Métrique en Ligne
BCH_1/BCH107
Maurice Bouchor
LES POËMES DE L'AMOUR ET DE LA MER
1876
III
L'AMOUR DIVIN
IX
LES FÉERIES DE LA MER
La mer, la mer ! Oh ! regardez là-bas 4+6 a
La grande mer toute blanche de voiles ! 4+6 b
Le soleil d'or prend la mer dans ses bras 4+6 a
En des baisers étincelants d'étoiles. 4+6 b
5 Paillettes d'or, saphirs et diamants 4+6 a
Font miroiter le riche écrin des vagues ; 4+6 b
La nymphe glauque aux murmures charmants 4+6 a
Peut prendre là colliers, chaînes et bagues. 4+6 b
Et le poëte amoureux des splendeurs 4+6 a
10 En qui l'on voit s'épanouir la vie, 4+6 b
Aux flots, aux cieux, aux sereines grandeurs 4+6 a
Mêlé son âme éperdue et ravie. 4+6 b
Et vers le ciel il lève les deux mains : 4+6 a
Salut ! salut ! sainte beauté physique ! 4+6 b
15 Nous ignorons les sombres lendemains, 4+6 a
Mais roule, ô mer, ta profonde musique ! 4+6 b
Quand verra-t-on s'éteindre le soleil, 4+6 a
Et quand la mer, la grande âme vivante, 4+6 b
Ensevelie en l'éternel sommeil, 4+6 a
20 Deviendra-t-elle un lit noir d'épouvante ? 4+6 b
Silencieuse épouvante des nuits, 4+6 a
Sans rayons d'or et sans ouragans sombres 4+6 b
Quand se perdront les formes et les bruits 4+6 a
Dans l'océan mystérieux des ombres ? 4+6 b
25 Qui le dira, soit-il prêtre ou savant ? 4+6 a
Hors le soleil, tout est obscur au monde : 4+6 b
Mais quelque jour se lèvera le vent 4+6 a
Pour balayer l'existence féconde. 4+6 b
Mais nous, pourquoi penser à l'avenir ? 4+6 a
30 Joyeuse mer, tu n'en es pas moins belle, 4+6 b
Et le soleil, avant de se ternir, 4+6 a
Jette en nos yeux encore une étincelle. 4+6 b
Et nous t'aimons, nature au cœur amer, 4+6 a
Grande nature impassible et divine ! 4+6 b
35 Quand d'un rayon tu réjouis la mer, 4+6 a
La volupté fait bondir ta poitrine. 4+6 b
Et quand l'amour de tes splendeurs nous prend, 4+6 a
Nous te donnons notre sang et nos âmes, 4+6 b
Et le souci de l'art tranquille et grand 4+6 a
40 Bouche nos yeux à la beauté des femmes. 4+6 b
Nous savons bien que nous ne pouvons pas 4+6 a
A tout jamais nous suspendre à ta bouche ; 4+6 b
Et que vers nous s'avance à larges pas 4+6 a
La mort, l'amante effroyable et farouche. 4+6 b
45 Mais va, sois belle, et nous t'adorerons, 4+6 a
Que les flots d'or et d'azur soient ton trône ; 4+6 b
Nous courberons l'orgueil de nos grands fronts 4+6 a
Sous un rayon du couchant vert et jaune. 4+6 b
Et nous verrons saphirs et diamants, 4+6 a
50 Paillettes d'or et rubis des soirées 4+6 b
Étinceler au cou des flots charmants, 4+6 a
Dans les cheveux des vagues empourprées 4+6 b
mètre profil métrique : 4+6
forme globale type : suite périodique
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