Métrique en Ligne
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F = "e" féminin
| = césure
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Théodore de BANVILLE
DANS LA FOURNAISE
Dernières Poésies
1892
Fleur
Triste comme le prince Hamlet, 8 a
Guy cria d'une façon nette : 8 b
Je vois notre avenir en laid. 8 a
Qu'elle est vieille, notre planète ! 8 b
5 On y cherchera vainement 8 a
Dans peu de temps la bête fauve, 8 b
Et ce fatal événement 8 a
Se produit : elle devient chauve. 8 b
Pour plaire à nos petits-neveux, 8 a
10 Étant sans feuillage et sans marbres, 8 b
Comme on se met de faux cheveux 8 a
Elle se mettra de faux arbres. 8 b
Depuis le roi du ciel, Indra, 8 a
Tous les volcans, souffrant d'un asthme, 8 b
15 Toussent leurs poumons ; il faudra 8 a
Qu'on leur mette un grand cataplasme. 8 b
Se glaçant, par un triste jeu, 8 a
Des extrémités jusqu'au centre, 8 b
La pauvre Terre, au lieu de feu 8 a
20 A de la neige dans le ventre. 8 b
Et c'est là son moindre défaut. 8 a
Depuis que le pic la farfouille 8 b
Elle est vidée, ou peu s'en faut, 8 a
On n'aura bientôt plus de houille. 8 b
25 Quant à l'homme, drôle de corps ! 8 a
Jusqu'à ce que la mort s'en suive 8 b
Il doit écouter les accords 8 a
Des Huguenots et de la Juive. 8 b
Et tant de malheureux ont faim ! 8 a
30 Le ciel est froid, la neige est dure, 8 b
Par l'hiver qui n'a pas de fin. 8 a
Oh ! la bise dans la froidure ! 8 b
Engin cruel, affreux joyau 8 a
Que la Démence voit en songe, 8 b
35 En abominable tuyau 8 a
Le sombre acier de Krupp s'allonge. 8 b
Et les belles Illusions, 8 a
Engouffrant leurs comiques robes 8 b
Dans le ciel plein de visions, 8 a
40 Laissent l'homme en proie aux microbes. 8 b
On va sans espoir et sans but 8 a
Dans cette ombre mal habitée. 8 b
Il est temps qu'on mette au rebut 8 a
La planète désorbitée. 8 b
45 Tel Guy, sans pitié, ni merci, 8 a
Injuriait l'astre morose. 8 b
Mais comme il s'écriait ainsi, 8 a
Vint à passer la jeune Rose. 8 b
Douce, autour d'elle ruisselait 8 a
50 Comme une lumière inconnue. 8 b
Elle a seize ans tout juste, elle est 8 a
Folâtre, naïve, ingénue. 8 b
Pétrie avec un peu d'azur 8 a
Ainsi qu'un Ange, elle est de celles 8 b
55 Dont on admire le front pur. 8 a
Ses yeux d'or sont pleins d'étincelles. 8 b
Pareille au gai matin vermeil, 8 a
Elle est enfantine et superbe 8 b
Et, sous un rayon de soleil, 8 a
60 Semble un grand lys, fleuri dans l'herbe. 8 b
Regardant cette floraison, 8 a
Je dis à Guy, l'âme ravie ; 8 b
Mon ami, vous avez raison, 8 a
Elle est monotone, la vie. 8 b
65 Paris, que le songe berçait, 8 a
Comme Ecbatane et comme Tarse, 8 b
Rentre au néant tragique, et c'est 8 a
Toujours la même vieille farce. 8 b
Partout c'est — on n'en sort jamais 8 a
70 L'orgie écœurante ou le jeûne, 8 b
Et la planète est vieille, mais 8 a
Comme la jeune fille est jeune ! 8 b
mètre profil métrique : 8
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