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| = césure
BEN_1/BEN55
Isaac de BENSERADE
Poésies de Benserade
1697
STANCES, SONNETS, ÉPIGRAMMES, ETC.
Espoir.
STANCES.
À la fin j’ai vaincu, malgré sa résistance ; 6+6 a
Mes larmes, mes soupirs, mes fers et mon tourment 6+6 b
Servent d’illustre pompe et de riche ornement 6+6 b
Au triomphe de ma constance. 8 a
5 La Fortune témoigne, au bien qu’elle m’envoie, 6+6 a
Dans les extrémitez de mon cruel malheur, 6+6 b
Que le plus haut étage où monte la douleur 6+6 b
Est le premier point de la joie. 8 a
De plus parfaits amans ont leur peine perduë, 6+6 a
10 À l’acquisition d’un plus débile cœur ; 6+6 b
Et jamais assiégeant ne se vit le vainqueur 6+6 b
D’une place mieux défenduë. 8 a
Ce cœur, ce fort puissant, si pressé qu’il pût être, 6+6 a
Stenoit mes assauts d’une si vive ardeur, 6+6 b
15 Que, sans capituler avecque sa pudeur. 6+6 b
Je n’en aurois pas été maître. 8 a
Et cette cruau qu’à la fin je surmonte 6+6 a
Eût tjours tenu bon, si je n’eusse promis 6+6 b
De laisser dans ce cœur deux de mes ennemis. 6+6 b
20 Et sa modestie, et sa honte. 8 a
Qu’aurois-je à désirer au comble de ma gloire, 6+6 a
Si ma bonne fortune avoit continué, 6+6 b
Ou si trop de vertu n’avoit diminué 6+6 b
L’avantage de ma victoire ? 8 a
25 Mais sur un seul dessein l’ambition se fonde ; 6+6 a
La foule de projets ne fait que nous charger : 6+6 b
Il faut prendre une ville avant que de songer 6+6 b
À la prise de tout le monde. 8 a
C’est beaucoup, si l’objet que mon âme idolâtre 6+6 a
30 Sous mon heureux pouvoir se confesse abattu : 6+6 b
Ma mtresse est vaincue, et sa seule vertu 6+6 b
Est ce qui me reste à combattre. 8 a
Aussi ne faut-il pas que je le dissimule : 6+6 a
Elle paroît armée avecque tant d’éclat 6+6 b
35 Que mon amour, qui tâche à la vaincre au combat, 6+6 b
Et la défie, et s’en recule. 8 a
J’abattrai toutefois sa fierté qui m’étonne ; 6+6 a
Elle s’efforce en vain de me contrarier, 6+6 b
Puisqu’il ne manque plus que ce petit laurier 6+6 b
40 Pour m’acquérir une couronne. 8 a
J’espère en peu de tems rendre ma gloire extrême ; 6+6 a
De ma prospéri rien n’empêche le cours, 6+6 b
Et contre sa vertu c’est un puissant secours 6+6 b
Que de m’avoir dit : Je vous aime. 8 a
45 Honoré que je suis d’une faveur si grande, 6+6 a
Et voyant quelque chose encore à désirer, 6+6 b
Auprès de sa beauté, que je ne puis quitter, 6+6 b
Je remercie et je demande. 8 a
Sévère et doux auteur des peines que j’endure, 6+6 a
50 Amour, donne à ma flâme un remède parfait ; 6+6 b
Puisque ne m’obliger que d’un demi bienfait, 6+6 b
C’est me faire une double injure. 8 a
Force cette pudeur et cette modestie, 6+6 a
De qui ma passion ne peut venir à bout : 6+6 b
55 Il est de ton honneur que je gagne le tout 6+6 b
Dont je possède une partie. 8 a
Fais qu’à mes doux transports cette belle âme cède ; 6+6 a
Dis-luy qu’elle me cause un tourment sans égal, 6+6 b
Et qu’on est obli de soulager le mal, 6+6 b
60 Quand on dispose du remède. 8 a
Ainsi, que tous les cœurs soient touchez de tes flâmes ! 6+6 a
Que tout cède au pouvoir de ton nom glorieux, 6+6 b
Puissent être à jamais tes traits victorieux 6+6 b
De la rébellion des âmes. 8 a
65 Pour moi, je bénirai ton essence immortelle ; 6+6 a
Je formeray pour toy des vœux grands, mais secrets, 6+6 b
Quand tu m’auras conduit par de si beaux progrez 6+6 b
À l’honneur d’une fin si belle. 8 a
mètre profils métriques : 8, 6+6
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