Métrique en Ligne
a voyelle stable
er voyelle ambigüe
e "e" masculin
e "e" féminin
e "e" élidé
e "e" ignoré
e "e" écarté
12 longueur métrique
6-6 mètre
BAN_17/BAN768
Théodore de BANVILLE
DANS LA FOURNAISE
Dernières Poésies
1892
Bûche
A quoi penses-tu, pauvre bûche ? 8 a
Dis-je à la bûche dans mon feu, 8 b
Qu'un blanc vêtement de peluche 8 a
Environnait, comme par jeu, 8 b
5 Pâlie et rouge tour à tour, 8 c
Comme une fille en mal d'amour. 8 c
La bûche répondit : Je pense, 8 a
Avec un plaisir infernal, 8 b
Que la plus douce récompense 8 a
10 Est mon habit de cardinal, 8 b
Dont l'adorable vermillon 8 c
Brille comme un rouge paillon. 8 c
Le froid noir, c'est moi qui le brave, 8 a
Car seule, en ce moment, j'ai chaud. 8 b
15 Et folle, ayant quitté la cave 8 a
Du charbonnier, sombre cachot, 8 b
Je me chauffe dans un brasier 8 c
Aussi vermeil que le rosier. 8 c
Chacun s'affuble de mitaines. 8 a
20 En proie à l'Hiver, ce bourreau, 8 b
Blanches, les muettes fontaines, 8 a
Oubliant de verser leur eau, 8 b
Avec un faste oriental 8 c
Ont de grands plumets de cristal. 8 c
25 Ne pouvant porter de voilettes, 8 a
Les messieurs tristes, dont les nez 8 b
Ressemblent à des violettes, 8 a
Regrettent parfois d'être nés 8 b
Ailleurs qu'au pays où Brazza 8 c
30 Dans l'air enflammé s'embrasa. 8 c
Quant aux femmes, trésor des hommes, 8 a
Ces languissantes Éloas 8 b
Obtiennent, pour de fortes sommes, 8 a
Des écharpes et des boas 8 b
35 Comme en a pu voir Paul de Kock, 8 c
Faits avec des plumes de coq. 8 c
Moi que, seule, contre la bise 8 a
Défend le calorique sain, 8 b
Je reste, pour qu'on me courtise, 8 a
40 Rose, comme le bout du sein 8 b
Que, parmi des touffes de lys, 8 c
Baisait le chasseur Adonis. 8 c
Je règne sur mon lit de bronze, 8 a
Princesse qu'il faut envier, 8 b
45 En mil huit cent quatre-vingt-onze 8 a
Et dans cet horrible janvier, 8 b
Car je sens dans ma braise en fleur 8 c
Deux mille degrés de chaleur. 8 c
Tout en admirant le prodige, 8 a
50 Après ce discours si complet, 8 b
Voilà qui va des mieux, lui dis-je, 8 a
Et ton éloquence me plaît. 8 b
Ta douce fierté me surprit, 8 c
Mais, bûche, as-tu beaucoup d'esprit ? 8 c
55 C'est là que je flaire une embûche. 8 a
Fût-ce un auteur du plus grand vol, 8 b
Un homme qu'on appelle Bûche, 8 a
Est rarement un Rivarol, 8 b
Et sans doute il semblerait fort 8 c
60 De le confondre avec Chamfort. 8 c
C'est bon, dit la bûche hautaine, 8 a
Qui parlait selon son humeur, 8 b
Comme parlent chez La Fontaine 8 a
Les objets quelconques, — rimeur 8 b
65 Glorieux du vin que tu bois, 8 c
Je le sais bien, je suis en bois. 8 c
Mais que de gens font des tirages 8 a
De leurs portraits coloriés 8 b
Et, pour se garer des orages, 8 a
70 Mettent des chapeaux de lauriers 8 b
Sur leurs têtes pâles d'émoi, 8 c
Qui sont aussi bûches que moi ! 8 c
20 janvier 1891.
mètre profil métrique : 8
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