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Théodore de BANVILLE
DANS LA FOURNAISE
Dernières Poésies
1892
A Victor Hugo
Strophes récitées par C. Coquelin
A la matinée du Trocadéro
Le 26 février 1881.
Père, doux au malheur, au deuil, à la souffrance ! 6+6 a
A l'ombre du laurier dans la lutte conquis, 6+6 b
Viens sentir sur tes mains le baiser de la France, 6+6 a
Heureuse de fêter le jour où tu naquis ! 6+6 b
5 Victor Hugo ! la voix de la Lyre étouffée, 6+6 a
Se réveilla par toi, plaignant les maux soufferts, 6+6 b
Et tu connus, ainsi que ton aïeul Orphée, 6+6 a
L'âpre exil, et ton chant ravit les noirs enfers. 6+6 b
Mais tu vis à présent dans la sereine gloire, 6+6 a
10 Calme, heureux, contemplé par le ciel souriant, 6+6 b
Ainsi qu'Homère assis sur un trône d'ivoire, 6+6 a
Rayonnant et les yeux tournés vers l'Orient. 6+6 b
Et tu vois à tes pieds la fille de Pindare, 6+6 a
L'Ode qui vole et plane au fond des firmaments, 6+6 b
15 L'Épopée et l'éclair de son glaive barbare, 6+6 a
Et la Satire, aux yeux pleins de fiers châtiments ; 6+6 b
Et le Drame, charmeur de la foule pensive, 6+6 a
Qui du peuple agitant et contenant les flots, 6+6 b
Sur tous les parias répand, comme une eau vive, 6+6 a
20 Sa plainte gémissante et ses amers sanglots. 6+6 b
Mais, ô consolateur de tous les misérables ! 6+6 a
Tu détournes les yeux du crime châtié, 6+6 b
Pour ne plus voir que l'Ange aux larmes adorables 6+6 a
Qu'au ciel et sur la terre on nomme : la Pitié ! 6+6 b
25 O Père ! s'envolant sur le divin Pégase 6+6 a
A travers l'infini sublime et radieux, 6+6 b
Ce génie effrayant, ta Pensée en extase 6+6 a
A tout vu, le passé, les mystères, les Dieux. 6+6 b
Elle a vu le charnier funèbre de l'Histoire, 6+6 a
30 Les sages poursuivant le but essentiel, 6+6 b
Et les démons forgeant dans leur caverne noire, 6+6 a
Les brasiers de l'aurore et les saphirs du ciel ; 6+6 b
Elle a vu les combats, les horreurs, les désastres, 6+6 a
Les exilés pleurant les paradis perdus, 6+6 b
35 Et les fouets acharnés sur le troupeau des astres ; 6+6 a
Et, lorsqu'elle revient des gouffres éperdus, 6+6 b
Lorsque nous lui disons : Parle. Que faut-il faire ? 6+6 a
Enseigne-nous le vrai chemin. D'où vient le jour ? 6+6 b
Pour nous sauver, faut-il qu'on lutte ou qu'on diffère ? 6+6 a
40 Elle répond : Le mot du problème est Amour ! 6+6 b
Aimez-vous ! Ces deux mots qui changèrent le monde 6+6 a
Et vainquirent le Mal et ses rébellions, 6+6 b
Comme autrefois, redits avec ta voix profonde, 6+6 a
Émeuvent les rochers et domptent les lions. 6+6 b
45 Oh ! parle ! Que ton chant merveilleux retentisse ! 6+6 a
Dis-nous en tes récits, pleins de charmants effrois, 6+6 b
Comment quelque Roland armé pour la justice, 6+6 a
Pour sauver un enfant égorge un tas de rois ! 6+6 b
O maître bien-aimé, qui sans cesse t'élèves, 6+6 a
50 La France acclame en toi le plus grand de ses fils ; 6+6 b
Elle bénit ton front plein d'espoir et de rêves, 6+6 a
Et tes cheveux pareils à la neige des lys ! 6+6 b
Ton œuvre, dont le Temps a soulevé les voiles, 6+6 a
S'est déroulée ainsi que de riches colliers, 6+6 b
55 Comme après des milliers et des milliers d'étoiles, 6+6 a
Des étoiles au ciel s'allument par milliers. 6+6 b
Oh ! parle ! ravis-nous, poëte ! chante encore, 6+6 a
Effaçant nos malheurs, nos deuils, l'antique affront ; 6+6 b
Et donne-nous l'immense orgueil de voir éclore 6+6 a
60 Les chefs-d'œuvre futurs qui germent sous ton front ! 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
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