Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
BAN_3/BAN147
Théodore de BANVILLE
Les Exilés
1867
DIONÉ
Abattu par la roche énorme que sans aide, 6+6 a
Seul, avait soulevée en ses mains Diomède, 6+6 a
Énée était tombé sous le char de l'ardent 6+6 b
Fils de Tydée, ainsi qu'un chêne, et cependant 6+6 b
5 Que sa mère Aphrodite, au vent échevelée, 6+6 a
L'emportait mourant loin de la noire mêlée, 6+6 a
Diomède, sachant qu'elle est faible, et non pas 6+6 b
Intrépide à guider les hommes sur ses pas 6+6 b
Vers le carnage, comme Ényo destructrice 6+6 a
10 Des citadelles, dont la mort suit le caprice, 6+6 a
Poursuivit Aphrodite en son hardi chemin ; 6+6 b
Et de sa lance aiguë il lui perça la main, 6+6 b
D'où le sang précieux jaillit fluide et rose, 6+6 a
Délicieux à voir comme une fleur éclose, 6+6 a
15 Riant comme la pourpre en son éclat vermeil, 6+6 b
Et tout éblouissant des perles du soleil. 6+6 b
Car, pareils dans leur gloire à la blancheur du cygne, 6+6 a
Les dieux ne boivent pas le vin noir de la vigne. 6+6 a
Ces rois, pétris d'azur, ne mangent pas de blé, 6+6 b
20 Et c'est pourquoi leur sang, qui n'est jamais troublé, 6+6 b
Court dans leurs veines, beau de sa splendeur première, 6+6 a
Comme un flot ruisselant d'éther et de lumière. 6+6 a
Aphrodite poussait des cris, comme un aiglon 6+6 b
Furieux, cependant que Phœbos-Apollon 6+6 b
25 Cachait Énée au sein d'un nuage de flamme, 6+6 a
De peur qu'un Danaen ne lui vînt ravir l'âme 6+6 a
En frappant de l'airain ce faiseur de travaux. 6+6 b
Mais dans le char brillant d'Arès, dont les chevaux 6+6 b
S'envolèrent au gré de sa fureur amère, 6+6 a
30 Aphrodite s'enfuit vers Dioné, sa mère ; 6+6 a
Iris menait le char rapide, et secouait 6+6 b
Les rênes, et tantôt frappait à coups de fouet 6+6 b
Les deux chevaux, tantôt pour presser leur allure 6+6 a
Leur parlait, caressant leur douce chevelure, 6+6 a
35 Employant tour à tour la colère et les jeux. 6+6 b
Ils arrivent enfin à l'Olympe neigeux, 6+6 b
Et dans le palais d'ombre où sur son trône songe 6+6 a
Dioné, dans la nue où sa tête se plonge. 6+6 a
Or, lorsque sans pâlir de l'amère douleur, 6+6 b
40 Calme, et comme une rose ouvrant sa bouche en fleur, 6+6 b
Aphrodite eut montré sa blanche main d'ivoire 6+6 a
Déchirée et meurtrie et qui devenait noire, 6+6 a
La Titane au grand cœur si souvent ulcéré, 6+6 b
Planant sinistrement d'un front démesuré 6+6 b
45 Sur les cieux dont au loin la profondeur s'azure, 6+6 a
Tressaillit dans ses flancs et lava la blessure. 6+6 a
Et, rappelant ainsi des crimes odieux, 6+6 b
Elle nommait tout bas les meurtriers des dieux : 6+6 b
Hercule, nourrisson de la guerre et, comme elle, 6+6 a
50 Ivre d'horreur, blessant Hèra sous la mamelle ; 6+6 a
Éphialte, en dépit du destin souverain, 6+6 b
Mettant Arès lié dans un cachot d'airain, 6+6 b
Et l'emprisonnant, seul avec la nuit maudite. 6+6 a
Puis, prenant en ses bras la céleste Aphrodite, 6+6 a
55 Sans peine elle étendit ses membres assoupis 6+6 b
Sur des toisons sans tache et de moelleux tapis, 6+6 b
Car déjà le sommeil, né de l'ombre éternelle, 6+6 a
Roulait un sable fin dans sa noire prunelle ; 6+6 a
Et comme Dioné, redoutable aux méchants, 6+6 b
60 Se souvenait encor des invincibles chants 6+6 b
Avec lesquels, avant de subir leurs désastres, 6+6 a
Les titans conduisaient le blanc troupeau des astres 6+6 a
Soucieuse de voir la déesse frémir, 6+6 b
Elle disait ces chants sacrés pour l'endormir, 6+6 b
65 Douce et baissant la voix bien plus qu'à l'ordinaire, 6+6 a
Et les mortels croyaient que c'était le tonnerre. 6+6 a
mètre profil métrique : 6+6
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