Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
BAN_9/BAN397
Théodore de BANVILLE
LES STALACTITES
1843-1846
L'arbre de Judée
Mais ne serait-ce pas plutôt un jeune
rameau du délicieux arbuste consacré à
l'Amour, lorsque, consumé par Siva dans
un accès de colère, il vint à renaître mille
fois plus charmant encore, grâce à la
céleste ambroisie dont l'arrosèrent les
dieux ?
Calidasa.
Lorsque Mai rougissant | rassérène les cœurs 6+6 a
Et que sourit à tous | la terre fécondée, 6+6 b
Quand sur les verts gazons | Chloris mène des chœurs, 6+6 a
Il fleurit dans le parc | un arbre de Judée. 6+6 b
5 C'est un arbre tout rose, | et sans feuilles d'abord, 6+6 a
Un tout harmonieux | que rien autre n'égale. 6+6 b
Ses longs rameaux, groupés | dans un parfait accord, 6+6 a
Ont l'air de supporter | des roses du Bengale. 6+6 b
Quand la feuille leur met | son beau satin ouvert, 6+6 a
10 Ils sont plus doux encore | au regards de l'artiste ; 6+6 b
La pourpre s'adoucit | près du feuillage vert, 6+6 a
Et la tendre émeraude | encadre l'améthyste. 6+6 b
Puisque c'est à présent | que mon arbre fleurit, 6+6 a
Je veux, couché sur l'herbe, | oubliant toutes choses, 6+6 b
15 Dans ses vivants écrins | égarer mon esprit, 6+6 a
Et pendant un moment | faire des songes roses. 6+6 b
Voyez comme l'azur | est calme et reposé, 6+6 a
Comme on se sent heureux | sans en savoir les causes, 6+6 b
Comme l'herbe frémit | sur le sol arrosé, 6+6 a
20 Comme le ciel couchant | est riche en fleurs écloses ! 6+6 b
Sous ces bosquets charmants, | épanouis pour eux, 6+6 a
Pleins d'ombrages secrets | et de faibles murmures, 6+6 b
Voyez ces beaux enfants, | ces couples amoureux 6+6 a
Qui vont en écartant | les épaisses ramures. 6+6 b
25 C'est toi, belle Rosine ! | Hélas ! le vert rideau 6+6 a
Nous dérobe tes pieds, | les plus charmants du monde. 6+6 b
C'est toi, folle Rosette | avec ton Orlando ! 6+6 a
Pauvre morte amoureuse, | est-ce toi, Rosemonde ? 6+6 b
Quel est ce bruit de cor | qui passe dans les bois ? 6+6 a
30 C'est la chasse qui vient : | salut, blanches marquises ! 6+6 b
Mettez les cœurs en flamme | et le cerf aux abois, 6+6 a
Vos paniers de satin | ont des façons exquises. 6+6 b
Près de ce rocher blanc | taillé comme un autel, 6+6 a
Ainsi qu'un lévrier | l'eau folâtre et se dresse. 6+6 b
35 Pardieu ! c'est la marquise, | avec son air cruel, 6+6 a
Qui se baigne là-bas | en nymphe chasseresse. 6+6 b
Il manque un Actéon, | ce sera le mari : 6+6 a
Il a tout ce qu'il faut, | et pourrait en revendre. 6+6 b
Abbé ! votre musique | est un charivari ! 6+6 a
40 Vous soupirez, Églé ! | Que vous a fait Silvandre ? 6+6 b
C'est ainsi que je rêve | aux temps des Pompadours. 6+6 a
Et lorsqu'un bruit aigu, | conne un cri de cigale, 6+6 b
Fait envoler le rêve, | il me reste toujours 6+6 a
Mon arbre de Judée | aux roses du Bengale. 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
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