MÉTRIQUE EN LIGNE

a voyelle stable
er voyelle ambigüe
e "e" masculin
e "e" féminin
e "e" élidé
e "e" ignoré
e "e" écarté
12 longueur métrique
6-6 mètre

BCH_1/BCH88

Maurice Bouchor

LES POËMES DE L'AMOUR ET DE LA MER

1876

LA MORT DE L'AMOUR

XXXIV

	Le vent était bien doux,│la lune était bien fine,	6+6	a
	Par une nuit de mai,│par une nuit divine	6+6	a
	Où nous nous sommes tant aimés !	8	b
	Et les brises de mai,│chère, sont toujours douces,	6+6	c
5	Et des baisers d'argent│s'endorment sur les mousses,	6+6	c
	Bien que nos cœurs se soi ent fermés.	8	b

	Ah ! si nos cœurs pouvai ent│oubli er ces extases,	6+6	a
	S'ils pouvai ent, une fois│brisés, comme des vases	6+6	a
	Répandre toute leur liqueur !	8	b
10	Mais le vent d'autrefois│est encore sonore,	6+6	c
	La lune douloureuse│a des baisers encore	6+6	c
	Qui nous tombent au fond du cœur.	8	b

	Je me souviens ! la lune│éclaire la nuit noire	6+6	a
	Et verse un jour subit│au fond de ma mémoire ;	6+6	a
15	Je me souviens, je me souviens !	8	b
	Et je maudis la nuit│que la lune a béni e	6+6	c
	Et que les vents légers│emplissai ent d'harmoni e,	6+6	c
	Où tout bas je te disais : Viens…	8	b

	Je maudis ma mémoire│et la traîtreuse lune	6+6	a
20	Et le vent qui pleurait│parmi la forêt brune.	6+6	a
	Hélas ! hélas ! peut-être un jour,	8	b
	Voulant me souvenir,│tout navré de tristesse,	6+6	c
	Je maudirai la froide│et l'inerte vieillesse	6+6	c
	Capable d'oubli er l'amour !	8	b

mètre

profils métriques : 8, 6+6