Métrique en Ligne
a voyelle stable
er voyelle ambigüe
e "e" masculin
e "e" féminin
e "e" élidé
e "e" ignoré
e "e" écarté
12 longueur métrique
6-6 mètre
BAN_17/BAN764
Théodore de BANVILLE
DANS LA FOURNAISE
Dernières Poésies
1892
Vérité
Quoi ! vous êtes la Vérité ! 8 a
Dis-je à la déesse pensive 8 b
Qui, sans nulle sévérité, 8 a
Riait, laissant voir sa gencive. 8 b
5 Il se peut que ce soit un fait 8 a
Et que votre grâce ingénue 8 b
Porte ce nom, car, en effet, 8 a
Je vous vois nue, ou presque nue. 8 b
Comme au bout du compte, je puis 8 a
10 Croire à cette histoire un peu roide, 8 b
Peut-être sortez-vous d'un puits, 8 a
Caressée encor par l'eau froide. 8 b
Car les collines de vos seins, 8 a
Entièrement libres de voiles, 8 b
15 Manifestent leurs purs dessins 8 a
Et brillent comme des étoiles. 8 b
Vous avez, en sortant de l'eau, 8 a
Deux bras de plus que n'en possède 8 b
La grande Vénus de Milo, 8 a
20 Cette guerrière à qui tout cède. 8 b
J'admire vos robustes flancs, 8 a
Et moi, le mélodieux chantre 8 b
Des lys, je célèbre les plans 8 a
Harmonieux de votre ventre. 8 b
25 Oui, je n'ai, dit-elle, hérité 8 a
D'aucune parure connue. 8 b
Étant déesse et Vérité, 8 a
Il convient que je reste nue. 8 b
Je prends un plaisir infini 8 a
30 A perpétuer ma coutume 8 b
Et je m'y tiens, Bianchini 8 a
M'ayant dessiné ce costume. 8 b
Oui, dis-je, sur ces purs sommets 8 a
Oh ! que de neige éparpillée, 8 b
35 Frissonnante déesse, mais 8 a
Comme vous êtes maquillée ! 8 b
Comme les filles qui, la nuit, 8 a
S'en vont flirter dans quelque bouge, 8 b
Vous avez, et cela vous nuit, 8 a
40 Beaucoup trop de blanc et de rouge. 8 b
Et sans compter les traits subtils 8 a
Des crayons bleus qui font les veines, 8 b
De faux sourcils et de faux cils 8 a
Vous ornent de leurs grâces vaines. 8 b
45 Oui, dit la déesse, ma peau 8 a
A besoin d'un soupçon de rose, 8 b
Que je pose là, comme appeau. 8 a
Et pourtant, c'est bien quelque chose, 8 b
Quand il fait du soleil, je mets 8 a
50 En liberté ma toison blonde. 8 b
Et je suis la Vérité, mais 8 a
La Vérité, femme du monde. 8 b
En un milieu select, et d'où 8 a
L'Amour s'enfuit, tirant ses grègues, 8 b
55 Ainsi qu'en un gai paradou 8 a
Je folâtre avec mes collègues. 8 b
Feuilletant les divers Bottins, 8 a
Qui de jour en jour s'exagèrent, 8 b
Nous accueillons tous les potins 8 a
60 Que tant de noms épars suggèrent. 8 b
Loin du sexe laid, à l'écart, 8 a
Nous ourdissons de belles trames, 8 b
Car à cinq heures, pour le quart, 8 a
Nous prenons des thés entre femmes. 8 b
65 On a beau dire : O Jeux ! O Ris ! 8 a
O Candeur ! si je vous imite, 8 b
C'est grâce à la poudre de riz. 8 a
La poudre de riz est un mythe. 8 b
C'est de vrai blanc, du blanc de zinc, 8 a
70 Pareil à celui des actrices, 8 b
Que nous montrons aux thés de cinq 8 a
Heures. O Nymphes protectrices ! 8 b
Nos appas du temps sont vainqueurs 8 a
Et ne craignent aucune rouille, 8 b
75 Et comme on ne voit pas les cœurs, 8 a
Ni vu, ni connu, je t'embrouille ! 8 b
mètre profil métrique : 8
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