Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
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Théodore de BANVILLE
DANS LA FOURNAISE
Dernières Poésies
1892
Semper adora
O Maître de la Lyre, | aïeul, race d'Homère ! 6+6 a
Hugo, quand tu vivais | cette vie éphémère, 6+6 a
Devant le vaste flot | que seul tu remuais, 6+6 b
Tes envieux restaient | stupéfaits et muets. 6+6 b
5 Ils ne moissonnaient pas | leur haine déjà mûre, 6+6 a
Et pâles, dans leurs seins, | étouffaient leur murmure. 6+6 a
Maître, quand près de toi, | dans un repas divin, 6+6 b
Nous te parlions, mangeant | ton pain, buvant ton vin, 6+6 b
Quand nous goûtions, hélas ! | vieille troupe écolière, 6+6 a
10 Tes entretiens charmants | de bonté familière, 6+6 a
Dans notre souvenir | devenus solennels ; 6+6 b
Quand tu nous regardais | de tes yeux éternels, 6+6 b
Te garder, c'est le rêve | enivrant que nous fîmes ! 6+6 a
Eux pourtant, devant toi | vaincus, domptés, infimes, 6+6 a
15 Pleins d'une rage sourde | et remâchant leur fiel, 6+6 b
Petits, ils t'admiraient | comme un archer du ciel 6+6 b
Lançant tes flèches d'or | sur les marais immondes, 6+6 a
Ou portant dans ta main, | comme Dieu fait des mondes, 6+6 a
L'idéal grandiose | et la réalité, 6+6 b
20 Génie entré vivant | dans l'immortalité. 6+6 b
Mage qui dans les cieux | mystérieux sus lire, 6+6 a
Faisant parler, chanter, | frémir toute la Lyre, 6+6 a
Évoquant dans ta voix | les crimes, les bourreaux, 6+6 b
Les baisers, tout un peuple | effrayant de héros, 6+6 b
25 Tu nous rendais, parmi | nos pleurs et nos désastres, 6+6 a
En un tas d'odes, plus | nombreuses que les astres, 6+6 a
Les Pindares et les | Eschyles disparus, 6−6 b
Et ne pouvant plus rien | ici-bas, tu mourus. 6+6 b
Les Zoïles bouffons, | dont le front vil rougeoie, 6+6 a
30 En hurlèrent alors | de colère et de joie ; 6+6 a
Ils crièrent, montrant | leurs appétits flagrants : 6+6 b
A présent qu'il n'est plus, | nous pouvons être grands. 6+6 b
Puisqu'il prenait nos parts | d'orgueil et de lumière, 6+6 a
Brillons ! notre place est | à présent la première. 6+6 a
35 Nous serions comme lui | bientôt, si nous voulions. 6+6 b
Frères, être un berger | d'aigles et de lions, 6+6 b
Un Hugo, ce n'est pas | du tout la mer à boire : 6+6 a
C'est un peu de génie | avec un peu de gloire, 6+6 a
Et le vent de l'exil | parmi des cheveux blancs. 6+6 b
40 C'est ainsi que ces nains | heureux, jadis tremblants, 6+6 b
Exultaient. Ils disaient : | Tout doit finir, en somme. 6+6 a
Voici longtemps déjà | qu'on admire cet homme. 6+6 a
Assez. Ne suivez plus | la trace de ses pas. 6+6 b
Allons ailleurs. — Pardon, | messieurs, je n'en suis pas. 6+6 b
45 Maître, je suis un flot | parmi les flots sans nombre ; 6+6 a
Mais, depuis le matin, | j'ai marché dans ton ombre. 6+6 a
J'ai parfois réfléchi | ta lumière, et si peu 6+6 b
Que je sois, j'ai pu voir | en toi l'infini bleu. 6+6 b
Tant que je vivrai sous | les grands cieux qui se dorent, 6−6 a
50 O Père, je serai | parmi ceux qui t'adorent, 6+6 a
Fidèles, et s'il n'en | reste qu'un, je serai 6+6 b
Celui-là, plein d'amour | et le cœur ulcéré ! 6+6 b
mètre profil métrique : 6−6
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