Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
BAN_3/BAN136
Théodore de BANVILLE
Les Exilés
1867
LE SANGLIER
C'était auprès d'un lac | sinistre, à l'eau dormante, 6+6 a
Enfermé dans un pli | du grand mont Érymanthe, 6+6 a
Et l'antre paraissait | gémir, et, tout béant, 6+6 b
S'ouvrait, comme une gueule | affreuse du néant. 6+6 b
5 Des vapeurs en sortaient, | ainsi que d'un Averne. 6+6 a
Immobile, et penché | pour voir dans la caverne, 6+6 a
Hercule regarda | le sanglier hideux. 6+6 b
Les loups fuyaient de peur | quand il s'approchait d'eux, 6+6 b
Tant le monstre effaré, | s'il grognait dans sa joie, 6+6 a
10 Semblait effrayant, même | à des bêtes de proie. 6+6 a
Il vivait là, pensif. | Lorsque venait la nuit, 6+6 b
Terrible, emplissant l'air | d'épouvante et de bruit 6+6 b
Et cassant les lauriers | au pied des monts sublimes, 6+6 a
Il allait dans le bois | déchirer ses victimes ; 6+6 a
15 Puis il rentrait dans l'antre, | auprès des flots dormants 6+6 b
Couché sur la chair morte | et sur les ossements, 6+6 b
Il mangeait, la narine | ouverte et dilatée, 6+6 a
Et s'étendait parmi | la boue ensanglantée. 6+6 a
Noir, sa tanière au front | obscur lui ressemblait. 6+6 b
20 Les ténèbres et lui | se parlaient. Il semblait, 6+6 b
Enfoui dans l'horreur | de cette prison sombre, 6+6 a
Qu'il mangeait de la nuit | et qu'il mâchait de l'ombre. 6+6 a
Hercule, que sa vue | importune lassait, 6+6 b
Se dit : « je vais serrer | son cou dans un lacet ; 6+6 b
25 Ma main étouffera | ses grognements obscènes, 6+6 a
Et je l'amènerai | tout vivant dans Mycènes. » 6+6 a
Et le héros disait | aussi : « qui sait pourtant, 6+6 b
S'il voyait dans les cieux | le soleil éclatant, 6+6 b
Ce que redeviendrait | cet animal farouche ? 6+6 a
30 Peut-être que les dents | cruelles de sa bouche 6+6 a
Baiseraient l'herbe verte | et frémiraient d'amour, 6+6 b
S'il regardait l'azur | éblouissant du jour ! » 6+6 b
Alors, entrant ses doigts | d'acier parmi les soies 6+6 a
Du sanglier courbé | sur des restes de proies, 6+6 a
35 Il le traîna tout près | du lac dormant. En vain, 6+6 b
Blessé par le soleil | qui dorait le ravin, 6+6 b
Le monstre déchirait | le roc de ses défenses. 6+6 a
Il fuyait. Souriant | de ces faibles offenses, 6+6 a
Hercule, soulevant | ses flancs hideux et lourds, 6+6 b
40 Le ramenait au jour | lumineux. Mais toujours, 6+6 b
Attiré dans sa nuit | par un amour étrange, 6+6 a
Le sanglier têtu | retournait vers la fange, 6+6 a
Et toujours, l'effrayant | d'un sourire vermeil, 6+6 b
Le héros le traînait | de force au grand soleil. 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
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