Métrique en Ligne
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Théodore de BANVILLE
LES STALACTITES
1843-1846
Idylle
Et quum vidisti puero donata, dolebas.
Virgile.
NÉÈRE, MYRRHA.
Néère
Le soir est tiède et pur, le vent pleure. O Myrrha, 6+6 a
Notre jeune Iollas, qui souvent t'admira, 6+6 a
Va venir près de nous, sous l'arbre qui soupire, 6+6 b
Dénouer nos cheveux et caresser la lyre. 6+6 b
Myrrha
5 Néère, c'est pour toi qu'il éveille, en songeant, 6+6 a
La douce lyre, auprès de ce ruisseau d'argent. 6+6 a
Comme toi, dans mes yeux, ô Néère ! que n'ai-je 6+6 b
Ce trait qui brûle un cœur endormi sous la neige ! 6+6 b
Néère
Sa main silencieuse aime tes cheveux bruns, 6+6 a
10 D'où ses doigts pour longtemps s'en vont pleins de parfums. 6+6 a
Myrrha
Les tiens, jouet charmant de la brise qui vole, 6+6 b
Sont lisses et dorés comme un flot du Pactole. 6+6 b
Néère
Tes pieds charment la lèvre, et montrent au hasard 6+6 a
Leurs ongles transparents arrondis avec art. 6+6 a
Myrrha
15 Ta gorge est comme un marbre, et la lumière arrose 6+6 b
Sur ses fermes contours deux frais boutons de rose. 6+6 b
Néère
Que n'es-tu beau comme elle, ô bel enfant ? Hélas ! 6+6 a
J'irais en suppliante adorer Iollas ! 6+6 a
Myrrha
Iollas ! pour un jour sois semblable à Néère, 6+6 b
20 Et je n'aurai pour toi nulle froideur amère. 6+6 b
Néère
La bouche des Zéphyrs aux souffles embaumés 6+6 a
S'enivre en s'égarant sous tes bras parfumés. 6+6 a
Myrrha
Quelle autre ivresse attend les deux lèvres choisies 6+6 b
Qui, goûtant de ton cou les blanches ambroisies 6+6 b
25 Et buvant à longs traits les flammes que j'y sens, 6+6 a
Y feront circuler des frissons rougissants ! 6+6 a
Néère
Vois comme l'onde est calme, et comme la Naïade, 6+6 b
Dont la molle fraîcheur invite et persuade, 6+6 b
Semble tourner vers nous l'azur de ses yeux bleus. 6+6 a
Myrrha
30 Dans ses bras palpitants descendons toutes deux. 6+6 a
Confions notre tête à son bruit qui fascine, 6+6 b
Et notre épaule blonde à sa douce poitrine. 6+6 b
Néère
Goûtons auparavant ce doux vin. Pour nos jeux 6+6 a
La grappe y mit la force et l'emplit de ses feux. 6+6 a
Myrrha
35 Oui, mais la coupe d'or est froide à qui la touche. 6+6 b
Quel or vaut, ô ma sœur, les roses de ta bouche ! 6+6 b
Néère
Tenons-nous par la main. Ah ! ce flot est glacé ! 6+6 a
Entoure bien mon cou de ton bras enlacé. 6+6 a
Myrrha
Comme l'eau, sœur du ciel, qui flottait indécise, 6+6 b
40 Me presse avec amour ! Je suis toute surprise. 6+6 b
Néère
Chacune bien serrée avec deux bras tremblants, 6+6 a
O Myrrha ! nous voguons comme deux cygnes blancs, 6+6 a
Et sur nos fronts jumeaux aux poses familières 6+6 b
Se mêlent toutes deux nos guirlandes de lierres. 6+6 b
Myrrha
45 Le flot rasséréné, qui court sans se lasser, 6+6 a
M'enivre, et je ne sais, me sentant caresser 6+6 a
Voluptueusement dans cette paix profonde, 6+6 b
Si c'est ta chair polie, ou le zéphyr, ou l'onde ! 6+6 b
Néère
Iollas va venir de ses doigts enjoués 6+6 a
50 Tresser en folâtrant nos cheveux dénoués. 6+6 a
mètre profil métrique : 6+6
forme globale type : suite de distiques
schéma : 25((aa))
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