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| = césure
BAN_8/BAN343
Théodore de BANVILLE
LE SANG DE LA COUPE
1857
Louanges d'Aurélie
Toi qui rêvas parmi les lys, 8 a
Avec le sylphe et les willis 8 a
Pour coryphées, 4 b
Et la rosée en diamants, 8 c
5 Un théâtre pour les amants 8 c
Et pour les fées ! 4 b
Je sais, poëte du roi Lear, 8 a
Une femme qui fait pâlir 8 a
Toutes les flammes 4 b
10 Dont ta noble main couronna 8 c
Juliette et Desdémona, 8 c
Ces blanches âmes ! 4 b
Elle avait au front moins de fleurs, 8 a
Celle que, d'amour et de pleurs 8 a
15 Tout arrosée, 4 b
La lune rêveuse, en songeant, 8 c
Couronnait de rayons d'argent 8 c
Et de rosée. 4 b
Elle avait moins de doux regards, 8 a
20 Celle qui, les cheveux épars 8 a
Sur son épaule, 4 b
Blanche comme un camellia, 8 c
A sa servante Émilia 8 c
Chantait le Saule ! 4 b
25 Il est moins agréable au ciel, 8 a
Cet ange qu'un chant immortel 8 a
Toujours caresse, 4 b
Cet inestimable joyau 8 c
Sur lequel pleure Olympio 8 c
30 Dans sa tristesse ! 4 b
Et toi, mon maître, ô fier Ronsard, 8 a
Enthousiaste du doux art, 8 a
Amant d'Hélène, 4 b
Qui jadis nous émerveillais 8 c
35 Sur les roses et les œillets 8 c
De son haleine ! 4 b
Celle que je chante en ces vers 8 a
T'eût donné, sous tes lauriers verts, 8 a
Plus de délire 4 b
40 Qu'il n'en fallut pour mettre au jour 8 c
Les cent filles de ton amour 8 c
Et de ta lyre. 4 b
Car cette maîtresse aux beaux yeux 8 a
Dans un poëme harmonieux 8 a
45 N'est pas éclose, 4 b
Ni dans ton marbre, ô Phidias, 8 c
Ni dans les grands yeux de Diaz 8 c
Ivres de rose ! 4 b
C'est une femme aux yeux plus doux, 8 a
50 Vivante et qui peut, comme nous, 8 a
Dire : Je t'aime, 4 b
Mais qui sur son front sidéral 8 c
Porte le rhythme et l'idéal 8 c
Comme un poëme. 4 b
55 Ce n'est pas un rêve charmant 8 a
Qu'il faudra pleurer en fermant 8 a
Quelque cher livre, 4 b
Et cet ange aux ongles d'onyx, 8 c
Plus beau que Laure et Béatrix, 8 c
60 On le sent vivre ! 4 b
On entend, parmi le satin, 8 a
Battre son cœur sous son beau sein 8 a
Dans sa poitrine, 4 b
Les rossignols, pleins de doux chants, 8 c
65 Peuvent écouter dans les champs 8 c
Sa voix divine, 4 b
Et quand elle s'arrête au bois 8 a
Pour écouter sourdre les voix 8 a
De la nature, 4 b
70 A travers les arbres du parc, 8 c
Les Naïades admirent l'arc 8 c
De sa ceinture ! 4 b
Le soir, à cette heure de feu 8 a
Où se pâme sous le ciel bleu 8 a
75 La tubéreuse, 4 b
La Nuit humide de parfums 8 c
Se mire dans ses grands yeux bruns, 8 c
Tout amoureuse ; 4 b
Et les extases du soleil 8 a
80 Emplissent les airs d'or vermeil 8 a
Et d'harmonies, 4 b
Quand les beaux châles d'Orient 8 c
Murmurent sur son cou riant 8 c
Leurs symphonies ! 4 b
85 Car c'est pour orner ses beaux reins 8 a
Que le pays des Dieux sereins 8 a
Aux mains fleuries 4 b
Semble dans un tissu changeant 8 c
Tramer avec l'or et l'argent 8 c
90 Les pierreries ! 4 b
O beau songe ! sonnet vivant ! 8 a
Calice entr'ouvert que le vent 8 a
Jamais ne fane ! 4 b
Sa main blanche comme le lait 8 c
95 Passe à travers le bracelet 8 c
D'une sultane ! 4 b
Je vois sous les pâles duvets 8 a
Ses veines couleur des bleuets 8 a
Et des pervenches, 4 b
100 Ses ongles dignes de Scyllis, 8 c
Ses bras aussi blancs que les lys, 8 c
Ses mains plus blanches ! 4 b
Et mon âme pleine et sans fond, 8 a
D'où parfois à mon œil profond 8 a
105 Monte une larme, 4 b
Partout attirée à la fois, 8 c
Demeure tremblante et sans voix 8 c
Sous tout ce charme ! 4 b
Tels nous sentons, irrésolus, 8 a
110 De vivants désirs, qui n'ont plus 8 a
Rien de physique, 4 b
Couler en nous comme des flots 8 c
Avec le rhythme et les sanglots 8 c
De la musique. 4 b
mètre profils métriques : 8, 4
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