Métrique en Ligne
a voyelle stable
er voyelle ambigüe
e "e" masculin
e "e" féminin
e "e" élidé
e "e" ignoré
e "e" écarté
12 longueur métrique
6-6 mètre
BAN_17/BAN696
Théodore de BANVILLE
DANS LA FOURNAISE
Dernières Poésies
1892
L'Enfant
C'était au Luxembourg,par un matin brûlant 6+6 a
De Juillet, le clairsoleil étincelant 6+6 a
Versait partout les feuxde ses apothéoses, 6+6 b
Jetait des taches d'orparmi les lauriers-roses 6+6 b
5 Et baignant de rayonsleurs cœurs incendiés, 6+6 a
Embrasait, furieux,les fleurs des grenadiers. 6+6 a
De beaux enfants jouaient,montrant leurs jambes nues, 6+6 b
Gais, sérieux, ouvrantleurs bouches ingénues, 6+6 b
Et la course faisaitvoler dans l'air vermeil 6+6 a
10 Leurs cheveux frémissants,blonds comme le soleil. 6+6 a
Les beaux petits gaonset les petites filles 6+6 b
Jouaient à la madame,à la toupie, aux billes. 6+6 b
Ceux-ci, vite, emplissaientà la pelle des seaux 6+6 a
De sable, ou bien faisaientvoltiger les cerceaux, 6+6 a
15 Ou se disputaient, fouset prompts à la riposte. 6+6 b
D'autres couraient ensembleet jouaient à la poste, 6+6 b
Faisant voler au ventleur petit cotillon. 6+6 a
L'un était le cheval,l'autre le postillon, 6+6 a
Et leurs petits amisavaient grand'peine à suivre 6+6 b
20 Les claquements du fouetet les grelots de cuivre. 6+6 b
Tous, douces fleurs, charmanteaurore du présent, 6+6 a
Allaient se bousculant,se battant, se baisant, 6+6 a
Et leurs grands yeux emplisd'espoir et de chimères 6+6 b
Faisaient s'épanouirles sourires des mères, 6+6 b
25 Et tout n'était que joieinfinie à l'entour. 6+6 a
Mais, ô rêve ! ô sinistreenchantement du jour ! 6+6 a
Comme s'il t cachéd'invisibles désastres, 6+6 b
Il sembla que l'azur, sommeillent les astres, 6+6 b
S'allumait, et dans l'airfluide et paresseux, 6+6 a
30 Les spectres de midi,plus effrayants que ceux 6+6 a
De la nuit, au milieudes rayons apparurent, 6+6 b
Foules qui lentements'enflèrent et s'accrurent, 6+6 b
Flottant dans la lumièreet l'éblouissement ; 6+6 a
Et dans le lointain clairs'ébauchaient vaguement 6+6 a
35 Ces fantômes gardantleur sinistre posture, 6+6 b
Teints des couleurs du prismeet de la pourriture. 6+6 b
C'était le Meurtre ayantdans la main son couteau, 6+6 a
Le Vol, cachant des sacspleins d'or sous un manteau, 6+6 a
L'Usure avec des mainsfaites comme des serres, 6+6 b
40 La Débauche rianteau sein rongé d'ulcères, 6+6 b
L'Avarice veillantauprès d'un coffre ouvert, 6+6 a
L'Ivresse avec son verreempli du poison vert, 6+6 a
La Colère acharnéeà de hideux sévices, 6+6 b
Et toute la cohorteinnombrable des Vices 6+6 b
45 Et des vils Appétitsrepus et triomphants. 6+6 a
Et tous, en regardantles beaux petits enfants, 6+6 a
Disaient : Vous serez lesacteurs des sombres drames, 6−6 b
Les vivants. Vous serezdes hommes et des femmes, 6+6 b
Nés de la fange, parle désir entrnés, 6−6 a
50 Abjects, vains ; c'est pourquoivous nous appartenez. 6+6 a
Ivres et furieux,vous chercherez vos joies 6+6 b
Dans la chair pantelante,et vous êtes nos proies. 6+6 b
Mais un frisson d'horreurdans leur foule courut 6+6 a
Et tranquille, parmiles enfants apparut, 6+6 a
55 Avec une douceuramie et reposée, 6+6 b
Pareil au chaste lysque baigne la rosée, 6+6 b
Un enfant couronnéd'épines, que ceignait 6+6 a
Une blanche auréole,et dont le front saignait. 6+6 a
Devant son clair regard,aussi doux que les baumes, 6+6 b
60 S'enfuirent, éperdus,les livides fantômes, 6+6 b
Les Vices, les Fureurs,les sanglants Appétits, 6+6 a
Et lui, le chaste Enfant,tandis que les petits 6+6 a
Le regardaient sans peurde leurs yeux téméraires, 6+6 b
Il leur disait : Jouezen paix, mes petits frères. 6+6 b
mètre profil métrique : 6−6
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