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| = césure
BAN_17/BAN770
Théodore de BANVILLE
DANS LA FOURNAISE
Dernières Poésies
1892
Jours gras
Tu t'en es allé, Mardi-Gras ! 8 a
C'est toi-même, effroi des Cassandres, 8 b
Qui vers le néant émigras, 8 a
Avec le Mercredi des Cendres ! 8 b
5 Ils sont partis, les Arlequins 8 a
Dont le vieux carnaval s'honore. 8 b
Où sont les cornets à bouquins 8 a
Dont s'épouvantait l'air sonore ? 8 b
Où sont allés, tristes et las, 8 a
10 Nos Polichinelles des bouges, 8 b
Et, sous la toile à matelas, 8 a
Paillasse aux carreaux jadis rouges ? 8 b
Où, comme on se la rappelait, 8 a
Cette laitière inspiratrice 8 b
15 Qui naguère, à défaut de lait, 8 a
Nous montrait des seins de nourrice ? 8 b
Nous les avons revus encor 8 a
Et même, en quittant nos rivages, 8 b
Les hussards bleus, au bruit du cor 8 a
20 Ont fait endêver les sauvages. 8 b
Mais je n'ai pas vu le Bœuf-Gras 8 a
Et c'est vraiment ce qui me fâche. 8 b
Sans doute nous trouvant ingrats, 8 a
Cet animal a fait relâche. 8 b
25 Avec un bon air endormi, 8 a
Ce monstre doux et pléthorique 8 b
Se réfugie enfin parmi 8 a
Les figures de rhétorique. 8 b
Sous le ciel pavé de lapis 8 a
30 Le Bœuf-Gras menait son cortège, 8 b
Plus digne que le bœuf Apis, 8 a
Dans la froidure et dans la neige. 8 b
C'était le meilleur des fardeaux, 8 a
L'enfant Amour, poëme en prose, 8 b
35 Qu'il portait sur son large dos 8 a
Et qui montrait sa bouche rose. 8 b
L'Amour ! il n'était pas venu 8 a
Sur ce dos, par amour du lucre. 8 b
Il était frisé, presque nu, 8 a
40 Si joli qu'il semblait en sucre. 8 b
Devant le regard ébloui 8 a
Par ses allures militaires, 8 b
Il s'est de même évanoui, 8 a
Le régiment des mousquetaires. 8 b
45 Ils ne boivent plus de cognac 8 a
Dans la boutique familière, 8 b
Mais en revanche, Pourceaugnac 8 a
S'ébaudit encor chez Molière. 8 b
Pressé par le vil argousin, 8 a
50 Courbé comme une parenthèse, 8 b
Cet infortuné Limosin 8 a
Contre son dos serre sa chaise. 8 b
Voyant sur ses pas rassemblés 8 a
Cent médecins et leurs mystères, 8 b
55 Il reflète en ses yeux troublés 8 a
Un horizon plein de clystères. 8 b
Ébouriffé, gonflé de vent, 8 a
Trompé dans ses désirs précaires, 8 b
Il fuit éperdûment devant 8 a
60 La course des apothicaires. 8 b
Il s'enfuit, tourmenté, honni, 8 a
Assiégé par de grandes bringues, 8 b
Et l'on n'aura jamais fini 8 a
De Pourceaugnac et des seringues. 8 b
mètre profil métrique : 8
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