je vais au palais d'une altesse, 8 c
Et j'achète un habit de cour. 8 d
10 Déja, me tirant par l'oreille, 8 a
L'ambition hâte mes pas, 8 b
Et mon riche habit me conseille 8 a
D'apprendre à m'incliner bien bas. 8 b
Déja l'on me fait politesse, 8 c
15 Déja l'on m'attend au retour. 8 d
Ah ! Quel beau jour ! 4 d
Je vais saluer une altesse, 8 c
Et je porte un habit de cour. 8 d
N'ayant point encor d'équipage, 8 a
20 Je pars à pied modestement, 8 b
Quand de bons vivants, au passage, 8 a
M'offrent un déjeuner charmant. 8 b
J'accepte ; mais que l'on se presse, 8 c
Dis-je à ceux qui me font ce tour. 8 d
25 Ah ! Quel beau jour ! 4 d
Messieurs, je vais voir une altesse ; 8 c
Respectez mon habit de cour. 8 d
Le déjeuner fait, je m'esquive ; 8 a
Mais l'un de nos anciens amis 8 b
30 Me réclame, et, joyeux convive, 8 a
À sa noce je suis admis. 8 b
Nombreux flacons, chants d'alégresse, 8 c
De notre table font le tour. 8 d
Ah ! Quel beau jour ! 4 d
35 Pourtant j'allais voir une altesse, 8 c
Et j'ai mis un habit de cour ! 8 d
Enfin, malgré l'aï qui mousse, 8 a
J'en veux venir à mon honneur. 8 b
Tout en chancelant je me pousse 8 a
40 Jusqu'au palais de monseigneur. 8 b
Mais, à la porte où l'on se presse, 8 c
Je vois Rose, Rose et l'amour. 8 d
Ah ! Quel beau jour ! 4 d
Rose, qui vaut bien une altesse, 8 c
45 N'exige point d'habit de cour. 8 d
Loin du palais où la coquette 8 a
Vient parfois lorgner la grandeur, 8 b
Elle m'entraîne à sa chambrette, 8 a
Si favorable à notre ardeur. 8 b
50 Près de Rose, je le confesse, 8 c
Mon habit me paraît bien lourd. 8 d
Ah ! Quel beau jour ! 4 d
Soudain, oubliant son altesse, 8 c
J'ai quitté mon habit de cour. 8 d
55 D'une ambition vaine et sotte 8 a
Ainsi le rêve disparaît. 8 b
Gaîment je reprends ma marotte, 8 a
Et m'en retourne au cabaret. 8 b
Là je m'endors dans une ivresse 8 c
60 Qui n'a point de fâcheux retour. 8 d
Ah ! Quel beau jour ! 4 d
À qui voudra voir son altesse 8 c
je donne mon habit de cour. 8 d
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