Métrique en Ligne
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C = clitique
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F = "e" féminin
| = césure
BAN_3/BAN153
Théodore de BANVILLE
Les Exilés
1867
LES TORTS DU CYGNE
Comme le cygne allait nageant 8 a
Sur le lac au miroir d'argent, 8 a
Plein de fraîcheur et de silence, 8 b
Les corbeaux noirs, d'un ton guerrier, 8 c
5 Se mirent à l'injurier 8 c
En volant avec turbulence. 8 b
« Va te cacher, vilain oiseau ! » 8 a
S'écriaient-ils. » ce damoiseau 8 a
Est vêtu de lys et d'ivoire ! 8 b
10 Il a de la neige à son flanc ! 8 c
Il se montre couvert de blanc 8 c
Comme un paillasse de la foire ! 8 b
Il va sur les eaux de saphir, 8 a
Laid comme une perle d'Ophir, 8 a
15 Blanc comme le marbre des tombes 8 b
Et comme l'aubépine en fleur ! 8 c
Le fat arbore la couleur 8 c
Des boulangers et des colombes ! 8 b
Pour briller sur ce promenoir, 8 a
20 Que n'a-t-il adopté le noir ! 8 a
Un fait des plus élémentaires, 8 b
C'est que le noir est distingué. 8 c
C'est propre, c'est joli, c'est gai ; 8 c
C'est l'uniforme des notaires. 8 b
25 Cuisinier, garde ton couteau 8 a
Pour ce Gille, cher à Wateau ! 8 a
Accours ! Et moi-même que n'ai-je 8 b
Le bec aigu comme un ciseau, 8 a
Pour percer le vilain oiseau 8 a
30 Barbouillé de lys et de neige ! » 8 b
Tel fut leur langage. À son tour 8 a
Dans les cieux parut un vautour 8 a
Qui s'en vint déchirer le cygne 8 b
Ivre de joie et de soleil ; 8 c
35 Et sur l'onde son sang vermeil 8 c
Coula comme une pourpre insigne. 8 b
Alors, plus brillant que l'Œta 8 a
Ceint de neige, l'oiseau chanta, 8 a
L'oiseau que sa blancheur décore ; 8 b
40 Il chanta la splendeur du jour, 8 c
Et tous les antres d'alentour 8 c
S'emplirent de sa voix sonore. 8 b
Et l'alouette dans son vol, 8 a
Et la rose et le rossignol 8 a
45 Pleuraient le cygne. Mais les ânes 8 b
S'écrièrent avec lenteur : 8 c
« Que nous veut ce mauvais chanteur ? 8 c
Nous savons des airs bien plus crânes. » 8 b
Il chantait toujours. Et les bois 8 a
50 Frissonnants écoutaient la voix 8 a
Pleine d'hymnes et de louanges. 8 b
Alors, d'autres êtres ailés 8 c
Traversèrent les cieux voilés 8 c
D'azur. Ceux-là, c'étaient des anges. 8 b
55 Ces beaux voyageurs, sans pleurer, 8 a
Regardaient le cygne expirer 8 a
Parmi sa pourpre funéraire, 8 b
Et, vers l'oiseau du flot obscur 8 c
Tournant leur prunelle d'azur, 8 c
60 Ils lui disaient : « bonsoir, mon frère. » 8 b
mètre profil métrique : 8
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