Métrique en Ligne
BCH_1/BCH77
Maurice Bouchor
LES POËMES DE L'AMOUR ET DE LA MER
1876
II
LA MORT DE L'AMOUR
XXIII
Dans votre solitude, ô bois sombres et doux, 6+6 a
Je me suis enfoncé par le sentier des fous, 6+6 a
Pour voir danser, la nuit, des formes sous la lune. 6+6 a
Et pour cueillir des fleurs sentant la liberté, 6+6 b
5 Je me suis égaré dans l'ombre, épouvanté 6+6 b
De la muette horreur qui tombe avec la brune. 6+6 a
J'ai brisé le lien sanglant du souvenir ; 6+6 a
Et je me suis senti renaître et rajeunir 6+6 a
En respirant l'odeur des grandes fleurs sauvages. 6+6 a
10 J'ai vécu seul, perdu dans un rêve inouï, 6+6 b
J'ai longtemps regardé, frissonnant sous la nuit, 6+6 b
La furieuse mer flageller ses rivages 6+6 a
J'ai le vertige — ô vent du nord, rude aquilon, 6+6 a
Comme une feuille prise en ton noir tourbillon 6+6 a
15 Emporte-moi d'ici sur tes ailes farouches ! 6+6 a
Car cette solitude est maudite, et je veux 6+6 b
Sentir encore un flot ondoyant de cheveux 6+6 b
Me fouetter le visage et rouler sur ma bouche. 6+6 a
Les oiseaux qui sifflaient dans nos bois d'autrefois, 6+6 a
20 Je n ai plus entendu leur pénétrante voix ; 6+6 a
Je l'aurais oubliée à jamais, infidèle ! 6+6 a
Mais ils ont repassé dans mon ciel ténébreux ; 6+6 b
Et dans mon cœur muet mais encore amoureux 6+6 b
Ils ont laissé tomber des plumes de leurs ailes. 6+6 a
mètre profil métrique : 6+6
forme globale type : suite de strophes
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