Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
BAN_8/BAN370
Théodore de BANVILLE
LE SANG DE LA COUPE
1857
Le Jugement de Pâris
I
Les Noces de Pélée
Le Chœur
Sœurs du dieu de Claros, chantez en chœur. Les Dieux 6+6 a
Pleins de joie ont quitté l'Ouranos radieux 6+6 a
Pour les grands monts de Thessalie. 8 a
Tressez vos chants divins, sœurs du dieu de Claros ! 6+6 b
5 Le Nysien joyeux avec le chaste Éros, 6+6 b
La joie avec l'amour s'allie. 8 a
Éris
Des sommets que baigne le jour 8 a
Délaissant la splendeur austère, 8 b
L'Olympe descend sur la terre ; 8 b
10 Astrée heureuse est de retour. 8 a
Moi seule, sans que nul me voie, 8 a
J'écoute leurs longs cris de joie, 8 a
Et de rage mon front flamboie 8 a
Comme les leurs brillent d'amour. 8 a
15 O mon âme, foyer de haine ! 8 b
Entr'ouvre-toi sans clameur vaine, 8 b
Et contre les cœurs purs déchaîne 8 b
Quelque insatiable vautour ! 8 a
Le Chœur
Tous sont venus unis pour une même fête, 6+6 a
20 Depuis Hèra d'Argos, qui règne sur le faîte, 6+6 a
Jusqu'à la blanche Dioné. 8 a
Pallas contre la pourpre échange la cuirasse, 6+6 b
Et l'invincible Arès, le dur guerrier de Thrace, 6+6 b
Adoucit son front sillonné. 8 a
25 C'est qu'embrassant l'épouse à sa couche appee, 6+6 a
Vaincu par le Désir, l'indomptable Pée, 6+6 a
Le petit-fils du dieu des airs 8 a
Voit triompher Cypris de son dédain farouche, 6+6 b
Et dormira ce soir dans une même couche 6+6 b
30 Avec Thétis aux cheveux verts. 8 a
Pélée, élevant sa coupe
Je bois, sous l'ardente prunelle 8 a
De Zeus, porte-sceptre, aux enfants 8 b
D'Ouranos, rois et triomphants, 8 b
A toute la troupe immortelle ! 8 a
Zeus
35 Recevez mes suprêmes dons. 8 a
A toi, prince des Myrmidons, 8 a
Les combats que nous décidons ; 8 a
A toi, Thétis, la mer rebelle, 8 a
Les abîmes du flot béant, 8 b
40 Le pouvoir de mettre au néant 8 b
Les colères du flot géant… 8 b
Éris, jetant la pomme d'or
Et cette pomme à la plus belle ! 8 a
Les Déesses, à Zeus
C'est à moi, c'est à moi d'avoir le fruit doré. 6+6 a
Sur ma tempe d'ivoire et mon bras ado 6+6 a
45 La lumière rit et se joue. 8 a
L'or serre avec amour mes cheveux bien plantés, 6+6 b
Et la pourpre divine aux plis ensanglantés 6+6 b
N'a jamais fait pâlir ma joue. 8 a
L'archer Éros lui-même loue 8 a
50 Mes cheveux touffus qu'il dénoue, 8 a
Mon teint harmonieux doucement colo 6+6 a
Et mes pieds blancs qui sur le sable 8 b
Font une empreinte insaisissable. 8 b
C'est à moi, c'est à moi d'avoir le fruit doré. 6+6 a
Cypris
55 Dans la nuit où le sang d'Ouranos abhorré 6+6 a
Souilla l'Océan vaste, 6 b
Où Thétis dans ses bras, qu'en naissant j'honorai, 6+6 a
Me porta jeune et chaste, 6 b
Vers Cypre aux bords charmants, que baignent de grands flots 6+6 a
60 J'abordai solitaire, 6 b
Et tu vis sous mes pas le doux printemps éclos 6+6 a
Quand je touchai la terre. 6 b
Tu vis dans ces beaux lieux, d'où l'épouvante fuit 6+6 a
Sans que tu t'en irrites, 6 b
65 Paraître le riant Éros, fils de la Nuit, 6+6 a
Et les blanches Charites. 6 b
Et tu me dis : Leurs fronts sont semblables au tien, 6+6 a
Ne t'éloigne pas d'elles. 6 b
Sois Déesse ! et reçois pour guide et pour soutien 6+6 a
70 Ces trois divins modèles. 6 b
La forme est ton empire, et tu conserveras 6+6 a
La ligne humble et féconde, 6 b
Et tu tordras sans cesse, en élevant les bras, 6+6 a
Tes cheveux sur le monde ! 6 b
Pallas
75 O mon père, Cypris est née au sein de l'onde 6+6 a
Vierge de pas humains, 6 b
Mais moi, je m'élançai de ta tête profonde, 6+6 a
Un glaive dans les mains, 6 b
Et je t'aidai pendant la guerre difficile 6+6 a
80 Contre les durs géants, 6 b
A les précipiter sous les monts de Sicile 6+6 a
Pleins de gouffres béants. 6 b
Seule, parmi mes sœurs de la guerre alarmées, 6+6 a
Tu sais ce que je vaux, 6 b
85 Et comme je contiens les phalanges armées 6+6 a
Et le frein des chevaux. 6 b
Quand le combat frémit, tu sais si je balance, 6+6 a
Ou si dans les sillons, 6 b
Les pieds sur les mourants, je verse avec ma lance 6+6 a
90 Le sang des bataillons. 6 b
Tu sais si, chérissant ma science rigide 6+6 a
Et ma virginité, 6 b
Je les préserve encor de mon horrible égide 6+6 a
Ainsi que ma beauté ! 6 b
Hèra
95 De nous tous les grands Dieux, toi le plus redou 6+6 a
Sur les célestes cimes, 6 b
Toi qui, sûr de la force et de l'impunité, 6+6 a
Accumules les crimes, 6 b
Kroniôn ! oses-tu, sans donner leur essor 6+6 a
100 Aux suprêmes injures, 6 b
Hésiter à présent, et retourner encor 6+6 a
Le fer dans mes blessures ? 6 b
Moi, reine des humains, moi du maître des Dieux 6+6 a
Et la sœur et l'épouse, 6 b
105 Je subis des mépris qui font horreur aux cieux : 6+6 a
Mais, ô fureur jalouse ! 6 b
Peut-être qu'à la fin mon cœur qui saigne, hélas ! 6+6 a
Et ma rage obsédée 6 b
Trouveront le moyen de réduire Pallas 6+6 a
110 Comme Philomédée, 6 b
Celle qui le défend, et celle qui l'aida 6+6 a
Dans ses amours indignes, 6 b
Et qui mit dans sa voix, pour égarer Léda, 6+6 a
Le divin chant des cygnes ! 6 b
Zeus
115 Au sommet de l'Ida, sous de pauvres habits, 6+6 a
Le fils d'un roi puissant fait paître ses brebis, 6+6 a
Et couché parmi l'herbe épaisse, au pied d'un hêtre, 6+6 a
Il enfle ses pipeaux ainsi qu'un dieu champêtre. 6+6 a
Là tantôt du regard il compte ses taureaux, 6+6 a
120 Ou, soucieux, rêvant la gloire des héros, 6+6 a
Il écoute gémir les eaux du fleuve Anaure 6+6 a
Dont les flots argentés rendent un bruit sonore. 6+6 a
Il gravit les sommets dès que le jour a lui. 6+6 a
Hermès, fils de Maïa, tu vas voler vers lui, 6+6 a
125 Rapide, et franchissant les cieux à tire-d'ailes, 6+6 a
Et tu lui rediras ces paroles fidèles : 6+6 a
Pasteur aimé de Pan, ô Pâris, fils de roi ! 6+6 a
Laisse là tes brebis et calme ton effroi. 6+6 a
De l'Olympe neigeux trois Déesses sublimes 6+6 a
130 Ont pour ton jugement quitté les hautes cimes. 6+6 a
Pèse en tes mains les flots de leurs cheveux tremblants ; 6+6 a
Regarde leurs bras ; vois quels pieds sont les plus blancs, 6+6 a
Et quel sein virginal montre, par sa courbure, 6+6 a
Sous le riche péplos la forme la plus pure. 6+6 a
135 Compare la blancheur des dents et la façon 6+6 a
Dont les sourcils égaux, plantés à l'unisson, 6+6 a
S'arrondissent en arc, puis offre à la plus belle 6+6 a
Ce fruit d'or, qu'elle estime un prix bien doux pour elle. 6+6 a
Le Chœur
Comme le lait divin de la Mère immortelle 6+6 a
140 Sur l'univers entier tombe de sa mamelle 6+6 a
Et va tout féconder au loin. 8 a
Ainsi le roi des Dieux sur nous avec largesse 6+6 b
Répand dans ses discours sa féconde sagesse 6+6 b
Que nous recueillons avec soin. 8 a
145 La querelle à présent reste entre les trois reines. 6+6 a
Hèra montre aux amours des splendeurs souveraines, 6+6 a
Pallas, belle comme les soirs, 8 a
A des regards d'azur dont nul cœur ne se sauve, 6+6 b
Et Cypris, secouant sa chevelure fauve, 6+6 b
150 Met des éclairs dans ses yeux noirs. 8 a
Éris
Ainsi que les magiciennes 8 a
Composent d'amères liqueurs 8 b
En poussant des clameurs obscènes, 8 a
Ainsi j'ai des poisons vainqueurs. 8 b
155 C'est toujours le vieux sang rebelle 8 a
Qui gonfle ma rude mamelle, 8 a
Plein de ma haine, ardent comme elle. 8 a
Ah ! je brave les Dieux moqueurs 8 a
Quand je vois, malgré leurs outrages, 8 b
160 S'amasser de jalouses rages, 8 b
Et quand j'ai longtemps dans les cœurs 8 a
Épanché mon cœur plein d'orages ! 8 b
Le Chœur
Tressez vos chants divins, sœurs du dieu de Claros ! 6+6 a
Le Nysien joyeux avec le chaste Éros, 6+6 a
165 La joie avec l'amour s'allie. 8 a
Thétis aux cheveux verts est épouse, et les Dieux 6+6 b
Ont quitté sans regrets l'Ouranos radieux 6+6 b
Pour les grands monts de Thessalie ! 8 a
II
Les trois Déesses, précédées par Hermès,
traversent les airs dans des chars rayonnants.
Le Chœur sur la terre
Quelle clarté nouvelle illumine les cieux 6+6 a
170 Fulgurants, et nous force à baisser la paupière ? 6+6 b
Des feux épanouis éblouissent nos yeux. 6+6 a
Le roi Zeus est-il las de nos temples de pierre, 6+6 b
Et fait-il pour ses fils un temple de soleil ? 6+6 a
Les grands Dieux ont-ils vu briller à leur réveil 6+6 a
175 Un astre né d'hier qui veut trouver sa route, 6+6 a
D'un vol si furieux qu'il épouvantera 6+6 b
Les vieux flambeaux épars dans l'éternelle voûte ? 6+6 a
Est-ce un sanglant prodige ? ou la belle Hèra 6+6 b
A-t-elle fait encore, en secouant ses voiles, 6+6 a
180 D'une goutte de lait un chœur dansant d'étoiles ? 6+6 a
Hermès
Déesses ! pressez vos coursiers ! 8 a
Il ne faut pas que vous laissiez 8 a
La Nuit arriver la première. 8 a
Laissez fuir vos chars de lumière ! 8 a
185 Si le plaisir a peu d'instants, 8 a
Les heures comptent les tristesses. 8 b
Pressez voz coursiers, ô Déesses ! 8 b
Les Heures ont courbé le Temps. 8 a
Laissez fuir vos chars éclatants ! 8 a
Chœur des Hommes
190 Ce feu ne meurtrira que la terre où nous sommes ! 6+6 a
Quels que soient ces éclairs dont s'embrase le ciel, 6+6 b
Nous serons la victime offerte sur l'autel. 6+6 b
L'aube d'un jour fatal s'allume pour les hommes, 6+6 a
Car rien ne peut troubler l'Olympe radieux, 6+6 a
195 Et nous portons la joie et la haine des Dieux. 6+6 a
La race d'Ouranos frappe la race humaine. 6+6 a
Ainsi les cieux, par qui nous sommes éblouis, 6+6 b
Scintillèrent, vêtus de rayons inouïs, 6+6 b
Le matin de ce jour où le fils de Clymène, 6+6 a
200 Au milieu des clameurs de la terre en sanglots, 6+6 a
Funeste et foudroyé, s'abîma dans les flots. 6+6 a
Hèra
Aglaïa, Thalie, Euphrosyne, 8 a
Vous qui savez donner le regard qui fascine, 6+6 a
S'il est vrai, sur l'Olympe aux ombrages dormants, 6+6 a
205 Qu'un jour je vous conçus dans des baisers charmants, 6+6 a
Plus rapides cent fois que la flèche des Thraces 6+6 b
Qui vole avec des sifflements, 8 a
Et que le vautour fauve et les corbeaux voraces, 6+6 b
Venez, et volez sur mes traces ! 8 b
Chœur des Femmes
210 Jadis, comme aujourd'hui, les cieux que nous voyons 6+6 a
Scintillèrent, brillants de pourpre et de rayons, 6+6 a
Et montrèrent aux yeux des splendeurs inconnues. 6+6 a
Les hommes étonnés se demandaient entre eux 6+6 b
Si la foudre aux cent voix se forgeait dans les nues, 6+6 a
215 Ou si, défaits après des combats désastreux, 6+6 b
D'autres Titans mouraient dans les flammes célestes. 6+6 a
Ce fut le jour, ô jour à jamais abhorré ! 6+6 b
Où succombant, hélas ! à des conseils funestes, 6+6 a
La mère de Bacchos, sur son lit véné 6+6 b
220 Duquel, avant le jour, on avait vu descendre 6+6 a
Un dieu tout rayonnant, tomba réduite en cendre. 6+6 a
Pallas
Volez, ô mes coursiers sans frein, 8 a
Habitués au bruit des boucliers d'airain, 6+6 a
Vous qui, lorsque la Guerre éblouissait confuse, 6+6 a
225 Écrasiez sous vos pieds les artisans de ruse ! 6+6 a
Brillez comme autrefois, armes que je suspends 6+6 b
A mon égide, et toi, Méduse, 8 a
Pour me faire plus belle emplis d'éclairs rampants 6+6 b
Tes cheveux qui sont des serpents ! 8 b
Le Chœur
230 Phoebos a-t-il encore à quelque téméraire 6+6 a
Confié pour un jour son char d'or et d'onyx ? 6+6 b
A-t-il promis d'avance et juré par le Styx ? 6+6 b
D'autre Nymphes en pleurs par un chant funéraire 6+6 a
Vont-elles consoler une autre ombre, et va-t-on 6+6 a
235 Voir tomber dans les flots un nouveau Phaëton ? 6+6 a
Pour une autre rivale aimante et préfée, 6+6 a
La déesse d'Argos, comme pour Sémélé, 6+6 b
A-t-elle empli de haine une feinte doe ; 6+6 a
Et le roi Zeus, du haut de son nuage ailé, 6+6 b
240 Vient-il chercher encore, épouvantant nos âmes, 6+6 a
Une amante aux beaux yeux qui mourra dans les flammes ? 6+6 a
Hermès
Déesses, pressez vos coursiers ! 8 a
Plus vite que nos blancs ramiers 8 a
Et que notre rose courrière, 8 a
245 Laissez fuir vos chars de lumière ! 8 a
Tandis qu'en vos cœurs palpitants 8 a
La colère met ses ivresses, 8 b
Pressez vos coursiers, ô Déesses ! 8 b
Avec l'Euros et les autans 8 a
250 Laissez fuir vos chars éclatants ! 8 a
Chœur des Femmes
Quand Sémélé portait Bacchos dans ses entrailles, 6+6 a
Furieuse, et rêvant de promptes représailles, 6+6 a
Hèra sentit la rage emplir son cœur jaloux. 6+6 a
Sur son lit solitaire elle versa des larmes, 6+6 b
255 Et par ces mots amers exhala son courroux : 6+6 a
Quoi ! ce n'est point assez d'avoir vu tous mes charmes 6+6 b
Haïs et dédaignés pour des baisers mortels ! 6+6 a
Non contente à la fin d'outrager mes autels, 6+6 a
Et d'attirer à soi, lorsque la nuit scintille, 6+6 a
260 L'amour de Zeus qui fuit loin de mes bras tremblants, 6+6 b
Ma rivale en reçoit un gage dans ses flancs ! 6+6 b
Mais, ô Kronos, Titan rusé, je suis ta fille ! 6+6 a
Elle dit. Aussitôt elle ride son front 6+6 a
Comme s'il eût des ans subi le rude affront. 6+6 a
265 De rares cheveux gris elle ombrage sa tempe, 6+6 a
Et fuit vers Sémé dans un nuage d'or. 6+6 b
Sérieuse, courbée, et portant une lampe, 6+6 a
Parlant à mots comptés d'une voix ferme encor, 6+6 b
Elle avait tout l'aspect de la sage nourrice 6+6 a
270 Béroë, qui porta Sémélé dans ses bras. 6+6 b
Hélas ! dit-elle, enfant, redoute un artifice. 6+6 a
Bientôt, le cœur gonflé de pleurs, tu gémiras, 6+6 b
Car souvent un mortel, le mensonge à la bouche, 6+6 a
Est monté comme dieu sur une chaste couche. 6+6 a
275 Si l'amant de tes nuits est le Dieu des humains, 6+6 a
Qu'il vienne à toi, brillant des clartés qu'il étale 6+6 b
Aux genoux dédaigneux de Hèra ta rivale, 6+6 b
Ceint d'éclairs et terrible, avec la foudre aux mains. 6+6 a
Ce discours éveilla l'orgueil de la Thébaine. 6+6 a
280 En flattant de la main ses longs cheveux d'ébène, 6+6 a
Le roi Zeus se lia par un fatal serment. 6+6 a
Et quand, rouge d'éclairs, il vint, céleste amant, 6+6 a
Dans son triomphe heureux que l'univers acclame, 6+6 a
La mortelle, livrée à ses destins écrits, 6+6 b
285 Sentit son fol espoir expirer dans la flamme 6+6 a
Et sa vie à l'Orcos fuir avec de grands cris. 6+6 b
Cypris
Au-dessus des mers et des syrtes, 8 a
De Cypre bien aimée, où fleurissent les myrtes, 6+6 a
Venez, fendez la nue et l'air étincelant, 6+6 a
290 Colombelles de neige au plumage tremblant ! 6+6 a
Et vous aussi, venez, mes fils aux blondes ailes, 6+6 b
Que le cœur cherche en se troublant ! 8 a
Pour le berger qui vaut tous les amants rebelles 6+6 b
Rendez-moi belle entre les belles ! 8 b
Chœur des Hommes
295 Phaëton, outra par le dédain moqueur 6+6 a
D'Épaphos, et blessé par lui dans son cher cœur, 6+6 a
Alla, par les conseils de Clymène sa mère, 6+6 a
Jusques aux palais d'or de Phoebos-Apollon. 6+6 b
Le dieu lui confia, malgré sa crainte amère, 6+6 a
300 Son char et ses chevaux au souffle d'aquilon. 6+6 b
Et, dès qu'à l'Orient s'enfuirent les étoiles, 6+6 a
Que dans les vastes cieux, de sa beauté surpris, 6+6 b
L'Aurore, rougissant de paraître sans voiles, 6+6 a
Montra son front semblable à des rosiers fleuris, 6+6 b
305 Le mortel, ignorant où l'entrnaient ses fraudes, 6+6 a
Lança le char divin constellé d'émeraudes. 6+6 a
Bientôt, habitués à de plus fortes mains, 6+6 a
Les chevaux du Soleil s'écartent de la route. 6+6 b
Phaëton, étranger aux célestes chemins, 6+6 a
310 Tressaille, et de terreur son âme s'emplit toute. 6+6 b
Il voit les monts s'ouvrir, les fleuves se sécher, 6+6 a
Les forêts devenir un immense bûcher, 6+6 a
Et comme des flambeaux se consumer les astres. 6+6 a
Alors la Terre énorme, en proie à ces désastres, 6+6 a
315 Supplia Zeus vengeur dans les cieux étoilés, 6+6 a
Déplorable, et montrant sa tête flamboyante, 6+6 b
Son vaste sein tari, ses grands cheveux brûlés, 6+6 a
Et ses os de rochers fondus en lave ardente. 6+6 b
Zeus irrité lança du haut du ciel vermeil 6+6 a
320 Sa foudre sur le char enflammé du Soleil. 6+6 a
Laissant derrière lui des sillons de lumière, 6+6 a
Phaëton s'abîma dans le vaste Éridan. 6+6 b
Telle du vaste azur tombe au fleuve Océan 6+6 b
Une étoile, ravie à sa splendeur première. 6+6 a
325 Sur un lit de roseaux le cadavre meurtri 6+6 a
Fut lavé par les mains des tristes Hélïades 6+6 b
Avec les eaux du ciel et les pleurs des Hyades. 6+6 b
Phoebos en fut ému ; de leur front tout flétri 6+6 a
Des rameaux verdoyants jaillirent avec force 6+6 a
330 Et leur sein virginal s'environna d'écorce. 6+6 a
Hermès
Déesses, pressez vos coursiers ! 8 a
Comme la flamme des trépieds 8 a
Que le vent torde leur crinière ! 8 a
Laissez fuir vos chars de lumière ! 8 a
335 Qu'ils soient comme les feux ardents, 8 a
Frères des foudres vengeresses ! 8 b
Pressez vos coursiers, ô Déesses ; 8 b
Comme la flamme aux mille dents 8 a
Laissez fuir vos chars éclatants ! 8 a
Le Chœur
340 D'une goutte de lait un chœur dansant d'étoiles 6+6 a
Est-il sorti superbe et la couronne au front, 6+6 b
Comme lorsque Hèra, secouant ses grands voiles, 6+6 a
Argenta ce chemin que tous les Dieux suivront, 6+6 b
Et fit, en épanchant ses mamelles sacrées, 6+6 a
345 Des mers de diamant dans les mers azues ? 6+6 a
On dirait que les Dieux, retirés dans leurs camps, 6+6 a
Se sont fait un rempart avec mille volcans. 6+6 a
Pourtant sur leurs autels ceints de fleurs et de lierre, 6+6 a
Le sang versé ruisselle avec des vers pieux. 6+6 b
350 Quelle clarté nouvelle illumine les cieux 6+6 b
Fulgurants, et nous force à baisser la paupière ? 6+6 a
III
Les Nymphes et les Naïades du fleuve
entourent Pâris endormi sur le mont Ida.
Chœur des Nymphes et des Naïades
Sommeille, ô bel enfant, et que le dieu voi 6+6 a
Égare tes yeux bleus dans un rêve étoilé ! 6+6 a
Vêtu d'un sombre azur, comme le ciel nocturne, 6+6 a
355 Qu'il verse autour de toi les trésors de son urne, 6+6 a
Et te fasse entrevoir sur ces coteaux penchants 6+6 a
L'Olympe, débordé de lumière et de chants. 6+6 a
Sommeille ! pour sourire à ta beauté fatale, 6+6 a
J'ai quitté les frcheurs de mon onde natale, 6+6 a
360 Et renoncé, tandis que le jour brille encor, 6+6 a
A tresser mes cheveux pareils au sable d'or. 6+6 a
Car la Nymphe du fleuve et des grottes profondes 6+6 a
T'aime avant les grands bois et la frcheur des ondes. 6+6 a
Lorsque ta mère Hécube, avec un doux espoir, 6+6 a
365 Te portait dans son sein, un songe lui fit voir 6+6 a
Un flambeau sortir d'elle et mettre en feu l'Asie. 6+6 a
Et, sitôt que du jour tu gtas l'ambroisie, 6+6 a
Tu fus dans ces grands bois, par tes frères jaloux, 6+6 a
Exposé sans défense aux morsures des loups. 6+6 a
370 Mais moi, dans ma pitié, sur des tapis de mousse 6+6 a
J'ai recueilli d'abord ton enfance humble et douce ; 6+6 a
Et, tu le sais, berger, plus tard, quand tu revins, 6+6 a
Heureuse, et frappant l'herbe avec mes pieds divins, 6+6 a
J'ai, la robe flottante et le front ceint de lierre, 6+6 a
375 Conduit sous ces grands bois ma danse régulière. 6+6 a
Puisque je veille ainsi, comme sur des trésors, 6+6 a
Sur ta calme beauté, dors, ô bel enfant ! dors. 6+6 a
Que le vague Morphée en songe t'émerveille ! 6+6 a
Mais sa paupière s'ouvre, ô mes sœurs, il s'éveille : 6+6 a
380 Comme au sortir d'un rêve, il pâlit, et ses yeux, 6+6 a
Levés languissamment vers l'abîme des cieux, 6+6 a
Semblent y contempler des formes inconnues. 6+6 a
Quels chars éblouissants sortent du sein des nues ? 6+6 a
Quelles divinités quittent le ciel serein ? 6+6 a
385 C'est la sage Hèra, Pallas au cœur d'airain, 6+6 a
Dont le lourd bouclier brille parmi les ombres, 6+6 a
Et Cypris aux yeux noirs, amante des nuits sombres. 6+6 a
Pâris
Mes sœurs, vous qui dansez au fond des bois épais, 6+6 a
Ou qui cherchez dans l'ombre une amoureuse paix, 6+6 a
390 Cependant que les flots, que votre voix étonne, 6+6 a
Disent aux durs rochers leur ennui monotone, 6+6 a
Fuyez au bois ! fuyez sous les ruisseaux d'argent ! 6+6 a
Moi, sur le bord du fleuve, en berger diligent, 6+6 a
J'assemble les troupeaux de brebis et de chèvres, 6+6 a
395 Charmés par les doux chants qui coulent de vos lèvres, 6+6 a
Parmi l'herbe des prés où je les ai conduits, 6+6 a
Car les Dieux n'aiment pas que nos regards, séduits 6+6 a
Par les rayons brûlants dont leur couronne est ceinte, 6+6 a
Affrontent leurs regards et leur majesté sainte ! 6+6 a
Hermès
400 Pasteur aimé de Pan, ô Pâris, fils de roi ! 6+6 a
Laisse là tes brebis et calme ton effroi. 6+6 a
De l'Olympe neigeux trois déesses sublimes 6+6 a
Ont pour ton jugement quitté les hautes cimes. 6+6 a
Pèse en tes mains les flots de leurs cheveux tremblants ; 6+6 a
405 Regarde leurs bras ; vois quels pieds sont les plus blancs, 6+6 a
Et quel sein virginal montre, par sa courbure, 6+6 a
Sous le riche péplos la forme la plus pure. 6+6 a
Compare la blancheur des dents et la façon 6+6 a
Dont les sourcils égaux, plantés à l'unisson, 6+6 a
410 S'arrondissent en arc, puis offre à la plus belle 6+6 a
Ce fruit d'or, qu'elle estime un prix bien doux pour elle. 6+6 a
Hèra
Fils de Priam, approche et viens à mon côté. 6+6 a
Si tu m'offres le prix qu'on garde à la beauté, 6+6 a
Avec tous les trésors dont l'homme s'extasie, 6+6 a
415 Je puis mettre à tes pieds les trônes de l'Asie. 6+6 a
Règne. Après les grands Dieux on adore les rois, 6+6 a
Car, affranchis comme eux de la pudeur des lois, 6+6 a
Ils savent le secret des plus humbles retraites, 6+6 a
Et trouvent pour leurs vœux toutes leurs amours prêtes. 6+6 a
420 La pourpre, sur leurs corps divins et sur leurs fronts, 6+6 a
Cache aux regards de tous le sang et les affronts, 6+6 a
Et leur désir ailé, sans limite et sans règle, 6+6 a
S'en va droit à son but, comme le vol de l'aigle ! 6+6 a
Pallas
Fou qui, pouvant prétendre à de riches butins, 6+6 a
425 S'endormirait stupide au milieu des festins ! 6+6 a
Mais moi, loin de t'offrir la pourpre, à tort vane, 6+6 a
Qu'un ennemi mourant n'a pas ensanglane, 6+6 a
Vain effroi du vulgaire et des jeunes taureaux, 6+6 a
Je te rendrai l'égal des plus vaillants héros. 6+6 a
430 Dans les champs de bataille, horreur des pâles veuves, 6+6 a
Où le sang débordé teint de rouge les fleuves, 6+6 a
Sur les fronts les plus hauts j'alourdirai ton bras, 6+6 a
J'endurcirai ton cœur, et tu t'enivreras 6+6 a
Des clairons pleins de cris, des poudreuses mêes 6+6 a
435 Et du tressaillement des foules écroues ! 6+6 a
Cypris
Tombez, voiles jaloux ! Vois les trésors épars 6+6 a
Dont j'ose sans rougir enivrer tes regards. 6+6 a
Admire mes cheveux d'or pur, mon corps d'ivoire, 6+6 a
Où, parmi les blancheurs, tressaille une ombre noire. 6+6 a
440 Qu'ai-je à faire du sceptre et des lourds boucliers ? 6+6 a
Ces charmes tant chéris, si souvent suppliés, 6+6 a
Sont des boucliers sûrs et de paisibles armes. 6+6 a
En échange du prix qui cause tant d'alarmes, 6+6 a
La fille que Léda conçut près des flots bleus, 6+6 a
445 Dans les embrassements du beau cygne onduleux, 6+6 a
Livrera sans colère à ton amour fidèle 6+6 a
Son corps charmant, semblable au mien.
Pâris laisse tomber la pomme aux pieds de Cypris.
Pâris
A la plus belle ! 6+6 a
Cypris
Déesses au cœur fier, habiles au mépris, 6+6 a
Voyez quelles beautés ont mérité le prix ! 6+6 a
450 C'est toi qui sur l'Olympe, en ses cavernes basses, 6+6 a
Hèra ! dans des baisers charmants conçus les Grâces, 6+6 a
Et qui les enfantas dans de grandes douleurs. 6+6 a
Le sang pur de ta veine a coulé dans les leurs, 6+6 a
Tu leur ouvres tes bras, et tu verses sur elles 6+6 a
455 L'intarissable flot des bontés maternelles. 6+6 a
Tu les as fait monter au Parnasse divin, 6+6 a
Près des Muses leurs sœurs, et pourtant, c'est en vain 6+6 a
Que, sur le roc sonore où les guide Euphrosyne, 6+6 a
Tu leur as deman le regard qui fascine. 6+6 a
460 Et toi, qui des combats affrontes les hasards, 6+6 a
A quoi donc t'ont servi tes coursiers et tes dards ? 6+6 a
Ton front, que l'homme craint plus qu'il ne le révère, 6+6 a
N'a pas été la par des baisers de mère ; 6+6 a
C'est par une blessure où brilla le sang clair 6+6 a
465 Que tu jaillis du front de Zeus, comme un éclair, 6+6 a
Et jamais un amant, à l'aurore naissante, 6+6 a
N'a tordu tes cheveux dans sa main frémissante. 6+6 a
Il faut que ton orgueil descende à l'avouer : 6+6 a
Les hommes en retour dédaignent de louer 6+6 a
470 Celles qui, leur prenant le casque et la cuirasse, 6+6 a
Préparent des festins pour le corbeau vorace. 6+6 a
Mais celle qui chérit mes mystères vantés, 6+6 a
Je lui donne le sens des sages voluptés. 6+6 a
Elle boit à ma coupe, et, sur toute la terre, 6+6 a
475 Apprend comme aux bosquets de Cypre et de Cythère, 6+6 a
Où j'emplis de soupirs les ombrages discrets, 6+6 a
Tout ce que ma ceinture enferme de secrets ! 6+6 a
Et maintenant venez, mes fils aux blondes ailes, 6+6 a
Et vous dont le plumage est blanc, mes colombelles : 6+6 a
480 Fuyons les cris de rage et les espoirs déçus ! 6+6 a
Fendez le sein des airs, et volez au-dessus 6+6 a
Des bois profonds, des mers, des rochers et des syrtes 6+6 a
Vers Cypre bien aimée, où fleurissent les myrtes ! 6+6 a
Pallas
O durs affronts, tombés dans des cœurs immortels ! 6+6 a
485 Qui désormais voudra, sur nos tristes autels, 6+6 a
Pour attirer à soi des regards plus propices, 6+6 a
Faire couler à flots le sang des sacrifices ? 6+6 a
Hèra ! viens ! pour guérir notre cœur ulcéré, 6+6 a
Dépouillons la splendeur de notre front sacré. 6+6 a
490 Cherchons l'ombre et le bruit, les promptes funérailles, 6+6 a
Les champs tièdes encor de récentes batailles, 6+6 a
Où, privés pour jamais du calme des tombeaux, 6+6 a
Les héros mutilés râlent, où les corbeaux, 6+6 a
Sombres comme l'Érèbe ou comme nos penes, 6+6 a
495 Planent sinistrement en légions pressées ! 6+6 a
Les Déesses, précédées par Hermès, s'envolent sur leurs chars.
Le Chœur
C'est moi, fils de Priam, qui parmi ces grands bois 6+6 a
Ai doucement, aux sons cadencés de ma voix, 6+6 a
Guidé tes premiers pas sur l'herbe, et quand naguères 6+6 a
Tu parus dans les jeux, né pour les grandes guerres, 6+6 a
500 Tu vainquis même Hector, qui de tous tes rivaux 6+6 a
Était le plus habile à dompter les chevaux. 6+6 a
Maintenant, pour juger les Déesses en larmes 6+6 a
Choisi par le roi Zeus, ô berger, tu les charmes ! 6+6 a
Tel fut ce bel enfant que je ne verrai plus, 6+6 a
505 Ganymède, enle sur ces monts chevelus, 6+6 a
Ou tel dans Naxos vint, sur la mouvante lame, 6+6 a
Lysios florissant, au visage de femme. 6+6 a
Pâris
O mon Hélène ! Hélène, orgueil charmant des cieux, 6+6 a
Est semblable à Cypris ! O flots silencieux ! 6+6 a
510 O mers ! O bois profonds ! leurs cheveux clairs et sombres 6+6 a
Sont, comme vous, baignés de lumières et d'ombres. 6+6 a
O nuit voilée, en pleurs pour Phoebos qui s'enfuit ! 6+6 a
Torrents échevelés qui roulez dans la nuit ! 6+6 a
O neiges des hauteurs ! Temples au front d'ivoire ! 6+6 a
515 Tels brillent leurs pieds blancs et leur prunelle noire. 6+6 a
Nymphes qui sur moi seul attachez vos regards, 6+6 a
Oh ! qui m'emportera vers Hélène ! Quels chars ? 6+6 a
Quelles mers ? Quels zéphyrs, amants des cieux d'étoiles ? 6+6 a
Quels rapides vaisseaux, ailés de blanches voiles ? 6+6 a
Le Chœur
520 Que les arbres noueux, épargnés par les ans 6+6 a
Tombent sous la cognée et les marteaux pesants ! 6+6 a
Qu'avec des bruits pareils à la voix des tonnerres, 6+6 a
Roulent déracinés les chênes centenaires ! 6+6 a
Que la Dryade en pleurs torde ses bras tremblants 6+6 a
525 Et saigne autour de toi la sève de ses flancs ! 6+6 a
Quand le flot frémira sous tes légers navires, 6+6 a
Moi-même, abandonnant mes cheveux aux zéphyres, 6+6 a
Je viendrai de ta route écarter les dangers 6+6 a
Et pousser de mes mains tes navires légers. 6+6 a
530 Thétis pour me sourire apaisera ses ondes, 6+6 a
Et rira de me voir sous ses grottes profondes. 6+6 a
En quittant le rivage aimé des matelots 6+6 a
Où régna Dardanos, où, roulant ses grands flots, 6+6 a
L'Ismare dans la mer jette une onde afflie, 6+6 a
535 Gagne la mer de Thrace, où le cap de Pane 6+6 a
A l'ombre des palmiers montre, couvert de lys, 6+6 a
Le mausolée où dort l'amoureuse Phyllis ; 6+6 a
Autour de son tombeau, tu reverras l'enceinte 6+6 a
Où, fatiguant les airs d'une inutile plainte, 6+6 a
540 Elle appela neuf fois son jeune époux absent. 6+6 a
Sous les arbres en fleur, son spectre pâlissant 6+6 a
Le cherche encor parfois au milieu des arènes 6+6 a
Et revient l'appeler pendant les nuits sereines. 6+6 a
Tu verras l'Achaïe et ses riches cités, 6+6 a
545 Mycènes la superbe et Phthie aux champs vantés 6+6 a
Que la limpide mer baigne comme une amante. 6+6 a
Dès qu'à tes yeux fuiront les prés de l'Érymanthe, 6+6 a
Sparte t'appartra, Sparte où tendent tes vœux, 6+6 a
Où les vierges, mes sœurs, dénouant leurs cheveux, 6+6 a
550 Aux bords de l'Eurotas cueillent le laurier-rose. 6+6 a
C'est là qu'abandonnée à des chagrins sans cause, 6+6 a
Hélène, les cheveux épars sur son sein nu, 6+6 a
Attend sans le savoir son amant inconnu, 6+6 a
Et, dans ses longues nuits aux souffrances sans trêves, 6+6 a
555 Étreint de ses deux bras les fantômes des rêves. 6+6 a
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