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BAN_3/BAN169
Théodore de BANVILLE
Les Exilés
1867
À AUGUSTE BRIZEUX
Poëte, il est fini l'âpre temps des épreuves. 6+6 a
Quitte nos solitudes veuves, 8 a
Et dors, libre et pensif, bercé par tes grands fleuves ! 6+6 a
Au milieu des brumes d'Arvor 8 a
5 Repose ! Ta chanson va retentir encor 6+6 a
Sur la lande où sont les fleurs d'or. 8 a
Heureux qui resta pur en ces âges profanes ! 6+6 a
Longtemps les jeunes paysannes 8 a
Répéteront tes vers, de Tréguier jusqu'à Vannes ! 6+6 a
10 Ton poëme, génie ailé, 8 a
Volera sur le Scorf et sur le doux Éllé, 6+6 a
Aux voix de leurs brises mêlé. 8 a
Oui, le repos est bon à l'homme qui travaille ! 6+6 a
Calme au sortir de la bataille, 8 a
15 Dors, celte aux cheveux blonds, honneur de la Cornouaille. 6+6 a
Je n'étais qu'un enfant joyeux 8 a
Lorsque tu vins, armé de l'arc mystérieux : 6+6 a
Alors je te suivis des yeux. 8 a
Et, tel que les héros à la belle chaussure, 6+6 a
20 Toi, tu lançais d'une main sûre 8 a
Les traits dont l'univers adore la blessure. 6+6 a
Savant artiste, comme moi 8 a
Tu chéris l'harmonie et son étroite loi : 6+6 a
Elle eut les trésors de ta foi. 8 a
25 Ô prodige inouï ! Magnifique mystère ! 6+6 a
Malgré ses liens, l'ode austère 8 a
S'envole, et ses pieds blancs ne touchent pas la terre. 6+6 a
Qu'un esprit saturé de fiel 8 a
Boive à sa coupe, où brille un vin substantiel, 6+6 a
30 Elle l'emporte au fond du ciel. 8 a
En vain ses préjugés aiguillonnaient ses haines. 6+6 a
C'en est fait, il n'a plus de chaînes : 8 a
Tu le sais, fils béni de la mer et des chênes ! 6+6 a
Ô Brizeux, nous pouvons mourir 8 a
35 Seuls, avant d'avoir vu les roses refleurir ! 6+6 a
Mourons sans pousser un soupir. 8 a
Amoureux du vrai bien, notre lyre sonore 6+6 a
Saluait le feu qui colore 8 a
Au lointain rougissant la merveilleuse aurore. 6+6 a
40 Nous avons frappé le vautour 8 a
Qui se gorgeait de sang dans les cœurs pleins d'amour ; 6+6 a
Nous avons crié : « c'est le jour ! » 8 a
Eh bien, que le vulgaire en ses funèbres fêtes 6+6 a
Accoure aux grandeurs qu'il a faites ! 8 a
45 Le bruit et la louange aiment les faux prophètes. 6+6 a
Nous, contents d'avoir mérité 8 a
Qu'elle n'ait pas pour nous un regard irrité, 6+6 a
Suivons la sainte vérité ! 8 a
Quand se déchirera sur le temple d'ivoire 6+6 a
50 La nuée orageuse et noire, 8 a
Elle se chargera d'éclairer notre gloire ; 6+6 a
Et, beaux de la haine du mal, 8 a
Elle nous donnera son reflet triomphal 6+6 a
Sur le seuil du ciel idéal ! 8 a
55 Mais, hélas ! Tant d'amis perdus à la même heure ! 6+6 a
Permets une fois que je pleure, 8 a
Muse ! Car le silence envahit ta demeure. 6+6 a
Ce prince parmi tes amants, 8 a
Le grand Heine périt au milieu des tourments, 6+6 a
60 Les mains pleines de diamants. 8 a
Ô déesse ! Il tomba sous le laurier insigne. 6+6 a
Puis l'ange implacable désigne 8 a
Musset pâle et sanglant, qui s'éteint comme un cygne. 6+6 a
Ô cher et sage paresseux ! 8 a
65 Et tous deux pleins de jours ! Et voici qu'après eux 6+6 a
La tourmente emporte Brizeux ! 8 a
Laisse-moi, laisse-moi le pleurer ! La nature 6+6 a
Allait bien à cette âme pure 8 a
Qui rêve maintenant sous une dalle obscure ! 6+6 a
70 Gémissez, fleuves qu'il chanta, 8 a
Terre dont la mamelle auguste l'allaita, 6+6 a
Izol, et toi riant Létâ ! 8 a
Oiseaux, feuillages, mer à la voix de tonnerre, 6+6 a
Qui jettes un cri funéraire, 8 a
75 Enchantez son sommeil : il était votre frère ! 6+6 a
Près de vous, au jour redouté, 8 a
Il se réveillera pour l'immortalité, 6+6 a
Brillant d'orgueil et de beauté. 8 a
mètre profils métriques : 8, 6+6
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