Métrique en Ligne
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Théodore de BANVILLE
LE SANG DE LA COUPE
1857
A Henri Heine
O poëte ! à présent que dans ta chère France, 6+6 a
L'Amante au froid baiser t'a pris à la souffrance, 6+6 a
Et que sur ton front pâle, encore endolori, 6+6 b
Le calme harmonieux du trépas a fleuri ; 6+6 b
5 A présent que tu fuis vers l'astre où la musique 6+6 a
Pure t'enivrera du rhythme hyperphysique, 6+6 a
Tu soulèves la pierre inerte du tombeau, 6+6 b
Et, redevenu jeune, enthousiaste et beau, 6+6 b
Loin de ce monde empli d'épouvantes frivoles, 6+6 a
10 Libre de tous liens, mon frère, tu t'envoles 6+6 a
Aux rayons dont fourmille et frémit l'éther bleu, 6+6 b
Le visage riant comme celui d'un dieu ! 6+6 b
Vêtu du lin sans tache et de la pourpre insigne, 6+6 a
Couronné, rayonnant, tu joins la voix du cygne 6+6 a
15 Au concert que faisaient dans le désert des cieux 6+6 b
Les sphères gravitant sur leurs légers essieux ; 6+6 b
Glorieux, tu redis les chants qui sur la terre 6+6 a
N'ont fléchi que le tigre et la noire panthère, 6+6 a
Et tu vois accourir vers toi, ravis d'amour, 6+6 b
20 Les constellations et les lys. A l'entour, 6+6 b
Sous le voile meurtri d'une Aurore qui saigne, 6+6 a
La lumière en pleurant dans ton ode se baigne ; 6+6 a
Dans les jardins de feu, les roses de mille ans 6+6 b
Pour la boire ont ouvert des calices brûlants ; 6+6 b
25 La vigne et les raisins de l'immortelle joie, 6+6 a
Rougissants de désirs sous la treille qui ploie, 6+6 a
Laissent pendre leurs fruits gonflés sur les chemins, 6+6 b
Et toi, vers les rameaux tendant tes belles mains 6+6 b
Heureuses de cueillir les célestes vendanges, 6+6 a
30 Tu montes dans l'azur en chantant des louanges ! 6+6 a
mètre profil métrique : 6+6
forme globale type : suite de distiques
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