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BAN_9/BAN386
Théodore de BANVILLE
LES STALACTITES
1843-1846
Chère, voici le mois de mai, 8 a
Le mois du printemps parfumé 8 a
Qui, sous les branches, 4 b
Fait vibrer des sons inconnus, 8 c
5 Et couvre les seins demi-nus 8 c
De robes blanches. 4 b
Voici la saison des doux nids, 8 a
Le temps où les cieux rajeunis 8 a
Sont tout en flamme, 4 b
10 Où déjà, tout le long du jour, 8 c
Le doux rossignol de l'amour 8 c
Chante dans l'âme. 4 b
Ah ! de quels suaves rayons 8 a
Se dorent nos illusions 8 a
15 Les plus chéries, 4 b
Et combien de charmants espoirs 8 c
Nous jettent dans l'ombre des soirs 8 c
Leurs rêveries ! 4 b
Parmi nos rêves à tous deux, 8 a
20 Beaux projets souvent hasardeux 8 a
Qui sont les mêmes, 4 b
Songes pleins d'amour et de foi 8 c
Que tu dois avoir comme moi, 8 c
Puisque tu m'aimes ; 4 b
25 Il en est un seul plus aimé. 8 a
Tel meurt un zéphyr embaumé 8 a
Sur votre bouche, 4 b
Telle, par une ardente nuit, 8 c
De quelque Séraphin, sans bruit, 8 c
30 L'aile vous touche. 4 b
Camille, as-tu rêvé parfois 8 a
Qu'à l'heure où s'éveillent les bois 8 a
Et l'alouette, 4 b
Où Roméo, vingt fois baisé, 8 c
35 Enjambe le balcon brisé 8 c
De Juliette, 4 b
Nous partons tous les deux, tout seuls ? 8 a
Hors Paris, dans les grands tilleuls 8 a
Un rayon joue ; 4 b
40 L'air sent les lilas et le thym, 8 c
La fraîche brise du matin 8 c
Baise ta joue. 4 b
Après avoir passé tout près 8 a
De vastes ombrages, plus frais 8 a
45 Qu'une glacière 4 b
Et tout pleins de charmants abords, 8 c
Nous allons nous asseoir aux bords 8 c
De la rivière. 4 b
L'eau frémit, le poisson changeant 8 a
50 Émaille la vague d'argent 8 a
D'écailles blondes ; 4 b
Le saule, arbre des tristes vœux, 8 c
Pleure, et baigne ses longs cheveux 8 c
Parmi les ondes. 4 b
55 Tout est calme et silencieux. 8 a
Étoiles que la terre aux cieux 8 a
A dérobées, 4 b
On voit briller d'un éclat pur 8 c
Les corsages d'or et d'azur 8 c
60 Des scarabées. 4 b
Nos yeux s'enivrent, assouplis, 8 a
A voir l'eau dérouler les plis 8 a
De sa ceinture. 4 b
Je baise en pleurant tes genoux, 8 c
65 Et nous sommes seuls, rien que nous 8 c
Et la nature ! 4 b
Tout alors, les flots enchanteurs, 8 a
L'arbre ému, les oiseaux chanteurs 8 a
Et les feuillées, 4 b
70 Et les voix aux accords touchants 8 c
Que le silence dans les champs 8 c
Tient éveillées, 4 b
La brise aux parfums caressants, 8 a
Les horizons éblouissants 8 a
75 De fantaisie, 4 b
Les serments dans nos cœurs écrits, 8 c
Tout en nous demande à grands cris 8 c
La Poésie. 4 b
Nous sommes heureux sans froideur. 8 a
80 Plus de bouderie ou d'humeur 8 a
Triste ou chagrine ; 4 b
Tu poses d'un air triomphant 8 c
Ta petite tête d'enfant 8 c
Sur ma poitrine ; 4 b
85 Tu m'écoutes, et je te lis, 8 a
Quoique ta bouche aux coins pâlis 8 a
S'ouvre et soupire, 4 b
Quelques stances d'Alighieri, 8 c
Ronsard, le poëte chéri, 8 c
90 Ou bien Shakspere. 4 b
Mais je jette le livre ouvert, 8 a
Tandis que ton regard se perd 8 a
Parmi les mousses, 4 b
Et je préfère, en vrai jaloux, 8 c
95 A nos poëtes les plus doux 8 c
Tes lèvres douces ! 4 b
Tiens, voici qu'un couple charmant, 8 a
Comme nous jeune et bien aimant, 8 a
Vient et regarde. 4 b
100 Que de bonheur rien qu'à leurs pas ! 8 c
Ils passent et ne nous voient pas : 8 c
Que Dieu les garde ! 4 b
Ce sont des frères, mon cher cœur, 8 a
Que, comme nous, l'amour vainqueur 8 a
105 Fit l'un pour l'autre. 4 b
Ah ! qu'ils soient heureux à leur tour ! 8 c
Embrassons-nous pour leur amour 8 c
Et pour le nôtre ! 4 b
Chère, quel ineffable émoi, 8 a
110 Sur ce rivage où près de moi 8 a
Tu te recueilles, 4 b
De mêler d'amoureux sanglots 8 c
Aux douces plaintes que les flots 8 c
Disent aux feuilles ! 4 b
115 Dis, quel bonheur d'être enlacés 8 a
Par des bras forts, jamais lassés ! 8 a
Avec quels charmes, 4 b
Après tous nos mortels exils, 8 c
Je savoure au bout de tes cils 8 c
120 De fraîches larmes ! 4 b
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